Publié le 16 déc. 2023
CAROLINE TOUZIN
À l’unité 44 de l’hôpital Rivière-des-Prairies où il vit depuis près de deux ans, Jonathan se sent « en enfer ». Les autres patients ne parlent pas. Ils hurlent. Lui, c’est un enfant de 10 ans dans un corps d’homme au comportement explosif. Or, l’État n’a rien de mieux à lui offrir. Seule lueur dans ce sombre récit : le soutien indéfectible d’avocats de l’aide juridique.
Au bout du fil, des cris de détresse enterrent la voix de Jonathan*.
Comme chaque jour, Véronique Fortin prend de ses nouvelles.
Aujourd’hui, l’avocate de l’aide juridique a de la difficulté à l’entendre tellement les hurlements d’un autre patient de l’unité 44 sont puissants.
Si elle appelle Jonathan, ce n’est pas pour lui parler de sa cause. C’est qu’elle a peur qu’il se tue ou qu’il s’en prenne à quelqu’un.
L’avocate l’encourage à tenir bon. À appliquer ses trucs pour gérer ses émotions.
Avec trois de ses collègues de l’aide juridique, ils se sont juré de tout faire en leur pouvoir pour améliorer son triste sort.
Jonathan est un « enfant de la DPJ » devenu un adulte inapte à s’occuper de lui-même. Le jeune homme de 31 ans, qui vit avec une déficience intellectuelle, est sous curatelle publique. C’est la raison pour laquelle on ne peut pas l’identifier dans ce reportage.
Il est un enfant de 10 ans dans un corps d’homme, selon une psychiatre qui l’a évalué.
Ses parents, qui ont aussi une déficience, n’ont jamais été capables de s’occuper de lui. Il a un grave trouble de comportement, en plus d’un trouble d’attachement.
Depuis près de deux ans, Jonathan vit à l’unité 44 de l’hôpital Rivière-des-Prairies, faute de mieux. Cela devait être une solution temporaire. Il y est toujours.
Ici, il est le seul des huit résidants de l’unité à être capable de parler. Impossible de créer des liens avec les autres, des cas plus lourds.
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