Philomag vous propose chaque semaine une sélection d’articles parus dans la presse française et étrangère. Des articles qui nous ont surpris, questionné, dérangé. L’occasion de découvrir de nouveaux points de vue sur le monde et les événements qui font l’actualité.
Au programme, cette semaine : une attaque en règle contre les pseudo-rationalistes, une analyse des régimes autoritaires contemporains dans le sillage de Napoléon, un plaidoyer pour la libération animale, une enquête sur les mille visages de la colère, une plongée dans la pensée aztèque, et une invitation à la pansexualité.
- La raison a-t-elle perdu le combat contre les tenants de la post-vérité et les partisans sceptiques, zététiciens ou conspirationnistes de la « pseudo-science » ? Avons-nous abandonné l’héritage des Lumières, celui de l’esprit critique et de la disputatio entre pairs ? C’est ce que déplorent les physiciens Bruno Andreotti et Camille Noûs en ouverture du dernier numéro de la revue d’histoire et d’anthropologie des sciences Zilsel. Ils plaident pour la réhabilitation d’une véritable éthique des sciences qui « permette la séparation claire, sur la base des normes de probation scientifiques, entre barnum médiatique et controverse savante, entre bateleurs de plateaux de télévision et universitaires. »
Pourquoi c’est d’actualité ? Parce que, de la crise climatique aux questions bioéthiques en passant par le développement des nouvelles technologies, la question de la vérité en science est plus urgente que jamais.
- Trump, Orbán, Erdoğan… « Le fascisme est-il de retour » ? Oui, si l’on en croit bon nombre de médias et d’hommes politiques. La réalité est plus complexe, souligne l’historien américain David A. Bell sur Eurozine (en anglais). Le fascisme fait en effet référence à une réalité politique très particulière, sans commune mesure avec les évolutions politiques que nous connaissons aujourd’hui. Pour l’auteur, les dérives autoritaires contemporaines relèvent plutôt du « césarisme » ; elles s’inscrivent dans la lignée de Napoléon plus que d’Hitler.
Pourquoi c’est stimulant ? Parce que pour faire face à la confusion du présent, l’histoire est une ressource précieuse. Elle nous permet de clarifier la pensée, et de préciser les concepts politiques que nous mobilisons parfois sans faire l’effort de les comprendre. « Fasciste », qui est aujourd’hui une insulte plus qu’une catégorie de pensée, en est le meilleur exemple.
- Faut-il libérer notre représentation de l’orientation sexuelle des catégories rigides d’hétérosexualité et d’homosexualité ? Le futur est-il à la pansexualité (comprendre : l’attirance érotique pour autrui indépendamment de son genre « mais aussi de son âge, de sa corpulence, de sa couleur de peau ») ? C’est la question que pose le philosophe libano-américain Raja Halwani dans un essai (en anglais) publié sur la revue en ligne Quillette. Il ne s’agit en aucun cas de forcer les gens à déconstruire leur orientation ; cependant, dans les faits, la pluralisation contemporaine du genre conduit à un certain flottement des identités, et laisse entrevoir la possibilité que, ponctuellement, de plus en plus d’individus fassent une entorse à leurs préférences affirmées.
Pourquoi ça vaut le détour ? Parce qu’il n’est pas si courant que les philosophes abordent la question de la sexualité ! Et surtout de pouvoir lire, sur ce sujet brûlant, une position aussi argumentée que nuancée.