Dans 20 % des homicides conjugaux, c’est la femme la meurtrière. Parmi elles, près de la moitié avaient subi des violences avant leur passage à l’acte.
Sa fille dit d’elle : « Maman a toujours eu des compagnons violents. » Ses fragilités, son alcoolisme et quelques problèmes psychologiques l’ont conduite à un placement sous curatelle. Ses cinq années de vie commune avec Mohamed, la victime, ont été émaillées d’interventions des sapeurs-pompiers, de plaintes pour des cocards ou une mâchoire cassée. La dernière pour une fracture du fémur. C’était cinq mois avant l’homicide.
Aux policiers qui l’ont interrogée sur son geste, Sophie a expliqué qu’elle était en train de manger, que Mohamed s’était approché d’elle, une fois encore menaçant. Elle a dit avoir attrapé un couteau pour lui faire peur. Apprenant sa mort des suites de sa blessure, elle a confié qu’elle avait pensé que ce n’était « pas grave », qu’elle-même avait reçu un coup de couteau de la part d’un ex-mari. On avait recousu et voilà. Face aux jurés, Sophie envisage de plaider la légitime-défense.
Si la majorité des homicides au sein des couples sont le fait des hommes – des féminicides qui se sont, ces derniers mois, imposés dans le débat public –, les femmes représentent 20 % des auteurs de crimes conjugaux, selon l’étude 2018 sur les morts violentes au sein des couples, réalisée chaque année par la délégation aux victimes (DAV), une structure relevant du ministère de l’intérieur. Cette année-là, 28 hommes ont été tués par leur compagne, un chiffre relativement constant au fil des ans.