Publié le 31/03/2021
Alors que la troisième vague épidémique est arrivée sur la France, la santé mentale des enfants et des adolescents est de plus en plus préoccupante. A Besançon, les demandes d'accompagnement et de soins psychologiques et psychiatriques des plus jeunes explosent. Explications.
Certains médecins, psychiatres et psychologues en parlent depuis plusieurs mois déjà. La France traverse, en même temps que la crise sanitaire, une crise psychiatrique importante. Les esprits sont mis à mal, chez les personnes en âge d'appréhender les enjeux actuels, mais aussi chez les plus jeunes. Depuis quelques semaines, les professionnels de santé alertent les autorités sanitaires sur une situation de plus en plus préoccupante. Les enfants et les adolescents subissent de plein fouet la crise et développent de plus en plus de troubles du comportement. “On a une explosion des demandes et des passages aux urgences ou en hospitalisations” nous explique Sylvie Nezelof, cheffe du service psychiatrie infanto-juvénile du CHRU de Besançon.
Aux urgences psychiatriques, les admissions d’enfants et adolescents ont été multipliées par 3 à 4. “On a beaucoup de crises suicidaires jusqu’à des passages à l’acte mais aussi des pathologies anxio-dépressives ainsi que des troubles du comportement. Les troubles du comportement alimentaires ont également été multipliés par 2 à 2,5 mais nous sommes en train d’analyser les chiffres” détaille Sylvie Nezelof, tout en précisant que les services psychiatriques subissent eux aussi une saturation.
"On passe des heures à chercher un lit d’hospitalisation"
Ces constatations sont partagées par Angèle Consoli, pédopsychiatre à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière et désormais membre du Conseil scientifique. “Quand un adolescent doit être hospitalisé parce qu’il y a un risque suicidaire majeur, par exemple, et qu’on passe des heures à chercher un lit d’hospitalisation pour finir par dire à ses parents que le jeune doit rentrer chez lui parce qu’on n’a pas de place, c’est particulièrement préoccupant et source de tensions pour nous, et assez douloureux” a expliqué récemment la pédopsychiatre sur France Inter. A noter qu’en temps normal, le suicide est l'une des cinq causes les plus fréquentes de décès chez les adolescents.
D’ailleurs, les jeunes en détresse, quelle que soit leur pathologie, ne sont pas toujours connus des équipes soignantes. “Il y a un certain nombre de jeunes qu’on ne connaissait pas avant, qui n'étaient pas suivis” confirme Sylvie Nezelof, du CHU de Besançon.