Relatée dans un article publié en ligne le 3 septembre 2020 dans la revue Cortex, c’est l’histoire d’un Néerlandais de 29 ans, victime huit ans auparavant d’une atteinte cérébrale sévère. Il s’était étouffé en avalant un morceau de viande. Son cerveau avait alors été privé de sang et d’oxygène. Suite à cette hypoxie/ischémie cérébrale, le patient est enfermé dans un mutisme et présente une absence de motricité volontaire et une apathie. Il présente ce que les neurologues appellent un trouble sévère de l’éveil.
Pour être maintenu éveillé, ce patient doit être stimulé sur les plans auditif et tactile. Le scanner cérébral n’a pas révélé de lésions structurelles. En d’autres termes, aucune anomalie anatomique n’est visible à l’imagerie du cerveau, permettant d’expliquer l’atteinte neurologique sévère.
Après un séjour en soins intensifs et dans un service de neurologie, le patient est transféré dans une maison de repos sans qu’un diagnostic précis n’ait pu être établi.
Huit ans plus tard
Huit années s’écoulent sans qu’aucune amélioration sur le plan neurologique ne soit observée chez ce patient. Jusqu’au jour où le Dr Hisse Arnts, neurologue au Centre médical universitaire d’Amsterdam et possédant une expérience dans les troubles de l’éveil, prend en charge ce patient et entreprend de le réexaminer sur le plan neurologique afin de tenter d’améliorer son état.
Le patient a alors 37 ans. Il passe ses journées les yeux ouverts mais n’a pas de mouvement volontaire (akinésie) et ne parle pas spontanément (mutisme). Il ne manifeste pas d’émotions, est incontinent et ne peut initier les mouvements nécessaires pour manger ou boire tout seul. Il parvient néanmoins à répondre à des questions en faisant quelques mouvements mais avec un retard de quelques secondes et en présentant un trouble de la coordination motrice (ataxie) et une rigidité musculaire.
Confiné au fauteuil
Malgré le fait d’avoir une conscience intacte, le patient est si sévèrement handicapé qu’il reste confiné dans son fauteuil roulant et reste totalement dépendant pour toutes les activités quotidiennes, en particulier pour s’alimenter. Il reçoit une nutrition entérale, une solution nutritive parvenant dans le tube digestif par l’intermédiaire d’une sonde. Ce patient mutique, ne bougeant que très peu et restant au fauteuil, présente ce que l’on appelle un mutisme akinétique.
C’est alors, avec le consentement de la famille, que la neurologue qui le prend en charge décide d’administrer au patient une seule dose de 10 mg d’un somnifère (zolpidem, Stilnox®). Cette dose, qui correspond à la prise d’un comprimé, est celle qui entraîne un effet sédatif chez un sujet sain (non atteint d’une lésion cérébrale).