31 octobre 2019
Les derniers chiffres sur la santé mentale au Maroc sont ahurissants. D’autant plus que le Maroc manque terriblement d’infrastructures hospitalières adaptées et de professionnels de la santé formés dans le traitement de ces pathologies.
Dans cet entretien, Hachem Tyal psychiatre, psychothérapeute et psychanalyste, nous explique ce qu’est le trouble mental en particulier et la maladie mentale en général. Il insiste également sur l’importance de la conjugaison des efforts pour combattre l’exclusion et la stigmatisation dont souffrent les personnes atteintes de troubles mentaux, ainsi que leurs familles. Notre interlocuteur souligne que les pouvoirs publics, la société civile, le secteur d’exercice de la psychiatrie public et privé, doivent unir leurs efforts pour atténuer les souffrances des personnes atteintes de maladies mentales et psychologiques, ainsi que de leurs familles.
«Dans le Maroc d’aujourd’hui, trouble mental ne doit plus rimer avec exclusion sociale».
En tant que spécialiste praticien, qu’elle définition donnez-vous au trouble mental ?
Il faut distinguer ici trois notions différentes. La santé mentale, la souffrance psychologique et le trouble mental qu’on peut appeler trouble psychique ou trouble psychologique.
La santé mentale est une notion bien définie par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). C’est un état de bien-être qui permet à un individu de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive en l’absence de toute maladie mentale. C’est ce bien-être qui permet à tout être humain de remplir ses tâches quotidiennes de manière adaptée.
On parle de souffrance psychologique, dès lors qu’un individu se trouve dans une situation de mal-être liée à un évènement difficile à gérer, qui ne perdure le plus souvent pas.
Concernant le trouble mental ou trouble psychique, on commence à en parler lorsque l’état psychologique dysfonctionnel d’une personne commence à se répercuter durablement sur son quotidien avec des conséquences à moyen et long terme sur sa vie personnelle, professionnelle et sociale. Cet état est également lié à la notion de «normes sociales et culturelles». C’est ainsi que dès qu’on s’écarte d’un cadre pré-établi par la société, d’une représentation que la société a du normal et du pathologique, la personne présentant un trouble mental va être considérée comme mentalement «anormale».