blogspot counter

Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 29 mars 2020

« Pour comprendre la psychologie d’une population travaillée par une épidémie... »



Par Rémi Noyon  Publié le 27 mars 2020 

Dans « La Peur en Occident », paru en 1978, l’historien Jean Delumeau reconstituait minutieusement les effets sociaux de la pandémie : rumeurs, déni, recherche de fautifs. Un texte vertigineux.

https://focus.nouvelobs.com/2020/03/26/172/0/800/399/1200/630/60/0/9999b15_BAS3EvJOkmDtSWCk9fDXOXAC.jpg

Le grand historien des religions Jean Delumeau nous a quittés au début de l’année. Il aurait certainement été fasciné par la pandémie de coronavirus, tant celle-ci fait écho à ses travaux sur les épisodes de peste ou de choléra. Dans son livre « La Peur en Occident », publié en 1978, il s’attardait longuement sur les conséquences sociales des épidémies. Bien sûr, il faut se garder des parallèles historiques douteux (« les anciens tableaux, qu’on veut faire entrer de force dans de nouveaux cadres font toujours un mauvais effet », dixit Tocqueville), mais, enfin, il y a là matière à gamberger et certains, sur les réseaux sociaux, ne s’y sont pas trompés.
Nous publions ici un (petit) extrait de ce livre fascinant avec l’aimable autorisation des éditions Fayard. Les intertitres sont de la rédaction.

Journal de crise des blouses blanches : « L’annonce d’un test positif au Covid-19 est vécue comme la fin du monde »

« Le Monde » donne, chaque jour, la parole à des personnels soignants en première ligne face au coronavirus. Ils racontent « leur » crise sanitaire, comme Claire Guil-Paris, 49 ans, infirmière à Nantes.
lIs travaillent à l’hôpital ou en médecine de ville, ils sont généralistes, infirmières, urgentistes, sages-femmes : une quinzaine de soignants, en première ligne face à la pandémie de Covid-19, ont accepté de nous raconter leur quotidien professionnel. Chaque jour, dans ce « Journal de crise », Le Monde publie une sélection de témoignages de ces « blouses blanches ».

« On a proposé à des patients d’entrer dans un protocole d’essai thérapeutique »

Claire Guil-Paris, 49 ans, infirmière au CHU de Nantes (Loire-Atlantique)
Claire Guil-Paris, infirmière au CHU de Nantes (Loire-Atlantique).
Claire Guil-Paris, infirmière au CHU de Nantes (Loire-Atlantique). Claire Guil-Paris
« Ce week-end, j’étais en médecine polyvalente urgente. Sur les sept patients, deux ont été testés positifs par prélèvement nasal. Ils ont la trouille du résultat. Quand on leur annonce que c’est positif, c’est la fin du monde, comme si on leur annonçait qu’ils avaient un cancer généralisé. On essaie de les rassurer.
On leur a proposé de rentrer dans un protocole d’essai thérapeutique. L’un a accepté. Le patient se posait beaucoup de questions, le fait de servir de cobaye lui faisait un peu peur, il a appelé sa famille. Finalement, le médecin du service des maladies infectieuses et tropicales est venu lui expliquer le contenu de l’étude et lui a proposé un protocole qu’il a accepté. De mon côté j’ai juste essayé d’expliquer que, souvent, ça se passe en double aveugle : le médecin ne sait pas si c’est le placebo ou le traitement qu’il prescrit, et le patient ne sait pas si c’est le placebo ou le médicament qu’il reçoit. Mais comme aucun traitement n’a encore été validé, pour l’instant, on navigue un peu à vue.
« Le Plaquénil a quand même des effets secondaires sur le cœur, on verra peut-être le résultat dans quelques années… »
Concernant l’hydroxychloroquine, je me renseigne un petit peu, j’ai regardé des études sur des sites fiables, parce que l’opinion publique s’enflamme vite dans un sens ou dans l’autre. Les critères d’étude du professeur Raoult laissent perplexes. Après, tant mieux si des gens ont pu en profiter et sont guéris grâce à ça.
Mais je n’oublie pas l’histoire du Mediator : c’était miraculeux, les gens maigrissaient et, quelques années après, on s’est rendu compte des dégâts. Le Plaquénil a quand même des effets secondaires sur le cœur, on verra peut-être le résultat dans quelques années… Sur Facebook, j’ai vu des choses passer à ce sujet, j’ai dit à mes amis : attention, ce ne sont pas des Smarties, il y a forcément des effets secondaires, donc il faut rester prudent. »
Lire la suite ...

Confinement : décrétons l'état d’urgence psychologique

Marianne

Magali Croset-Calisto    Publié le 27/03/2020

Magali Croset-Calisto estime que le confinement risque d'être catastrophique pour la santé mentale des Français.
Nul n’est armé de la même manière face au virus. Il y a urgence. La santé psychique des Français est en berne et menace d’une décompensation générale. Ce pan de la santé publique semble être la grande oubliée des "essentiels" évoqués par le président Macron. On le sait pourtant, une nation qui va mal psychiquement, une nation qui n’a pas le moral, est une nation en perdition.

TEMPÊTE SOUS LES CRÂNES

En temps normal, notre pays est l’un des plus gros consommateurs d’anxiolytiques et d’antidépresseurs au monde ; par temps de pandémie, il risque de faire exploser le baromètre des ventes et le trou de la sécurité sociale. Si l’on ne fait rien, la demande aura toutes les raisons de s’accroître. Pourquoi ? Parce que les Français sont, au sens clinique du terme, "stressés": c’est à dire en phase d’alerte, après avoir subi un choc inattendu dont les répercussions peuvent s’inscrire dans la durée si elles ne sont pas maîtrisées rapidement. Depuis les travaux du Dr Hans Selye (pionnier des travaux sur le stress), on sait que le stress traduit avant tout un "syndrome général d’adaptation" face aux expériences qui mettent le corps sous tension. Cette réponse est naturelle et elle concerne tous les êtres humains.

Confinement, comment minimiser l’impact psychologique sur les populations ?

Univadis

Par Agnès Lara   28 mars 2020

À retenir
  • Les données de la littérature font ressortir que, lors des épidémies, les périodes de confinement ont nécessairement un impact psychologique négatif considérable qui peut parfois être ressenti des mois, voire des années plus tard.
  • Ce constat incite à prendre des mesures immédiates pour en minimiser les conséquences.
  • Les personnes ayant des antécédents psychiatriques et les personnels de santé exposés puis confinés sont plus à risque de troubles psychologiques ultérieurs et justifient la mise en place d’interventions de soutien précoces.
  • Les différents facteurs de stress ont d’autant plus d’impact qu’ils sont vécus sur une plus longue durée. Celle-ci doit donc être limitée au strict minimum.

Le CH Esquirol poursuit sa démarche participative pour décliner son projet d'établissement

Publié le 30/03/20


Il est le premier projet d'établissement depuis que le CH Esquirol de Limoges est passé en direction commune avec deux autres structures, au 1er janvier. Ce document est né d'une démarche participative et est effectif depuis le 1er mars.
Le nouveau projet d'établissement du CH Esquirol de Limoges (Haute-Vienne), spécialisé en santé mentale et psychiatrie, est entré en vigueur le 1er mars. Il s'agit du premier projet d'établissement depuis la mise en place de la direction commune avec le CH de la Valette de Saint-Vaury et l'Ehpad la Chapelaude (Creuse), effective elle depuis le 1er janvier 2020. Il est le fruit d'une démarche participative, entamée dès le printemps 2019.

En Île-de-France, 150 centres en ambulatoire pour les consultations Covid-19



Avec l’avancée de l’épidémie, le système de soins ne cesse de s’adapter pour prendre en charge les patients. Dans de nombreuses régions, les professionnels de santé s’organisent pour prendre en charge en ville les patients suspects de Covid-19 lors de consultations physiques mais dans des centres spécifiques. Un moyen aussi de permettre aux généralistes de continuer à recevoir sans risque les patients pour les autres pathologies. C’est le cas notamment en Centre-Val-de-Loire, en Bretagne, mais aussi en Ile-de-France.

Lien entre alimentation et SARS-CoV-2 : l'ANSES fait le point sur les précautions à prendre

Crédit photo : PHANIE
PAR 
CHARLÈNE CATALIFAUD - 
PUBLIÉ LE 30/03/2020

Alors que le SARS-CoV-2 peut persister plusieurs heures, voire plusieurs jours sur les surfaces inertes, quelle est la conduite à tenir après avoir fait ses courses ? Faut-il davantage cuire les aliments ? En s'appuyant sur les données scientifiques disponibles, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) répond à ces questions.

Covid-19 : l'exaspération de certains soignants confrontés à la méfiance et à l'agressivité de leurs voisins

PAR 
MARTIN DUMAS PRIMBAULT
-  
PUBLIÉ LE 30/03/2020

Crédit photo : S. Toubon
Lettres anonymes, mots désagréables, voitures vandalisées et même cabinet cambriolé… Depuis quelques jours, de nombreux soignants ont témoigné d'incivilités, voire d'agressions dont ils ont été victimes, très loin des acclamations et des vivats majoritaires tous les soirs aux fenêtres.
« Serait-il possible que vous alliez résider ailleurs?  »
Mercredi, la consternation a envahi Lucille. Dans sa boîte aux lettres, l'infirmière d'un hôpital de banlieue parisienne a trouvé un courrier lui demandant de quitter son logement de Vulaines-sur-Seine (Seine-et-Marne). Non signée, la lettre lui suggère également de faire ses courses « en dehors de la ville » et lui reproche de promener son chien. « Je suis en colère », confie-t-elle à l'AFP. « On met déjà notre vie de côté pour s'occuper des autres, alors qu'on nous traite comme des pestiférés, ça ne passe pas. » La trentenaire est déterminée à ne pas se laisser intimider. Elle a porté la missive au maire, qui a saisi le procureur. Une enquête est en cours.

Pr Aïda Sylla clarifie et... fortifie la police



Nando Cabral GOMIS | 30/03/2020

Invitée de l’émission Objection de la radio Sud Fm (privée) hier, dimanche 29 mars, le professeur titulaire de psychiatrie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Aida Sylla, a indiqué au sujet de la vague de réactions hostiles face aux mesures d’état d’urgence et de couvre-feu prises par le Gouvernement pour lutter contre la propagation du Covid-19 que cela est lié au fait que «l’être humain n’aime pas changer». Appelant ainsi à l’implication de tous dans la lutte, elle a cependant insisté sur la nécessité pour les forces de défense et de sécurité de faire respecter les consignes des spécialistes de santé.
 
La propagation rapide à travers le monde du nouveau coronavirus, apparu en Chine au mois de décembre 2019, et qui compte aujourd’hui environ 659.000 cas confirmés répartis au niveau de 175 pays dont le Sénégal rappelle la « fragilité de notre système mondial », selon Aida Sylla, professeur titulaire de Psychiatrie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

Ainsi, pour faire face à la propagation rapide de cette pandémie au Sénégal où 142 cas confirmés dont 27 cas guéris et 115 encore sous traitement sont enregistrés en moins d’un mois, le professeur titulaire de psychiatrie prône la mobilisation de tout le monde pour casser la chaine de propagation du Covid-19. Invitée de l’émission Objection de la radio Sud Fm (privée) hier, dimanche 29 mars, le professeur Aida Sylla a, par ailleurs, jugé compréhensible la vague de  réactions hostiles aux mesures d’état d’urgence et de couvre-feu prises par le Gouvernement pour lutter contre la propagation du Covid-19, constatées lors de la première journée d’entrée en vigueur de ces dites mesures.


Coronavirus : le difficile accompagnement des malades en fin de vie

Les cas de personnes âgées souffrant de détresse respiratoire aiguë se multiplient dans des hôpitaux franciliens débordés. Les Ehpad seront également confrontés à des décisions complexes.
Par  et  Publié le 28 mars 2020
Comment accompagner la fin de vie des patients atteints du Covid-19 qui ne peuvent pas être pris en charge en réanimation ? Dans les hôpitaux franciliens, la question se pose avec acuité aux soignants qui voient affluer, depuis quelques jours, un nombre important de patients très âgés souffrant d’une détresse respiratoire aiguë. « Pour la majorité d’entre eux, nous savons que la réanimation n’est pas possible car ils n’en réchappent pas », souligne Eric Pautas, gériatre référent de la cellule de crise de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Pour autant, impossible de les laisser mourir sans soins : il faut donc désormais organiser, dans l’urgence, leur prise en charge dans, et en dehors de l’hôpital.
Afin d’« aider les équipes à “inventer une réponse à l’urgence imposée par l’épidémie de Covid-19 », un document a été diffusé le 19 mars aux établissements de l’AP-HP. Plusieurs options sont détaillées pour organiser la prise en charge des patients incurables et leur permettre « de finir leur vie le plus sereinement possible, ou tout au moins le moins mal possible, dans ce contexte exceptionnel ». Il suggère notamment que des unités de soins palliatifs temporaires soient créées « lorsque les capacités de services de soins qui accueillent les patients atteints du Covid-19 sont mises en difficulté ».
De tels services, déjà mis en place dans certains hôpitaux, ont pour objectif d’accueillir les patients qui ne peuvent pas être réanimés, et pour lesquels un retour à la maison ou en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) n’est pas possible. Afin d’aider les soignants des services de réanimation dans leur décision de récuser un patient, des « cellules éthiques de soutien » pourront être mises en place.

Nettoyage, entrepôts, livraisons… les travailleurs étrangers en première ligne face au coronavirus

Les secteurs du nettoyage, de la sécurité ou de la livraison recourent beaucoup aux travailleurs issus de l’immigration, parfois sans papiers. Et souvent sans protections.
Par  Publié le 27 mars 2020
Un livreur à Paris, le 18 mars, jour 2 du confinement. Plusieurs syndicats et collectifs de livreurs ont demandé leur « arrêt immédiat », avant que les livreurs ne tombent comme des mouches », disent-ils dans un communiqué, publié jeudi 26 mars
Un livreur à Paris, le 18 mars, jour 2 du confinement. Plusieurs syndicats et collectifs de livreurs ont demandé leur « arrêt immédiat », avant que les livreurs ne tombent comme des mouches », disent-ils dans un communiqué, publié jeudi 26 mars PHILIPPE LOPEZ / AFP
Hamidou Sow prend le bus, le RER et le métro tous les matins. Depuis la Seine-Saint-Denis, où il habite, il rejoint le sud de Paris. Ce Sénégalais de 38 ans travaille dans le nettoyage et son employeur ne lui a pas donné congé. Au contraire. Sur un chantier géré par un grand groupe de BTP, il récure bungalows, toilettes et espaces de restauration au quotidien.
« Mercredi, on nous a fourni des gants, des masques, du gel hydroalcoolique », énumère-t-il. Alors, il se sent « un peu protégé ». Hamidou Sow est en cours de régularisation. Comme de nombreux travailleurs étrangers, il évolue dans des secteurs aujourd’hui fortement sollicités, malgré les consignes de confinement. « Les travailleurs étrangers, avec ou sans titre de séjour, sont en première ligne dans les activités de nettoyage, de ramassage et de tri de déchets, d’aide à la personne, d’agriculture ou de commerce, indispensables aujourd’hui », considère Marilyne Poulain, chargée des questions liées aux travailleurs sans papiers à la CGT
Mahamadou Kebbe, Franco-Malien de 33 ans, est agent de sécurité. Il travaille le week-end à l’accueil des urgences d’un hôpital de Seine-Saint-Denis. « C’est très compliqué, reconnaît-il. Je vois beaucoup de monde avec des symptômes du virus. Je regarde deux ou trois fois par jour ma température et j’ai décidé de ne plus faire de ronde dans les services. » Malgré la situation, l’employeur de Mahamadou Kebbe ne lui a pas fourni d’équipement de protection, faute de disponibilité. « Si l’hôpital ne nous en avait pas donné, on serait en danger », souligne-t-il.

« Il faut agir au plus vite si nous voulons éviter l’hécatombe en Afrique » : l’appel de Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix

Le gynécologue congolais, prix Nobel de la paix 2018, alerte sur l’urgence de la situation sanitaire pour le continent le plus pauvre de la planète.
Propos recueillis par  Publié le 28 mars 2020
Devant un supermarché dans le quartier d’Hillbrow à Johannesburg (Afrique du Sud), le 27 mars.
Devant un supermarché dans le quartier d’Hillbrow à Johannesburg (Afrique du Sud), le 27 mars. MARCO LONGARI / AFP
Alors que la pandémie de Covid-19 a déjà mis à l’arrêt une partie de la planète, l’Afrique, qui semblait dans un premier temps résister, voit avec frayeur ce nouveau coronavirus toucher jour après jours des territoires nouveaux.
Si les mesures de prévention se multiplient, beaucoup de celles qui font leurs preuves dans l’hémisphère Nord restent inapplicables sur le continent le plus pauvre.
Depuis son hôpital de Panzi, dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), Denis Mukwege, médecin, gynécologue et prix Nobel 2018 de la paix, a confié au Monde sa profonde inquiétude, conscient que l’Afrique n’a « clairement pas les moyens de faire face au fléau ». En revanche, celui qu’on a surnommé « l’homme qui répare les femmes » puisqu’il offre là une chirurgie réparatrice à celles victimes de violences de guerre, s’avoue agacé par le débat sur l’usage de la chloroquine, ce médicament antiviral qui, pour certains, n’a pas suffisamment fait ses preuves pour être largement prescrit.
« Ne perdons pas de temps à polémiquer », conseille le sage. « S’il faut choisir entre laisser mourir un patient et lui administrer un traitement dont on n’a pas encore toutes les garanties d’efficacité mais dont on a vérifié l’innocuité depuis longtemps, je dirais qu’entre deux maux, il faut choisir le moindre. »

Vous venez d’adresser un message pressant à la population de votre pays. Un message sous forme d’alerte, l’appelant à « s’impliquer pleinement pour assurer une riposte efficace à la pandémie » et avertissant « nous devons nous attendre au pire ». Quelles informations avez-vous aujourd’hui sur la propagation du virus en RDC et plus largement en Afrique ?

Denis Mukwege : Selon les statistiques à notre disposition, au moins 43 pays sur les 54 que compte l’Afrique sont déjà touchés, et cette tendance épidémiologique va certainement se renforcer. Il y a en a qui sont plus frappés que d’autres, notamment l’Afrique du Sud avec plus de 400 cas, l’Algérie avec 230 cas, le Maroc 143 cas, le Sénégal avec 79 cas.

Une étude en ligne de l'INSERM pour évaluer le bien-être des personnes confinées


HÉMISPHÈRE GAUCHE

 
Dans un précédent billet, j’évoquais la nécessité d’évaluer les risques psychosociaux et le bien-être mental de la population durant cette période de confinement inédite, ainsi que la nécessité de mettre en place un soutien psychologique aux personnes en difficulté.
Depuis, un groupe de médecins et de chercheurs de l’INSERM a lancé une étude en ligne allant exactement dans ce sens.
Bien que Libération (entre autres) ait déjà publié une brève à ce sujet, cette étude sera d’autant plus informative que les réponses seront nombreuses et étalées dans le temps. Il est également crucial que le profil des répondants soit le plus divers possible. J’encourage donc toutes les personnes qui passeront par ici à remplir le questionnaire — si elle ne l’on pas déjà fait — et à le transmettre à leurs contacts les moins “connectés” (personnes âgées, notamment) en utilisant le lien suivant:

Cela demande environ 15 à 20 minutes, probablement un peu plus si vous aidez une personne âgée ou isolée à compléter l’étude.

Numéro vert et coachs sont proposés aux directeurs pour les aider à gérer le Covid-19

Publié le 30/03/20

Rompre l'isolement, réduire l'anxiété, prendre du recul, éviter de sombrer dans le mal-être... Pour tenter d'épauler des directeurs débordés 24h/24 dans leur gestion de la crise sanitaire liée au Covid-19, le CNG s'organise. Outre l'appel à volontaires, une cellule d'écoute téléphonique psychologique a été ouverte et le travail des coachs étoffé.
C'est dans le champ du médico-social, et surtout dans les Ehpad isolés, que le travail de crise des directeurs se révèle le plus compliqué, avec de nombreux dysfonctionnements avérés dans la lutte contre le coronavirus.
C'est dans le champ du médico-social, et surtout dans les Ehpad isolés, que le travail de crise des directeurs se révèle le plus compliqué, avec de nombreux dysfonctionnements avérés dans la lutte contre le coronavirus.

Dans les établissements publics de santé, sociaux et médico-sociaux, les personnels de direction sont également en première ligne face à la propagation du coronavirus. Certes, la situation s'avère extrêmement hétérogène selon les territoires. En toute logique, cela dépend de l'état d'avancée de la vague de Covid-19 mais pas seulement. Selon les ARS ou encore les groupements hospitaliers de territoire (GHT), les retours du terrain peuvent varier du tout au tout, comme l'ont témoigné ce 30 mars à Hospimedia les responsables du Syncass-CFDT, du SMPS et du CH-FO.

Les leçons du confinement à Wuhan et Singapour

PAR 
DR IRÈNE DROGOU - 
 
PUBLIÉ LE 31/03/2020

Deux études de modélisation se sont intéressées à l'effet de la distanciation sociale sur l'épidémie à coronavirus, l'une à Wuhan et l'autre à Singapour. Un prolongement du confinement dans la ville chinoise jusqu'en avril, plutôt que mars, permettrait d'éviter un deuxième pic en juin. Le télétravail et la quarantaine semblent être à prioriser sur la fermeture des écoles, la combinaison des trois restant la plus efficace.
Il ne fait aucun doute que les mesures de distanciation sont efficaces
Il ne fait aucun doute que les mesures de distanciation sont efficaces
Crédit photo : Phanie
Mise en quarantaine des cas et des proches, fermeture des écoles, télétravail, ces mesures de distanciation sont la seule arme actuellement en France pour infléchir l'épidémie de Covid-19.
Dans quelle mesure sont-elles efficaces ? Lesquelles ont le plus d'impact ? Une étude de modélisation à Singapour (1) donne des éléments de réponse dans « The Lancet Infectious Diseases ». À la question qui s'ensuit de savoir jusqu'à quand les prolonger, une étude menée dans la ville de Wuhan (2) laisse entendre dans « The Lancet Public Health » qu'il faut les poursuivre suffisamment longtemps si l'on veut éviter un deuxième pic trop précoce.
Pour les chercheurs de l'université de Singapour, il ne fait aucun doute que les mesures de distanciation sont efficaces contre le SARS-CoV-2, dans les quatre scénarios étudiés et mis en place après la détection de 100 cas dans la population : quarantaine seule, quarantaine et télétravail (défini par au moins 50 % de la force de travail exerçant au domicile pendant 15 jours), quarantaine et fermeture des écoles (pendant 15 jours) ou la combinaison des trois mesures. Au 80e jour, l'approche maximaliste se révèle être la plus efficace, puis viennent ensuite, par ordre de performance, la quarantaine et télétravail, la quarantaine et la fermeture des écoles et enfin la quarantaine seule.
Pour le Dr Alex Cook, de l'université de Singapour et coauteur de l'étude : « Ces résultats fournissent aux décideurs publics de Singapour et d'autres pays la preuve que la mise en place de mesures de contrôle peut réduire les taux de transmission locale si le déploiement est opérationnel et à temps ».
Des scénarios selon l'infectiosité et les cas asymptomatiques
Dans leurs simulations, les chercheurs singapouriens montrent que l'approche combinée pourrait prévenir une épidémie nationale pour un faible niveau d'infectiosité (taux de reproduction R0 faible à 1,5) : le nombre d'infections pourrait être diminué de 99,3 %, ont-ils estimé. Mais à des niveaux d'infectiosité plus élevée (R0 modéré à 2,0 ou R0 élevé à 2,5), les choses se révèlent plus compliquées car, même si les interventions sont efficaces, la transmission a toujours lieu : au 80e jour, il y aurait alors 50 000 cas dans la ville avec un R0 à 2,0 (diminution des cas de 93,0 %) et 258 000 pour un R0 à 2,5 (réduction de 78,2 %).
L'impact des cas asymptomatiques est une variable qui peut changer la donne. Si une proportion de 7,5 % a été retenue dans l'étude, il est possible qu'elle soit en réalité de 50,0 %, entraînant alors plus de 277 000 infections au 80e jour même avec l'intervention combinée, par rapport à 1 800 pour une référence avec un R0 à 1,5. « Alors que des proportions élevées d'asymptomatiques diminuent considérablement les effets préventifs (NDLR des mesures de distanciation sociale), la pression exercée est d'autant plus forte sur la quarantaine et le traitement des individus infectés, lequel peut ne plus devenir effectif quand le nombre de sujets infectés excède les capacités du système de soins », explique le Dr Cook.
Un retour au travail étalé dans le temps
Dans la modélisation à Wuhan, les chercheurs de la London School of Hygiene and Tropical Medicine ont évalué l'impact des mesures de restriction d'activité sur l'épidémie en cours. Selon eux, un retour au travail étagé devrait avoir lieu au plus tôt début avril, ce qui permettrait de retarder et de réduire la hauteur du pic ainsi que l'ampleur de l'épidémie à fin 2020, tout en permettant au système de soins de faire face. « Une levée prématurée et soudaine des interventions pourrait mener à un pic secondaire précoce, ce qui peut être évité par un assouplissement graduel des interventions », écrivent-ils. Quant à une possible saisonnalité du SARS-CoV-2, « les effets sont difficiles à prévoir » sans recul suffisant, le lien entre climat et Covid-19 étant « en grande partie anecdotique », est-il rapporté.
D'autres stratégies sont néanmoins possibles et mériteraient d'être modélisées pour en évaluer l'efficacité, comme le dépistage élargi mis en place en Corée du Sud, est-il relevé dans l'éditorial sur Wuhan signé par Tim Colbourn, de l'University College London. « La capacité à tester d'un pays est sans doute le goulot d'étranglement qui détermine l'efficacité d'une telle mesure », explique-t-il.
Pour Joseph Lewnard, de l'université de Californie, dans son éditorial attaché à la modélisation de Singapour, l'impact de ces mesures devra aussi se mesurer en termes socio-économiques, notamment en ce qui concerne les injustices de perte de revenus voire d'emploi : « des politiques pour prévenir ces risques sont nécessaires de façon urgente. Une attention particulière devrait être apportée à la protection des populations vulnérables, comme les sans-abri, les individus incarcérés, âgés ou handicapés, ainsi que les migrants ».
(1) J Koo et al. Lancet Infect Dis. doi.org/10.1016/S1473-3099(20)30190-6
(2) K Prem et al. Lancet Public Health. doi.org/10/1016/S2468-2667(20)30073-6
Dr Irène Drogou


Tous surdoués ?

ÊTRE ET SAVOIR par Louise Tourret

Surdoués, zèbres, élèves précoces ou à haut potentiel... Etre et savoir se penche sur ces enfants un peu à part dont le parcours scolaire peut parfois, paradoxalement, se révéler compliqué.
Enfants à haut potentiel : quelles compétences, quelles difficultés?
Enfants à haut potentiel : quelles compétences, quelles difficultés? Crédits : sturti - Getty
"Mes parents me disent souvent que j’ai une forme différente d’intelligence", c’est ce que me confiait Pierre qui fréquente un dispositif adapté au profil comme le sien au collège Janson de Sailly à Paris, où je suis allée rencontrer éducateurs et élèves, des adolescents dont le QI élevé et les aptitudes parfois hétérogènes peuvent rendre la scolarité compliquée.
"Précoces" ou "à haut potentiel", les termes changent pour les désigner, mais ce qui est certain c’est que ces intelligences hors norme suscitent un grand intérêt actuellement, comme en atteste le succès des ouvrages qui sont consacrés à ce sujet.
En attestent également d'importants colloques organisés par l’Education nationale, comme il y a quelques jours dans l’académie de Versailles, et aussi à Paris, en Sorbonne, colloque qui a attiré un nombre record de participants.

"Sachez, Monsieur le Président, que nous ne laisserons plus nous voler notre vie..." : Annie Ernaux

Lundi 30 mars 2020

Annie Ernaux est écrivain. Elle vit à Cergy, en région parisienne. Son oeuvre oscille entre l'autobiographie et la sociologie, l'intime et le collectif. Dans cette lettre adressée à Emmanuel Macron, elle interroge la rhétorique martiale du Président.
"Monsieur le Président, je vous écris une lettre..."
"Monsieur le Président, je vous écris une lettre..." © Getty / AnthiaCumming

Cergy, le 30 mars 2020

Monsieur le Président,

« Je vous fais une lettre/ Que vous lirez peut-être/ Si vous avez le temps ». À vous qui êtes féru de littérature, cette entrée en matière évoque sans doute quelque chose. C’est le début de la chanson de Boris Vian Le déserteur, écrite en 1954, entre la guerre d’Indochine et celle d’Algérie. Aujourd’hui, quoique vous le proclamiez, nous ne sommes pas en guerre, l’ennemi ici n’est pas humain, pas notre semblable, il n’a ni pensée ni volonté de nuire, ignore les frontières et les différences sociales, se reproduit à l’aveugle en sautant d’un individu à un autre. Les armes, puisque vous tenez à ce lexique guerrier, ce sont les lits d’hôpital, les respirateurs, les masques et les tests, c’est le nombre de médecins, de scientifiques, de soignants. Or, depuis que vous dirigez la France, vous êtes resté sourd aux cris d’alarme du monde de la santé et  ce qu’on pouvait lire sur la  banderole  d’une manif  en novembre dernier -L’état compte ses sous, on comptera les morts - résonne tragiquement aujourd’hui. Mais vous avez préféré écouter ceux qui prônent le désengagement de l’Etat, préconisant l’optimisation des ressources, la régulation des flux,  tout ce jargon technocratique dépourvu de  chair qui noie le poisson de la réalité. Mais regardez, ce sont les services publics qui, en ce moment, assurent majoritairement le fonctionnement du pays :  les hôpitaux, l’Education nationale et ses milliers de professeurs, d’instituteurs si mal payés, EDF, la Poste, le métro et la SNCF. Et ceux dont, naguère, vous avez dit qu’ils n’étaient rien, sont maintenant tout, eux qui continuent de vider les poubelles, de taper les produits aux caisses, de  livrer des pizzas, de garantir  cette vie aussi indispensable que l’intellectuelle,  la vie matérielle.