MARC THIBODEAU Publié le 13 novembre 2019
CANADA
PHOTO EMINA CERIMOVIC, FOURNIE PAR HUMAN RIGHTS WATCH
Un homme atteint de maladie mentale est enchaîné au plancher dans un établissement de Kano, dans le nord du Nigeria.
Un rapport de Human Rights Watch lève le voile sur les sévices subis dans les « centres de réadaptation » du pays.
Des milliers de personnes souffrant de maladie mentale sont enchaînées et détenues contre leur gré au Nigeria par des intervenants mal qualifiés qui leur imposent, en guise de traitement, de « terribles » sévices.
Human Rights Watch (HRW) sonne l’alarme à ce sujet dans un nouveau rapport qui épingle tant les institutions psychiatriques de l’État africain que les « centres de réadaptation » tenus par des organisations islamiques ou chrétiennes ou des adeptes de médecine traditionnelle.
« Les gens souffrant de problèmes de santé mentale devraient être soutenus avec des services efficaces dans leur communauté plutôt que d’être enchaînés et maltraités », relève une chercheuse de l’organisation, Emina Cerimovic, qui a observé la problématique à l’échelle du pays.
Dans bien des régions, les personnes sont obligées de se tourner vers des établissements aux pratiques condamnables, faute de mieux.
« Il n’y a souvent pas d’autre option. Plusieurs des communautés que j’ai visitées n’ont même pas d’accès facile à un médecin ou à une infirmière », relève Mme Cerimovic en entrevue.
Les risques de mauvais traitements sont amplifiés par une mauvaise compréhension de la nature des maladies mentales, qui sont encore trop souvent vues par les familles comme le résultat de forces surnaturelles ou de mauvais esprits.
Retenus pendant des années
Pas moins de 27 des 28 établissements visités par Human Rights Watch utilisaient des chaînes pour immobiliser les personnes détenues, qui sont parfois emmenées de leur domicile à la demande des familles et retenues pendant des mois, voire des années.
Parmi les personnes enchaînées identifiées durant la recherche figurait un enfant de 10 ans et un vieillard de 86 ans. Normalement, l’une des chevilles est liée par une chaîne à un objet lourd inamovible, comme un lit, un arbre ou une voiture.