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Le départ de l’actrice Adèle Haenel de la cérémonie des césars du 28 février, à l’annonce de la remise du prix de la meilleure réalisation à Roman Polanski. Cet acte avait suscité le texte de Virginie Despentes. Photos Berzane Nasser. ABACA
Le texte de l’écrivaine paru dans «Libération» en soutien à Adèle Haenel, qui avait quitté la cérémonie des césars à l’annonce du prix attribué à Roman Polanski, a été largement lu, partagé et commenté. Retour sur le phénomène et une semaine de débats.
«Il y a quand même un problème à régler avec le désir de l’homme. Qui est au milieu de tout, qui est comme normal tout le temps. A un moment, il faudra que ça dégage. Oui, il y a une énorme colère.» 1998 : Virginie Despentes a 29 ans, cheveux auburn lâchés, aucun jeu de séduction. Elle parle de son dernier livre, les Jolies Choses (Grasset), sur le plateau télé de Bouillon de culture. Face à elle, Bernard Pivot. Autour d’elle, Philippe Sollers, sourire narquois, Michel Houellebecq, faussement absent. En bon père de famille émoustillé par la réputation de celle qui a écrit Baise-moi quelques années plus tôt, Pivot l’interroge sur le milieu du rock qu’elle fréquente. Alors, ce «monde de boîtes à partouzes et de sexe» ? «C’est un monde d’hommes, répond-elle, impavide. Un monde d’hommes et de profit.» Mais il y a des femmes, insiste Pivot, quel est leur rôle ? «En gros, de faire les putes», dit-elle sans un battement de cils. Les mots sont à peine articulés, énoncés à un niveau de décibels très bas. Elle ne parle jamais fort, même quand elle s’emporte.