par Marie Klock, envoyée spéciale à Sète et à Vielsalm (Belgique)
publié le 18 août 2022
Un formidable brouet cuit à gros bouillons au Miam, le Musée international des arts modestes de Sète, et ce ne sont pas les quatre murs de cet ancien chai à vin qui l’empêcheront de se déverser sur le monde. Un fumet puissant s’en dégage : ça sent bon la liberté. On l’avait senti jusqu’en Seine-Saint-Denis, où une déambulation à travers les locaux de Mains d’œuvres pour le festival Sonic Protest nous avait permis de découvrir l’énigmatique Barbara Massart toute de laine cagoulée, placardée au mur grandeur nature. Un peu plus loin, Frémok, attablé derrière ses dernières parutions, nous aidait à relier les fils. Barbara vit et tricote dans les Ardennes belges, son atelier se trouve à la «S» – la quoi ? – la «S», comme la lettre, un lieu où travaillent et se côtoient des artistes avec et sans handicaps mentaux, d’ailleurs des œuvres issues de la S sont exposées en ce moment à Sète, dont le catalogue de l’expo, édité par Frémok. C’est le signal qu’attendait le lettrage de la couv pour lancer l’assaut et venir se planter dans notre œil telle une armée de singes multicolores évadés du cirque Pinder. A leur suite, jaillissant des pages, un cortège comme on n’en avait jamais vu : Barbara, pioche à la main, mais aussi des catcheurs, les Dupondt, Sylvester Stallone, la Vierge Marie, des étuis péniens, une cité de carton, un crocodile à pois, des gueules dissymétriques, cortège bruyant, chamarré, disparate, qui nous attire irrésistiblement dans son sillage.