Ils sont entre 4 000 et 5 000 à faire tourner les services des urgences ou de réanimation des hôpitaux publics, mais avec des salaires très inférieurs à ceux de leurs homologues diplômés en France.
« Sans ces médecins-là, non seulement nous ne pourrions pas faire face à la vague de Covid-19, mais mon service serait fermé. » Mathias Wargon dirige les urgences de l’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Ces « médecins-là » sont tunisiens, algériens, syriens, libanais, congolais… Sur les dix-huit praticiens du service du docteur Wargon, quinze sont ce que l’administration française appelle des praticiens hospitaliers à diplôme étranger hors Union européenne (Padhue).
Ils sont entre 4 000 et 5 000 en France, majoritairement originaires du Maghreb, et surtout répartis dans les établissements publics. Ce sont ces internes ou praticiens dits associés, qui enchaînent les gardes la nuit et le week-end, font tourner les urgences mais aussi les services de réanimation, de radiologie ou de psychiatrie. Bref, des rouages essentiels dans le système de soins français.
« Ils sont en première ligne dans tous les services où il y a une énorme pénibilité du travail », résume Hocine Saal, vice-président du syndicat (Snpadhue) qui les représente. « En gros, ils font le boulot que les médecins français ne veulent pas faire, mais sans la reconnaissance ni la rémunération, dit plus crûment Mathias Wargon. Tous les soirs, on donne la claque pour remercier les soignants, on parle de revaloriser leurs salaires, de primes [jusqu’à 1 500 euros, a annoncé le gouvernement mercredi 15 avril], de Légion d’honneur, mais, ces gens-là, on les oublie. »
Pas certain, en effet, que le chef de l’Etat pensait à ce bataillon de médecins étrangers, lorsqu’il assurait, lundi 13 avril, lors de son intervention télévisée : « il nous faudra nous rappeler aussi que notre pays, aujourd’hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal ».