Par Benjamin Keltz, Richard Schittly, Stéphanie Wenger, Julia Pascual et Claire Ané Publié le 16 décembre 2022
A Paris, Rennes, Strasbourg ou Lyon, un nombre croissant de personnes, dont des enfants, se retrouvent à la rue faute de solutions de mise à l’abri.
« Je veux du pain et du chocolat. » Un petit garçon, la morve au nez, les yeux pleins de larmes. Il répète : « Je veux du chocolat. » Il a 6 ans et, ce soir de décembre, par − 2 degrés, il réclame à sa mère un goûter, quand celle-ci avale une soupe populaire. Son petit frère de 2 ans grelotte à côté. Place de l’Hôtel de ville, à Paris, tous les soirs, une centaine de personnes en famille se présentent à l’association d’aide aux migrants Utopia 56, dans l’espoir de trouver un abri d’une nuit chez un particulier ou sous une tente.
Parmi eux, Fatim Sacko, 19 ans, Moussa Bamba, 23 ans, et leur fille de 4 mois. Ce couple de Guinéens a une demande d’asile en cours. Mais comme leurs empreintes ont été enregistrées en Espagne, pays par lequel ils sont entrés en Europe, le règlement de Dublin considère qu’ils relèvent de la responsabilité de cet Etat. La France ne leur garantit pas d’hébergement au titre de leur demande d’asile. Sans solution, ils appellent « tous les jours le 115 [le numéro d’urgence pour les personnes sans-abri] mais la ligne est occupée ».