Publié le 1er mai 2021
TRIBUNE
Auteur de l’expertise initiale du meurtrier de la retraitée, et seul à avoir conclu à l’altération et non à l’abolition de son discernement, le psychiatre Daniel Zagury estime, dans une tribune au « Monde », que l’arrêt de la Cour de cassation peut permettre de faire avancer le droit sur l’irresponsabilité des sujets, qui, pour l’instant, repose sur des facteurs très aléatoires.
[Psychiatre honoraire des hôpitaux, Daniel Zagury est l’auteur du premier rapport d’expertise établi en septembre 2017 sur la personnalité de Kobili Traoré, meurtrier de Sarah Halimi, défenestrée le 4 avril 2017. Il est le seul expert à avoir conclu à l’altération et non à l’abolition de son discernement]
Tribune. L’affaire Sarah Halimi n’a pas été un fait divers, mais un véritable séisme. Mon intention n’est pas de me justifier, ou de répondre aux nombreuses interventions médiatiques de mes collègues à propos des expertises psychiatriques de l’auteur des faits. Je dirai simplement que les contradictions entre experts ne concernent pas les dimensions proprement médicale et scientifique, puisqu’il y a unanimité sur le diagnostic de « bouffée délirante aiguë ». Le débat porte sur les domaines médico-légal et juridique.
Quelles conséquences tirer de ce diagnostic ? Au demeurant, le rapport entre les points de vue est beaucoup plus partagé qu’il n’a été dit (sept experts et une seule conclusion d’altération). J’ai en effet conclu à l’altération du discernement. Devant l’évidence, le deuxième collège d’experts a reconnu, lors de l’audience publique de la chambre de l’instruction, que le diagnostic de schizophrénie sur lequel reposait son raisonnement était erroné. Dont acte pour son honnêteté.