Lise Abou Mansour Publié le 13/07/21
MA TÊTE ET MOI Les garçons souffrant d’anorexie sont moins diagnostiqués que les filles, notamment en raison du tabou et de la méconnaissance autour de ce trouble alimentaire chez les hommes
- « Ma tête et moi », c’est le programme mensuel de 20 Minutes, consacré à la santé mentale des jeunes.
- Le but de ce rendez-vous : comprendre certaines pathologies mentales grâce aux témoignages de jeunes concernés, et tenter de trouver des solutions pour aller mieux.
- Dans ce septième numéro, on parle de l'invisibilisation des garçons souffrant d'anorexie, un trouble alimentaire qui survient majoritairement à l'adolesence, et de leur difficulté à être diagnostiqués.
Après des années d’entraînement acharné, Thomas se fait virer de son centre de formation de football. L’adolescent de seize ans qui se rêvait joueur professionnel se réfugie dans le sport qu'il pratique à outrance. Il court et pousse de la fonte trois à cinq heures par jour et commence à supprimer le gras de son alimentation. Le garçon maigrit et se renferme sur lui. Ni son entourage, ni ses médecins ne décèlent les symptômes de l’ anorexie. Pourtant, il en coche toutes les cases. Thomas n’est pas un cas à part : ce trouble alimentaire est plus difficilement décelé chez les hommes. Ce diagnostic tardif peut avoir des conséquences dramatiques.
Contrairement aux autres troubles des conduites alimentaires (TCA), les garçons sont moins concernés par l’anorexie que les filles. Ils représentent 10 % des personnes souffrant de cette pathologie. « Les troubles alimentaires surviennent sur des vulnérabilités psychogénétiques (psychiques, biologiques, hormonales) et celles-ci concernent davantage les femmes », explique Corinne Blanchet, médecin à la Maison de Solenn-Hôpital Cochin-APHP et vice-présidente de la Fédération Française Anorexie Boulimie ( FFAB). « Le facteur environnemental, avec les injonctions à la minceur qui pèsent davantage sur les filles, doit aussi être pris en compte. » Mais le chiffre de 10 % serait sous-évalué selon la médecin car le diagnostic est plus difficile à poser chez la gent masculine.
Un excès de sport caractéristique
« Près d’un garçon sur deux qui souffre d’anorexie présentait un surpoids ou une obésité avant l’épisode anorexique », précise Corinne Blanchet, avant de rappeler que ce trouble alimentaire est multifactoriel. Pour eux, tout commence par un régime, qui peut paraître légitime aux yeux de l’entourage ou des médecins. « Sauf que ce régime s’emballe et c’est l’entrée dans l’anorexie. » C’est le parcours qu’a vécu Luca, 22 ans, ancien petit garçon « rond ». Pour s'« améliorer physiquement », il augmente sa cadence sportive et se met à manger plus sainement. « Progressivement j’ai trouvé du réconfort dans le fait de maigrir ». A 14 ans, il perd vingt kilos en quatre mois.
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