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Frédéric Brenon Publié le 12/10/20
SOCIAL Une médiation va débuter mardi à Paris pour tenter de trouver un accord entre les grévistes et la direction
Le conflit s’enlise et les portes de la clinique du Parc restent closes. L’établissement privé de santé, installé rue Paul-Bellamy à Nantes, est paralysé depuis quatre semaines par un conflit social. La majorité du personnel (50 salariés) mène une grève afin d’obtenir une revalorisation des salaires et de « meilleures conditions de travail ». Les négociations n’aboutissant pas, la clinique, spécialisée en psychiatrie, a dû, chose exceptionnelle, être vidée de ses patients il y a quinze jours. Ces derniers ont été renvoyés chez eux ou transférés vers d’autres établissements.
« Notre revendication principale porte sur 100 euros nets de revalorisation salariale. Les propositions de la direction sont diluées dans des primes ou avantages que tous les salariés ne percevront pas. Ce n’est pas satisfaisant », regrette Fanny, l’une des porte-parole des grévistes.
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Alors que plusieurs régions canadiennes subissent de plein fouet une deuxième vague de Covid-19, l’Association canadienne pour la santé mentale sonne l’alarme : de nombreux Canadiens ont des idées suicidaires. L’organisme presse les autorités à agir.
Stephanie Belding déclare à Radio-Canada avoir ressenti “un sentiment de perte” lorsque les autorités sanitaires de Toronto ont exhorté les gens à limiter leurs contacts pour juguler l’augmentation des cas de Covid-19. Noah Witenoff raconte au diffuseur avoir organisé des événements virtuels pour des amis qui étaient seuls comme lui, mais il avoue désormais que ces contacts en ligne sont insuffisants sur la durée :
Je ne pense pas que je pourrais faire un deuxième confinement seul.”
Plus d’un quart des Canadiens vivent seuls, souligne encore Radio-Canada, et “pour certains d’entre eux, la perspective de revenir aux appels sur Zoom et autres médias sociaux est particulièrement décourageante”.
Les statistiques du plus récent rapport de l’Association canadienne pour la santé mentale sur le sujet sont éloquentes : 1 Canadien sur 20 a des idées suicidaires. De plus, 44 % des femmes et 32 % des hommes voient leur santé mentale décliner. L’association bénévole appelle d’ailleurs à la “création d’un plan de rétablissement à long terme sur la santé mentale et le Covid-19”.
La présidente de l’organisme, Margaret Eaton, a déclaré au site iPolitics qu’avec le retour des enfants en classe et des adultes au travail les gens sont anxieux. Notant que les appels de détresse auprès de centres de santé mentale ont monté en flèche au pays en août, elle dresse un constat :
À certains égards, les gens se sentent plus mal qu’au début de la pandémie. L’inconfort de ne pas savoir quand cela prendra fin… tout en mettant leur vie en attente [fait des ravages].”
Il ne faudrait pas croire que ça n’arrive qu’aux autres et que jamais, qui que nous soyons, nous ne puissions un jour tomber dans le piège. Il y a d’abord, parmi les innombrables victimes, celles qui sont les plus vulnérables, tout à coup confrontées à un aléa de la vie : perte d’un être cher, perte d’emploi, séparation conjugale, mal-être, maladie, etc. En réalité, personne n’est à l’abri du piège.
Les charlatans ne se limitent plus à attraper des personnes en état de faiblesse. Les victimes se comptent tout autant parmi les personnes parfaitement équilibrées et pleinement insérées dans la société. Un sondage commandé par le service d’information du gouvernement à l’institut Ipsos, en septembre 2016, a révélé que 20% des Français connaissent dans leur entourage au moins une victime de dérives sectaires dont la grande majorité est de nature thérapeutique, ce qui représente le nombre impressionnant de quinze millions d’individus. Comment en serait-il autrement quand le marché mondial des médecines complémentaires et alternatives a été estimé, en 2017, à 316 milliards d’euros?
D’ailleurs, il suffit d’observer l’activité soutenue des tribunaux et des cours d’assises qui condamnent régulièrement des fake doctors pour homicide involontaire, non-assistance à personne en danger, mise en danger d’autrui, exercice illégal de la médecine et de la pharmacie, abus frauduleux de l’état de faiblesse…
Rien ne semble plus pouvoir contenir l’explosion des offres dites « alternatives » ou « complémentaires », celles que l’autorité sanitaire qualifie de « pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique » (PNCAVT).
L’Organisation mondiale de la santé les définit comme un « ensemble de pratiques de santé qui ne font pas partie de la tradition du pays même, ou ne sont pas intégrées à son système de santé dominant ».
Pour le Parlement européen, ce sont « toutes les pratiques thérapeutiques non fondées sur les données actuelles de la connaissance scientifique et/ou sur des travaux de méthodologie rigoureuse et contrôlée, effectués par des expérimentateurs indépendants de tout intérêt lucratif quelconque ».
En France, le Groupe d’appui technique (GAT) rattaché au ministère de la Santé retient essentiellement trois critères : les PNCAVT sont exclues de la formation initiale du professionnel de santé; elles ne sont pas prises en charge par l’Assurance maladie; elles ne font pas l’objet d’études cliniques rigoureuses.
Brut
24 septembre 2020
En Inde, un groupe scolaire propose une scolarité unique aux filles, de la maternelle à la terminale. Ce sont les écoles Pardada Pardadi.
Dans l’État indien de l’Uttar Pradesh, les écoles Pardada Pardadi offrent aux jeunes filles une éducation scolaire gratuite et unique, de la maternelle à la terminale. Les établissement sont localisés dans la ville d’Anupshahr et comptaient 1.600 élèves en 2019. Chaque élève reçoit du matériel d'étude, des uniformes, de quoi payer le transport, trois repas par jour, des serviettes hygiéniques et des services de santé d'une valeur d'environ 40.000 roupies (soit 465 euros).
La Pardada Pardadi Educational Society (PPES) est créée en 2000 par Virendra Singh. Avant de revenir dans sa ville natale d’Anupshahr, il est ingénieur aux États-Unis. À son retour, il se donne pour mission de scolariser les filles de son village, une tâche plus difficile que prévue. Finalement, une étude menée en 2014 montre que les élèves de Pardada Pardadi ont un taux de présence moyen de 85 %, contre 62 % pour les filles des autres écoles en Uttar Pradesh.
Les écoles versent une indemnité aux collégiennes et lycéennes. Elles reçoivent 15 roupies (soit 0.17 euro) par jour de présence. Ainsi, les établissements apportent une aide financière aux familles des élèves afin qu’elles poursuivent leur scolarité. Par ailleurs, ils travaillent avec des familles à faibles revenus et la majorité des élèves inscrites sont issues de communautés musulmanes, les castes inférieures indiennes.
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Laurence Devillairs publié le
Dans la nuit du 27 au 28 octobre 1910, Tolstoï, alors âgé de 82 ans, prend la fuite. Il rêve d'une autre vie, loin de sa femme, de sa famille, de son domaine et de ses habitudes. Cette fugue s’achève tristement, dans le froid glacial de la gare perdue d’Astapovo. Mais toutes les fuites ne finissent pas mal. Il y a au contraire du bon à vouloir prendre la tangente. Une sagesse, même : celle des anachorètes et autres ermites du désert, qui tournent le dos au monde et à ses tentations pour mieux le sauver et se sauver eux-mêmes.
Fuguer peut aussi être un art, celui auquel consentent les génies qui s’isolent pour mieux restituer le monde en phrases et en idées. Ce n’est pas la vie qu’alors on fuit, mais ses mondanités et ses futilités, tous ce small talk et ces soirées qui détournent de l’essentiel : « Le grand nombre d’amis et de parents que je ne pouvais me dispenser de voir dérobaient tout mon temps et mon loisir à ces études, qui font mon bonheur », enrage Descartes, pour qui la vraie vie est de philosopher, pas de se disperser.
Fuir pour trouver ailleurs du plus intense. Car Descartes le souligne, il ne fuit pas par peur mais par goût de la vie – une vie centrée sur ce qui compte, et non plus comme dérobée à elle-même : « Et ainsi pendant que vous n’aurez point de mes nouvelles, vous croirez toujours, s’il vous plaît, que je vis, que je suis sain, que je philosophe, et que je suis passionnément. »
Fuir également ce qui enracine pour s’offrir de la marge et du mouvement. Ne plus être arrimé à ce qu’on est mais se désencombrer de celui qu’on a fini par être, et qu’on est contraint de rester. C’est alors la tactique de Montaigne que l’on choisit d’adopter, cet art de la glisse qui permet de vivre sans s’appesantir : « Il faut un peu légèrement et superficiellement couler sur ce monde. Il faut glisser sur lui. » (Essais, III, chapitre 13)
Catherine Portevin publié le
Qui suis-je ? Cette énorme question a mobilisé depuis 2012 un programme de recherches interdisciplinaires. Le résultat de ses travaux, édité sous l’égide du philosophe des sciences Jean Gayon (mort en 2018) avec les contributions d’Antonine Nicoglou, de Gaëlle Pontarotti, de François Villa et de Jonathan Weitzman, sous le titre L’Identité. Dictionnaire encyclopédique (Folio Essai, Gallimard), tient en 846 pages en format poche à la portée de toutes les bourses.
De l’ADN à la Voix, en passant par l’Anonymat, le Clone, le Changement, l’Essence, le Genre, l’Inconscient, l’Immunité, les Papiers d’identité, le Personnage, le Queer, la Race… tout y est. Et cette multiplicité d’approches (philosophie, sciences de la nature et médecine, psychanalyse et neurosciences, littérature et sciences du langage) a, au fond, quelque chose de rassurant à l’heure où l’identité devient une obsession autant collective qu’individuelle. Car cette notion, si difficile à définir dans toutes les disciplines, devient fascinante lorsqu’on en découvre les mouvements et les nuances. Une certitude : l’identité n’est pas fixe !
Qu’est-ce que l’identité ?
Si on ne me demande pas ce qu’est l’identité, je le sais, si on me le demande, je ne le sais plus. L’expérience de pensée dite du « bateau de Thésée » est citée par plusieurs auteurs du Dictionnaire encyclopédique et structure les pistes de réflexion. Elle est utilisée par les philosophes depuis l’Antiquité et s’inspire de la légende de Thésée, parti d’Athènes en bateau pour combattre le Minotaure. À son retour, le navire serait resté dans le port d’Athènes, chaque pièce étant remplacée à l’identique au fur et à mesure de son vieillissement. Plusieurs siècles plus tard, le bateau est flambant neuf comme lors de l’embarquement de Thésée, mais sans aucune de ses planches d’origine. Est-ce encore le bateau de Thésée ? « Aussi les philosophes, dans leurs disputes sur la nature des choses qui s’augmentent, citent-ils ce navire comme un exemple du doute, et soutiennent-ils, les uns qu’il reste le même, les autres qu’il ne reste pas le même » (Plutarque, Vie des hommes illustres). Il découle de ce paradoxe (le bateau qui est et n’est pas le même) deux grands sens de l’identité, repérés dans différents domaines : l’identité-distinction et l’identité-persistance.