Paris, le samedi 3 avril 2021 - Cela aurait pu être une promotion fantastique en faveur de la vaccination : et si l’injection devenait un passeport pour la liberté et le retour des jours heureux ?
La requête déposée par un retraité de 83 ans était pourtant une perche tendue à la plus haute juridiction administrative. Le requérant, qui réside dans l’un des départements (à l’époque !) concerné par les mesures de « freinage renforcés » dénonçait dans un recours une atteinte à la liberté d’aller et venir.
Plus précisément, il demandait « la suspension de l’exécution du décret du 19 mars 2021 (…) en tant qu’il s’applique aux personnes vaccinées, celles-ci n’entrant pas dans la liste des exceptions permettant de déroger à l’obligation de rester chez soi ».
Quelques semaines après avoir conduit le gouvernement à assouplir les conditions de vie au sein des maisons de retraite, le Conseil d’État rejette la demande formulée.
Précaution excessive pour les vaccinés ?
Pour la plus haute juridiction administrative, les mesures mises en place par le gouvernement sont dictées par « la nécessité de freiner la diffusion du virus » par les personnes, en limitant les interactions sociales le plus possible et de protéger la population « notamment les personnes les plus vulnérables à raison de leur âge aussi longtemps que des mesures de prévention ou de soin ne sont pas disponibles ».
Les débats ont été l’occasion aux parties d’exposer leurs arguments scientifiques sur cette question fondamentale. Ainsi, dans le cadre d’une note en délibéré, le requérant a produit une étude semblant indiquer que la possibilité pour les personnes vaccinées de transmettre le virus serait faible. Toutefois, malgré cette étude (et d’autres allant dans le même sens), la juridiction estime que cet élément « ne suffit pas à ce stade à démontrer, au regard de l’accélération de l’épidémie, que seul le respect des gestes barrières par les personnes concernées suffirait à limiter suffisamment la participation à la circulation du virus de celles qui en serait porteuses ».
En 1971, 343 Françaises osaient révéler dans un texte révolutionnaire qu’elles avaient avorté. Aujourd’hui, le droit à l’IVG est bien installé mais reste précaire, compliqué notamment par le délai de 12 semaines et la double clause de conscience des médecins.
Manifestation à Paris pour le droit à l’avortement, le 20 novembre 1971, quelques mois après la publication du Manifeste des 343. (AFP)
Un coup d’œil dans le rétro permet de réaliser le chemin parcouru. Il y a cinquante ans paraissait dans le Nouvel Observateur un texte sous forme de big bang : le célèbre Manifeste des 343, ces 343 Françaises qui osaient clamer qu’elles avaient eu recours à l’avortement. Des célébrités – Simone de Beauvoir, Catherine Deneuve, Marguerite Duras – et des anonymes réunies dans un même combat, celui pour la légalisation de cet acte alors passible de prison. Un acte qui, parce qu’il était interdit, était pratiqué sous le manteau, à coups de cintres et d’aiguilles à tricoter, rythmé par les septicémies, les hospitalisations et, dans le pire des cas, les décès.
Cette réalité, fort heureusement, appartient au passé. On dénombre chaque année plus de 200 000 avortements en France et une femme sur trois y a recours dans sa vie. Reste que le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), «n’est pas tranquille, il faut constamment le défendre», alerte Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes.
La course aux vaccins pour éradiquer le Covid-19 a montré qu'il existait non pas un seul type de vaccin, mais bel et bien plusieurs façons de créer une réponse immunitaire pour affronter le SARS-Cov-2. Mais comment fonctionnent, plus précisément, ces vaccins ? France Culture fait le point.
Pfizer/BioNTech, Moderna, AstraZeneca, Johnson & Johnson ou encore Spoutnik V et Sinovac... Face au Covid-19, la liste des vaccins est longue : plus de 20 vaccins ont été créés ou sont en cours de développement. Mais ces vaccins semblent aussi plus complexes que les vaccins “traditionnels”. Voilà maintenant venus les vaccins à ARN, les vaccins à ADN, les vaccins recombinants ou encore les vaccins à vecteurs viraux… Que signifient, au juste, ces différentes dénominations ?
Nous devons absolument rattraper notre retard" dans le domaine de la psychiatrie et de l'autisme, a lancé vendredi Emmanuel Macron en visitant un centre de dépistage des jeunes autistes près de Grenoble, l'une des innovations du plan autisme lancé en 2018.
"Sur la santé mentale, c'est un immense chantier sur lequel la France avait historiquement pris du retard. L'épidémie (du Covid-19) a ralenti sa mise en oeuvre mais elle l'a aussi rendu encore plus nécessaire et nous conduit à prendre des choix plus radicaux", a insisté le chef de l'Etat.
Ce film frôle le quotidien de Damien et Nicolas Delmer dans l’intimité de leurs combats contre une maladie génétique.
Au fil des thérapies lourdes, des longues journées passées à se battre pour mieux survivre, nous nous interrogeons sur la capacité de notre société à ouvrir la voie à la possibilité légale, si souhaitée par le malade, de mettre fin au supplice permanent sans espoir de guérison. Au-delà des mots, les témoignages vécus, les opinions médicales, sociétales et politiques nous interpellent: la dépénalisation de la “mort douce” ne reposerait-elle pas, en définitive, sur une légitimation pleine et entière de nos libertés fondamentales ?
par Elsa Maudet et photos Denis Allard publié le 1er avril 2021
En prévision d’une nouvelle fermeture des structures d’accueil de la petite enfance, les parents réfléchissent à l’organisation idéale. Petit tour d’horizon à Argenteuil, dans le Val-d’Oise, entre chômage partiel et cure de vitamines.
Devant l'entrée d'une crèche d'Argenteuil, dans le Val-d'Oise, le 1er avril. (Denis Allard/Libération)
Grâce aurait aimé un poil plus d’anticipation. «Je comprends qu’il faille faire un effort, mais on aurait voulu être averti avant. On est un peu pris de court pour s’organiser», juge cette assistante export, maman d’un petit garçon de 2 ans et demi, accueilli en crèche à Argenteuil (Val-d’Oise). Comme tout le monde, cette trentenaire a appris mercredi soir de la bouche d’Emmanuel Macron que les crèches allaient fermer pour trois semaines, en même temps que les établissements scolaires. Pour gérer ce changement de programme, elle compte avancer ses vacances et faire «un peu de chômage partiel».
Les responsables du service des urgences psychiatriques du CHRU de Besançon (Doubs) alertent sur la détresse psychologique des jeunes en cette période de crise sanitaire. Les admissions d’adolescents y ont été multipliées par 4 ces derniers mois.
Face à la détresse psychologique des jeunes en cette période de crise sanitaire, les professionnels de santé s’inquiètent des difficultés de prise en charge. Au CHRU de Besançon (Doubs), les services psychiatriques seraient saturés alors que les admissions d’enfants et adolescents ont été multipliées par 3 à 4, rapporte mercredi 31 mars France 3 Bourgogne-Franche-Comté.
Vingt lits devraient fermer pour six mois à l’hôpital psychiatrique de Rennes. Ces 20 fermetures provisoires sont liées au départ de deux médecins psychiatres. Elles s’ajoutent aux 30 lits déjà supprimés en un an, alerte la CGT.
L’hôpital Guillaume Régnier (CHGR), hôpital psychiatrique de Rennes va donc fermer 20 lits de mai à novembre 2021. En cause, le départ de deux médecins psychiatres, selon Rodolphe Verger, infirmier sur le site et secrétaire général de la CGT.
Ces fermetures devraient n’être que temporaires grâce à l’arrivée de nouveaux médecins psychiatres en fin d’année. Mais elles viennent allonger la longue liste des suppressions de lits puisque 30 places ont déjà disparu en un an au sein de cet établissement.
"On pousse les murs en permanence"
Un paradoxe en temps de Covid, pour le secrétaire général de la CGT, quand on sait que cette pandémie a un effet dévastateur sur le mental de la population. "C’est toujours tendu, on ajoute des lits dans des chambres pour accueillir de nouveaux arrivants. On pousse déjà les murs en permanence", explique Rodolphe Verger.
Alors que le Premier ministre a annoncé le 18 mars dernier de nouvelles mesures restrictives pour freiner la progression de l'épidémie de Covid-19, Répliques propose une analyse des conséquences de la pandémie et des choix politiques qui ont été fait. Qu'en est-il de l'expérience de la maladie ?
Voici plus d'un an déjà que le monde vit au rythme que lui impose le coronavirus. L'état d'urgence sanitaire se prolonge, les confinements se succèdent, malgré l'ouverture de vaccinodromes, une troisième vague se profile. En France, mais aussi dans des pays aussi peu chamailleurs que l'Allemagne ou la Hollande, les gens n'en peuvent plus. Cette lassitude est multiforme, on se plaint pêle-mêle de l'inefficacité des gouvernants et des mesures autoritaires qu'ils prennent pour enrayer les contaminations. On incrimine simultanément cette foutue maladie et les restrictions des libertés.Pour essayer d'y voir plus clair, j'ai invité aujourd'hui Jean-Pierre Le Goff, qui publie La société malade, et Jean-Pierre Dupuy, qui fait paraître ses pensées par temps de pandémie sous le titre La catastrophe ou la vie. Et c'est sur le mot de "catastrophe" que portera ma première question ; qu'est-ce qui est catastrophique ? Est-ce la pandémie elle-même ? Est-ce la politique brouillonne menée contre cet ennemi retors et invisible ? Est-ce l'ordre sanitaire instauré en réponse à un virus certes très contagieux, mais dont la létalité est inférieure à 0,5 % ?
Quotidiennement, des émissions radiophoniques réunissent les fidèles amateurs de rigolade, mais parfois le rire s’impose de lui-même. Comment le comique contestataire et transgressif s’est-il fait entendre sur les antennes ? Existe-t-il un humour spécifiquement radiophonique ?
Le 1er janvier 1955, Louis Merlin lance la radio Europe N°1. Il met en place un "Petit manuel du parfait M.J.", comprendre meneur de jeu : "Le meneur de jeu est un soleil. Le speaker est une lune. Le speaker est un monsieur en col raide à coins cassés qui s’adresse à des auditeurs en corps de chemise. C’est pour cela que ces derniers ne se sentent pas à l’aise avec lui. Le meneur de jeu s’assied à la table de l’auditeur, sur le bras du fauteuil de l’auditrice (ce qu’il ne veut pas dire qu’il soit débraillé ou discret). Il est "l’ami de la maison". Le speaker s’adresse d’une voix puissante à ses "chers-z-auditeurs". Le meneur de jeu parle à l’oreille de ses confidents. Le speaker s’écouter parler, le meneur de jeu se fait écouter". Le Tribunal des flagrants délires, Signé Furax, ou encore Les Grosses têtes, l’humour est consubstantiel de l’histoire radiophonique : quand le rire s’empare de la radio, les ondes se gondolent ! (Xavier Mauduit)
La radio s’impose comme un média de masse dès l’entre-deux-guerres. Les présentateurs et autres animateurs y délivrent des informations concernant la météo, la bourse ou l’actualité, alors que le reste de l’antenne est dédiée aux causeries et aux pièces radiophoniques. La présence de l’humour est résiduelle et elle se résume bien souvent aux performances fantaisistes des chansonniers ou à quelques feuilletons comiques signés Pierre Dac. Au cours des décennies suivantes, les progrès technologiques de la radiodiffusion permettent aux animateurs de se défaire d’une diction très lente et d’une articulation exagérée. Le ton est plus léger, la voix plus chaude, et la connivence avec l’auditeur devient une composante essentielle du son radiophonique. En Mai 68, avec la libération des mœurs et l’essor d’une culture jeune, l’humour entre de plain-pied sur les ondes. Les humoristes comme Coluche, Thierry le Luron ou Pierre Desproges deviennent des vedettes populaires. L’humour se fait plus insolent, plus spontané, sans pour autant renoncer à une certaine écriture dans les sketchs.
Le début des années 1980 marque aussi l’apparition des radios libres. Des stations comme Carbone 14 privilégient l’esprit de bande et les animateurs osent un humour libertaire, transgressif, qui ne s’interdit aucune thématique. Le rire devient un élément central de la culture radiophonique, les interventions des humoristes-vedettes et de leurs bandes marquent un rendez-vous quotidien immanquable pour des millions d’auditeurs. Comment le rire s’est-il peu à peu imposé comme une composante majeure du son radiophonique ? L’humour des ondes est-il plus transgressif que les autres formes de rire médiatique ?
Marie-Paule Kieny, virologue, présidente du Comité Vaccin Covid-19, explique les faiblesses des stratégies vaccinales en Europe et ailleurs dans le monde.
Marie-Paule Kieny en 2016. (Pierre Albouy/Reuters)
Immunisation des enfants, rythme de production… L’ancienne sous-directrice générale de l’OMS Marie-Paule Kieny passe en revue les obstacles à surmonter et fustige «le repli sur soi [qui a] caractérisé la réponse à la crise dans beaucoup de pays».
Comment jugez-vous le rythme de la vaccination en Europe ?
Malheureusement, le rythme de vaccination à ce jour est encore trop lent, en raison d’une contrainte très importante au niveau des approvisionnements. Un certain nombre de producteurs, en particulier AstraZeneca, livrent beaucoup moins que ce qu’ils avaient promis. Il va donc falloir être patient encore pendant quelques semaines, avec des perspectives d’accélération significative puisque nous attendons beaucoup plus de doses à partir du mois d’avril. Nous sommes en train de vivre quelque chose d’inédit. Une vaccination mondiale seulement quinze mois après l’apparition d’une maladie, cela n’a jamais été fait.
Il y a six mois, quand les vaccins étaient en cours de développement, on se disait que si on avait un vaccin efficace à 50 %, ce serait déjà bien. Finalement, il en existe plusieurs et très efficaces. C’est une situation idéale et pourtant, cela n’avance pas. Comment l’expliquer ?
C’est tout simplement qu’il n’y a pas que les Français et les Européens qui cherchent à avoir des vaccins ! Les Américains sont les premiers servis. Ils ont payé beaucoup et pas seulement depuis le début de la pandémie. Par exemple, Novavax et Moderna ont profité du soutien financier de la Barda [un bureau du département de la Santé et des Services sociaux des Etats-Unis, ndlr] depuis plusieurs années afin de mettre au point les plateformes vaccinales qu’ils utilisent maintenant pour la Covid-19. Il y a une antériorité de l’investissement américain. Et puis il ne serait pas éthique que l’Europe s’arroge la totalité des vaccins disponibles.
Alors qu’une troisième vague pandémique se profile, Emmanuel Macron annonçait hier une nouvelle fermeture des écoles, des collèges et des lycées,plaçant encore au premier plan la question de la contamination des adultes par les jeunes. Interrogé sur France Inter, Gilles Pialoux, chef de service à l’hôpital Tenon, s’insurgeait il y a quelques jours contre ce poids psychologique mis sur la jeunesse en temps de Covid. « Quel est l’impact, pour les adolescents, de se sentir responsable d’un cluster familial ? », demandait-il. Avant de répondre lui-même : « On l’a vécu, nous, dans des familles. C’est compliqué ».
En France, la prescription du cannabis thérapeutique demeure exceptionnelle, comparativement à certains de ses voisins européens ou aux Etats-Unis. Pour quelles raisons ?
Plusieurs pays en Europe et certains États américains autorisent la prescription de cannabis, dans le cadre du traitement de diverses pathologies, notamment pour prendre en charge les douleurs chroniques, les spasmes liés à la sclérose en plaques, les nausées ou le manque d'appétit associé au VIH-SIDA ou à certains cancers... Cependant, en France, le cannabis thérapeutique est prescrit de manière très exceptionnelle. Une expérimentation a été lancée ce mois-ci. Quelles sont les propriétés médicales du cannabis ? Sous quelle forme utiliser le cannabis thérapeutique ? Y a-t-il un risque d’addiction ? Existe-t-il des obstacles à sa prescription en France ?
« La Matinale » vous propose un choix d’ouvrages destinés aux jeunes lecteurs. Au fil des pages, ils découvriront, entre autres, une girafe à cinq pattes, un oranger vengeur ou encore des dinosaures dans un jardin.
LA LISTE DE LA MATINALE
Essentielles. Si les librairies le sont au regard des règles sanitaires en période de confinement, les lectures pour jeunes enfants le sont tout autant, en temps de pandémie. Au casting de notre sélection (quasi) mensuelle d’albums jeunesse récemment sortis : un papa en enfer, des girafes à cinq pattes, des géants désopilants, des savants et des espions en herbe, un oranger vengeur, un chien sans nom et pas mal d’autres bestioles et de protagonistes.
« Papa aux enfers » : bric-à-brac démoniaque
Un jour, Papa est parti. Non pas pour aller acheter des clopes et ne plus jamais revenir, mais c’est tout comme. Dans la lettre qu’il a laissée aux enfants, il explique avoir suivi des petites traces qui menaient à la cave après avoir découvert que sa cafetière avait mystérieusement disparu. Aspiré par un miroir magique, le voilà bientôt sur le dos d’un dragon en peluche, errant au milieu des « enfers » – une suite d’étages thématiques, tous plus répugnants : le supermarché, le stade, le musée, le restaurant, l’école, la bibliothèque…
D’étranges objets et de non moins effrayantes créatures peuplent une douzaine de doubles pages baroques, conçues sur le mode d’un « cherche et trouve ». L’imagination débridée de l’auteur, Léon Maret, invite à dénicher des éponges en langue de chèvre, des statues d’hommes invisibles, des saucisses aux Cotons-Tiges ou des clochards milliardaires. Les ombres de Lewis Carroll, Winsor McCay et Sigmund Freud planent au-dessus de ce bric-à-brac méphistophélique. Frédéric Potet
« Papa aux enfers », de Léon Maret. Editions 2024, 32 p. Dès 5 ans.