Surmenage, anxiété, culpabilité et même peur de mourir… Le Covid-19 a éprouvé le personnel soignant. Pour tenter de soulager ses collègues de l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, le psychiatre Philippe Nuss a mis en place une cellule de soutien.
Chaque matin, il fait le trajet à vélo depuis Montmartre. Termine sa journée par une promenade dans le bois de Vincennes. Et ferme ses fenêtres, un brin agacé, quand résonnent à 20 heures les applaudissements.
On ne peut pourtant pas soupçonner Philippe Nuss de manquer de soutien envers les soignants. Pour apaiser un personnel inquiet, ce psychiatre de 60 ans coordonne depuis trois mois un dispositif mobile d’écoute, proposé à l’ensemble des salariés de l’hôpital Saint-Antoine (3 356 personnes, dont 755 dans le domaine médical), à Paris. Une vingtaine de psychologues se relaient pour visiter les services et assurer, avec des externes, une hotline permanente. « On voulait une vraie voix au bout du fil, pas un répondeur. »
Avec son équipe, il recueille notamment la souffrance de ses collègues, pour qui cette période a « posé un conflit éthique fort : accepter de se mettre à distance de sa famille, par peur de la contaminer, et en même temps rester sourd aux proches qui disaient : “N’y va pas”. »