Trois livres, l’un d’un historien, les autres de philosophes, invitent à faire une pause pour réfléchir à la rapidité qui caractérise la modernité, et à ses méfaits.
« Les Hommes lents. Résister à la modernité, XVe-XXe siècle », de Laurent Vidal, Flammarion, 304 p.
« Eloge du retard », d’Hélène L’Heuillet, Albin Michel, 178 p.
Et si « ralentir » devenait le maître mot de notre existence ? Si nous commencions à décélérer, ne plus courir à perdre haleine, toujours plus vite et plus longuement ? Si nous retrouvions le poids des heures, la saveur des jours, en résistant à l’injonction des performances et des chronomètres, de la ponctualité ?
Ce serait un changement d’époque, et de monde. Car les temps modernes, bien avant le film de Chaplin, s’ouvrent avec l’installation des horloges au cœur des villages, des montres au fond des goussets, bientôt des pointeuses et des cadences au centre du travail. Ensuite, le rythme s’est intensifié, aiguillonné par l’obsession du rendement. « Mieux », désormais, signifie « plus vite ». En tous domaines – pour produire, pour voyager, pour calculer et prévoir… – la promptitude est devenue souveraine. Hors de l’accélération, point de salut.