LEDEVOIR
Jean Forest et Pierrette Maltais 27 février 2023
SUISSE
Nous sommes de la génération qui a voté pour ceux et celles qui « autrefois ont eu l’impulsion d’élever très haut l’esprit des Québécois », comme l’a exprimé Odile Tremblay dans une chronique récente. Cela vous situe par rapport à notre âge.
Et le psychiatre Camille Laurin a été, avec quelques autres, un de ces visionnaires qui se sont battus bec et ongles pour que les malades mentaux puissent vivre dignement et bénéficier réellement des soins dont ils ont besoin pour pouvoir s’intégrer dans la société.
Trente-quatre ans de vie avec des schizophrènes, les quatrième et cinquième enfants de notre famille, nous permettent de témoigner des souffrances qu’ils ont dû endurer et endurent encore hélas alors que leur santé est, depuis leur adolescence, entre les mains des psychiatres. Nos jumeaux ont aujourd’hui 48 ans et voici leur parcours.
Des années volées
En 1989, à l’âge de 15 ans, l’un est victime d’une psychose sévère suivie d’une hospitalisation de trois mois à l’Allen Memorial de Montréal. L’autre manifeste, presque en même temps, ses premiers signes de la maladie. Tous deux sont alors suivis par des psychiatres.
Notre famille vit alors à Montréal. Environ deux ans plus tard, nous choisissons de nous installer dans la baie des Chaleurs, entre autres pour leur éviter de vivre leur maladie en ville et, il faut bien l’écrire, de courir le risque qu’ils deviennent des itinérants.