institut histoire et lumières de la pensée
Photo @Luc Facchetti
Présentation de la rencontre
Sous l’effet d’un usage toujours plus radical du concept d’ « identité de genre », le sujethumain, que la science occidentale avait pensé sous les catégories du biologique, du socialet du psychique, se voit progressivement menacé d’amputation de sa dimension biologique.La prise en compte de la « différence biologique des sexes » dans la caractérisation du sujetne serait, à en croire ses critiques, qu’une opération de maintien de l’ordre social etreproductif dominant, un ordre nourri de significations imaginaires et de pratiquessymboliques assurant la domination des hommes sur les femmes et des pratiques «hétéronormées » sur les sexualités minoritaires. Cet ordre, il serait urgent d’en déconstruire les attendus si nous voulons entrer de plain-pied dans le monde nouveau, celui des subjectivités libérées et des identités multiples librement associées par le sujet lui-même.C’est donc en toute bonne foi que, confronté à l’effervescence de la pensée du sujet libre et émancipé de ses attaches biologiques, l’observateur de l’évolution des sociétés occidentales s’interroge, un brin narquois tout de même :
« La différence des sexes existe-t-elle encore ? »
Nul n’ignore, bien sûr, que le sexe est culturellement construit et que si l’ « arrangement sexuel » (Erving Goffman) diffère d’une société à l’autre, cette diversité ne remet pas en cause la dichotomie elle-même, universellement représentée dans les différentes sociétés humaines. Mais l’hypothèse d’universalité autorise-t-elle à affirmer que la différence dessexes conserve la validité théorique que la science occidentale lui a attribuée dans lacaractérisation de l’être humain ? Faut-il déceler au contraire, dans cette affirmation, leferment idéologique d’une science délibérément normative ? Et, du coup, la différence des sexes existe-t-elle vraiment ?
Un anthropologue et deux historiens ouvrent le débat.
Lire la suite ...