REPORTAGE Autrefois associé à des rites de fertilité, le Kanamara matsuri (festival du pénis de fer) à Kawasaki suit un déroulé immuable. Des dizaines de milliers de personnes assistent à la procession de divinités incarnées dans des phallus géants. Depuis dix ans, un tourisme massif et un mercantilisme grivois se sont greffés à l’événement.
Ce dimanche 5 avril 2020, dans un bâtiment octogonal d’un bois sombre, un rituel codifié se déroule en silence, comme chaque année depuis 1977. Il est environ 10 heures, dans ce quartier ancien de Kawasaki, vaste cité industrielle située en bordure sud de Tokyo. Le petit temple shintoïste Kanayama est d’ordinaire interdit aux curieux. Mais ce jour est celui du matsuri, la célébration annuelle des divinités locales, et une trentaine d’invités ont pris place.
Un homme apparaît dans un somptueux kimono liturgique. Ses cheveux de jais sont surmontés d’un petit bonnet de cérémonie, son pantalon couleur pourpre indique un rang important. Il serre devant sa poitrine un sceptre rituel. Ce kannushi (« pasteur shinto ») s’appelle Hiroyuki Nakamura, et il préside à la cérémonie, assisté de deux femmes – sa mère et sa sœur. La seconde, Hisae, entonne des incantations après s’être inclinée devant l’autel.
Un officiant vêtu de blanc agite devant lui une baguette de bénédiction, avant de brûler des ex-voto dans un four sacré. Une odeur de cyprès flotte autour des invités, tous masqués contre le Covid-19, qui déposent, en offrande, des branches d’un arbre sacré.
*Pédiatre, Lyon ; **Puéricultrice, association Courlygones, Villeurbanne ; ***Pédiatre, Lyon
Le nombre des consultations non programmées et médicalement injustifiées dans les structures d’urgence augmente. L’association Courlygones réalise une régulation en amont. Pour cela, elle a élaboré des algorithmes de réponse destinés aux parents et accompagnants d’enfants. Dans ce contexte, ces préconisations téléphoniques sont délivrées par des infirmiers et puéricultrices spécifiquement formés, via le SAMU C15. En 2017, le suivi des appelants montrent que 92,4 % se conforment aux recommandations.
Le nombre des consultations hospitalières ne cessent d’augmenter et il convient de redonner une place « raisonnée » aux consultations dites « d’urgence ». Par ailleurs, les parents parviennent de moins en moins à évaluer le niveau de gravité des symptômes et réclament très souvent une réponse rapide à leur inquiétude. Nos travaux à Lyon sur la consultation téléphonique pour les enfants en situation d’urgence (ressentie ou réelle), entrepris depuis 2002 reposent sur le constat de la saturation des services d’urgences pédiatriques par des pathologies ne justifiant pas toujours – loin s’en faut – le recours à des plateaux techniques hospitaliers. C’est pourquoi, au cours de toutes ces années, plusieurs fiches de conseils, destinées principalement aux parents et accompagnants, ont été rédigées grâce à la collaboration de professionnels de santé et de parents. Depuis 2005, ces derniers peuvent aussi consulter un site internet, régulièrement mis à jour, et contacter une plateforme téléphonique pour bénéficier de conseils standardisés et validés
La majeure partie de la saturation des services d’urgence, hospitaliers ou libéraux, s’explique par l’afflux toujours plus important de consultations non programmées vers ces structures(2). Malgré des efforts d’organisation et une augmentation de l’offre, on constate un accroissement quasi parallèle des « besoins exprimés » : le nombre de passages dans les différentes filières d’urgence pour enfants est en constante augmentation. Les services d’accueil d’urgence initialement dédiés à la prise en charge des patients les plus gravement atteints, sont devenus, pour l’essentiel, des centres de soins primaires de type consultations non programmées et ne justifiant pas, médicalement, la mobilisation d’un plateau technique aussi sophistiqué. Ce phénomène n’est pas seulement coûteux en termes de temps et de moyens, mais surtout il peut compromettre les modalités de prise en charge des « vraies urgences » au niveau de l’accueil et de la disponibilité des personnels. D’après un rapport récent de la Cour des comptes(3), l’augmentation de la fréquentation des services d’urgences n’est pas liée à une dégradation globale de l’état de santé de la population,
puisque 20 % seulement de ces visites aux urgences débouchent sur une hospitalisation, les autres patients retournant à domicile après examen. La pédiatrie n’échappe pas à cette évolution : au cours de la première année de vie de leur enfant, 48 % des parents ont recours, au moins une fois, à l’un ou l’autre des dispositifs d’urgence(4) . Sur le Rhône, on enregistre en 2017, près de 85 000 passages au SAUP (service d’accueil des urgences pédiatriques) de l’hôpital Femme-Mère-Enfant à Bron (Lyon).
Autonomie avec élargissement du rôle propre notamment, revalorisation, meilleure représentation, ratio infirmiers/patients... L'Ordre national des infirmiers a communiqué ce matin ses propositions émises dans le cadre du Ségur de la santé.
"L'évolution de la profession infirmière est nécessaire pour permettre à l'usager du système de santé de recevoir les soins les plus efficients, tout en conservant le lien social et l'humanité qui caractérisent la prise en charge infirmière", estime l'ONI.
Plus grande autonomie des infirmiers
Un des enjeux prioritaires, selon l'ONI, est d'élargir les compétences des infirmiers et de développer leur autonomie, pour une meilleure prise en charge des patients.
"Cet enjeu est valable quel que soit le mode d'exercice (libéral ou salarié) et quel que soit le domaine d'action (en établissement sanitaire, médico-social, psychiatrie, infirmier au travail, infirmier scolaire", indique l'instance.
Au diapason des récentes mobilisations antiracistes, la comédie aussi puissante que subversive de et avec Jean-Pascal Zadi sort ce mercredi. Dotée d’un casting de stars embarquées dans leur propre rôle, elle passe militantisme, communautarisme et questions identitaires au crible d’une dérision étincelante.
Le racisme touche toutes les couches de la société et tous les secteurs. La médecine n'est pas épargnée. Avant la sortie ce mercredi du film "Tout simplement noir", des médecins ont accepté de raconter au micro de France Culture ce qu'ils subissent de la part de leurs propres patients.
"Vous êtes brancardier, aide-soignant ?" Depuis qu'il a commencé à travailler il y a dix ans, Johan n'a souvent pas le temps de se présenter. Souvent, les patients lui attribuent une fonction qui n'est pas la sienne. "J'entre pourtant avec la blouse, le stéthoscope, le badge avec écrit chef de service mais pour eux je ne suis pas médecin", explique le jeune praticien de 34 ans.
Il faut dire que pour une partie non négligeable de sa patientèle être noir et médecin n'est pas compatible. "Il y a toujours ce côté manque de légitimité parce que dans leurs représentations, je ne corresponds pas à l'image qu'ils se font d'un médecin ou d'un chef de service."
Quand il était jeune remplaçant, il lui est arrivé de voir des patients quitter le cabinet en découvrant son visage dans la salle d'attente. Sans forcement que des mots soient prononcés, il sent bien que la couleur de sa peau pose parfois problème. Il sait aussi que pour ses collègues aides-soignantes ou infirmières, le racisme est plus frontal, d'abord du fait de leur place dans la hiérarchie mais aussi parce qu'elles sont des femmes.
Tout -ou presque- se passe comme si la pandémie n'existait plus en France métropolitaine. Pourtant, l'organisation mondiale de la santé parle d'"accélération" de l'épidémie et le demi-million de morts est atteint. Dès lors que la pandémie n'est plus visible sous nos yeux alors elle n'existe plus ?
Malgré les alarmes de l'organisation mondiale de la santé sur une "accélération" de l'épidémie, en France métropolitaine nous parlons de la pandémie au passé, ou presque. Est-ce un tort ? La vie reprend, les frontières rouvrent…
Pourtant, la situation est dramatique sur le continent américain. Les États-Unis ont recensé 39 379 nouveaux cas de Covid-19 en vingt-quatre heures, selon un dernier bilan publié dimanche 5 juillet par l’université Johns-Hopkins. Plus proche de nous, En Espagne, des reconfinements ont été décidés localement en Catalogne ou en Galice notamment.
Comment circule encore le virus ? Qu’est-ce-que cela dit de nos frontières quelles soient corporelles, nationales, continentales, mentales ou sociales ?
Corps-frontière
La pandémie ignore beaucoup des frontières qui nous sont habituelles, elle a ses propres frontières. La première, c'est le corps, l'enveloppe du corps. La dernière c'est le monde dans toute sa dimension planétaire. Entre les deux, il y a ce qu'on appelle les clusters qui sont des réseaux de relation. De ce point de vue, l'anthropologie est très proche de l'épidémiologie. C'est intéressant de prendre conscience que les frontières peut-être les moins visibles, mais les plus réelles, sont justement celles que nous imposent la pandémie. Michel Agier
En conseillant un jeune poète en 1903, Rainer Maria Rilke a écrit un monument de philosophie, un manuel spirituel. Voici comment il peut vous guider vous aussi sur le chemin de l’écriture, et de l’existence, alors que sont lues ses "Lettres à un jeune poète" dans le cadre d'un "Rêve d'Avignon".
L’immense poète que deviendra Rilke n’a que 28 ans quand il commence à répondre à Franz Kappus, 17 ans, poète en herbe et cadet à l’école militaire que Rilke avait désertée quelques années plus tôt. Rilke lui envoie dix lettres en cinq ans depuis Paris, où il est secrétaire de Rodin, depuis la Suède, Rome, des alentours de Brême, où il ne cesse d’écrire. Dix petits traités de philosophie pratique, dix méditations sur la solitude, l’amour, la création.
Leçon 1 : assumez votre sexualité
Jean-Yves Masson : La thématique de la sexualité est extrêmement importante parce que dans ses lettres, on voit bien qu’écrire, être poète, ce n’est pas un métier, c’est une façon d’être, d’abord. C’est un certain rapport au monde, à soi-même, et à la vie. Et Rilke a des réponses extraordinairement modernes pour son époque, où il dit que l’énergie sexuelle et l’énergie créatrice, c’est la même.
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Leçon 2 : donnez votre vie pour écrire
Jean-Yves Masson : Rilke lui dit : “Si vous pensez que vous pouvez continuer à vivre sans écrire, n’écrivez pas”. Rilke dit : “Si on répond 'non, je n’en mourrai pas', alors on n’a pas le droit d’écrire.” Donc vous voyez, c’est quand même très exigeant. C’est évidemment son cas. L’écriture l’a sauvé du suicide, ou en tout cas d’un naufrage psychique très très grave.
Au moment où le « Ségur de la santé » s’achève, cinq collectifs se sont associés pour lancer un appel à la tenue d’un « Atelier de travail et de réflexion démocratique et populaire » pour la refondation du service public hospitalier. Chercheurs en science sociale et soignants s'unissent pour réinvestir les collectifs de soin et inventer une « gouvernance » démocratique.
Au moment où le « Ségur de la santé » s’achève sur une note amère et qu’il laisse sans réponses des questions essentielles sur le devenir du service public hospitalier, cinq collectifs se sont associés pour lancer un appel à la tenue d’un « Atelier de travail et de réflexion démocratique et populaire » pour la refondation du service public hospitalier. A l’origine de cet appel : le Collectif Inter-Hôpitaux, les Economistes Atterrés, le Collectif Inter-Urgences, le Printemps de la Psychiatrie et les Ateliers Travail et Démocratie entendent s’atteler à recueillir la parole de celles et ceux qui ont traversé la crise sanitaire, soignants comme soignés, et à travailler à la fois à concevoir et conforter des collectifs de soin plus autonomes et à œuvrer pour la mise en place d’une autre gouvernance de l’hôpital public.
L’appel initial a reçu le soutien tant de collectifs de soignants ou de patients, que d’associations citoyennes engagées dans la défense ou la refondation du service public en santé. Ainsi ont notamment rejoint l’initiative AIDES, La Coordination Nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et Maternité de Proximité, l’Appel des appels, l’association HumaPsy. Ce sont aussi joints à l’appel la coordination nationale des Pas sans nous, l‘Institut de Psychodynamique du Travail.
Suite à la nomination de Jean Castex au poste de Premier ministre, le syndicat Sud santé de l’Établissement public de santé mentale de Gourmelen dénonce une volonté gouvernementale de « détruire l’hôpital public ».
Le syndicat Sud santé de l’Établissement public de santé (Epsm) mentale de Gourmelen dénonce la volonté du gouvernement de détruire l’hôpital public et le soin en général . Ce lundi 6 juillet 2020, Jean Castex a été nommé Premier ministre. Le syndicat pointe du doigt la responsabilité de l’homme politique dans la crise actuelle que traversent les hospitaliers.
Tous les maux dont se plaignent les soignants aujourd’hui, à l’occasion du Ségur de la santé, ont une origine. Et au départ, c’était Jean Castex, le promoteur de la réforme T2A, celui qui a été à la manœuvre pour introduire la notion d’objectif dans l’hôpital et une rationalisation des coûts , explique le communiqué.
A l’hôpital, et singulièrement en psychiatrie, les soignants doivent « gérer leurs émotions » et s’engager « ni trop, ni trop peu » dans la relation thérapeutique. Cette injonction suggère qu’il serait périlleux et non professionnel de s’impliquer. Pourtant les capacités émotionnelles du soignant sont essentielles dans la relation thérapeutique
Les situations temporaires d’incapacité de discernement en psychiatrie posent la question des directives anticipées. Devant leur faible prévalence, une forme innovante de déclaration anticipée a vu le jour : le « Plan de crise conjoint ».
Par Pascale Ferrari, infirmière spécialiste clinique[1] et maître d’enseignement[2] ; Caroline Suter, paire praticienne en santé mentale[2] ; Mathilde Chinet, sociologue, responsable de projets[3] ; Laura Elena Raileanu, professeure et responsable du Groupe HE&E[4]
Les directives anticipées concernent majoritairement les situations de fin de vie mais elles peuvent s’avérer d’une grande utilité pour pallier aux situations temporaires d’incapacité de discernement en psychiatrie. Elles contribuent à maintenir une certaine forme de contrôle par l’usager sur son traitement en cas d’incapacité, de même qu’à soutenir son processus d’empowerment. Malgré les avantages de ces dispositions, la prévalence de leur élaboration reste faible en raison de la complexité de la démarche [5].
Déclarations anticipées nouvelle formule
La dénomination plan de criseconjoint (PCC) apparaît dans la littérature au fil des années 90. Plus synthétique et d’un abord plus facile car impliquant nécessairement un partenariat soignant-soigné dans son élaboration, le PCC est issu du mouvement de self-help et d’advocacy des usagers des services de santé mentale au Royaume-Uni dans les années 80. Les usagers avaient en effet expressément exprimé le besoin d’être aidés dans le processus de rédaction de ce qui s’appelait jusque-là une carte de crise, d’où l’ajout de l’adjectif conjoint. Ce plan indique de façon anticipée et individualisée les contacts à mobiliser, les mesures pratiques à prendre pour préserver l’environnement de la personne, ainsi que les soins et traitements à préférer ou à éviter en cas de crise. Le rôle de chacun des partenaires, proches et/ou professionnels, doit être négocié entre les parties au préalable. Le PCC peut dès lors être considéré comme une forme récente et innovante de processus de décision partagée entre patients et professionnels.
Le 2 juillet 2020, le Conseil de la Caisse nationale de l’Assurance maladie (CNAM) a approuvé le rapport Charges et Produits pour 2021, qui sera remis au Ministère de la Santé et des Solidarités et au Parlement.
Publié tous les ans depuis 2005, il a pour but d’alimenter les débats du futur projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), d’améliorer la qualité du système de santé et de maîtriser les dépenses.
Cartographie médicalisée des dépenses de santé
À partir des données collectées de remboursements des soins issues du Système national des données de santé (SNDS), la CNAM présente l’évolution des pathologies et des dépenses en France.
En 2018, 142 milliards d’euros ont été remboursés par le Régime général pour la prise en charge de 57,9 millions de personnes dont 86 milliards d’euros concernent les pathologies et les traitements chroniques.
Certaines pathologies représentent une proportion particulièrement importante des dépenses d’assurance maladie :
Les épisodes hospitaliers qualifiés de « ponctuels » représentent 31,7 milliards d’euros, soit 22 % des dépenses totales
La santé mentale (maladie psychiatrique et traitements chroniques par psychotropes) représente 20,6 milliards d’euros, soit 14,5 % des dépenses totales
La prise en charge des cancers atteint 16,3 milliards d’euros, soit 11,5 % des dépenses totales
La prise en charge des maladies cardio-neurovasculaires atteint 14,3 milliards d’euros, soit 10 % des dépenses totales