Dans un ouvrage érudit et stimulant, l’historienne italienne Eva Cantarella réalise une peinture des mœurs amoureuses gréco-latines, réelles ou mythiques, et leur écho dans nos histoires contemporaines.
Pompéi. Pas de smartphone, pas de selfies, pas de photos de zizis. Des dessins, des croquis. Et déjà, sur les murs des maisons ou des thermes, plein de graffitis. «Ici j’ai foutu avec les amis.» «Ici, juste ici, mon frère Destro et moi avons agréablement baisé deux femmes, deux fois chacun.» Naissance, il y a tant de siècles, de l’«éthique de l’ostentation» : «Affirmation de la puissance, divulgation des prouesses sexuelles.» Ithaque. «Ulysse prend enfin la mer, laissant Circé, paraît-il, en attente d’un heureux événement, puisque, selon les commentateurs d’Homère, de leur union allait naître Télégonos.» Une aventure, une «distraction», une peccadille, qui n’enlèvent rien à l’amour d’Ulysse pour Pénélope : «Depuis quand les relations adultères d’un homme se font-elles, dans la conception masculine des relations conjugales, au détriment de l’amour qu’il éprouve pour son épouse ?»