New York (AFP) - En 2002, Andrew Kolodny, interne en psychiatrie, assiste à une formation sur le traitement de la douleur à Philadelphie. Dix-sept ans plus tard, il ne s'est toujours pas remis de l'enthousiasme de l'intervenant, une sommité, pour les opiacés.
"Il nous a dit que c'était tout à fait normal qu'on prescrive de façon agressive les opiacés et que les risques de dépendance étaient faibles", se rappelle M. Kolodny.
Le docteur Thomas McLellan, expert renommé dans le traitement de la douleur, avait exposé, avec un petit film, un cas d'école: un malade souffrant de mal de dos.
Le patient, avait-il dit aux médecins présents, avait reçu une forte dose d'OxyContin, un antidouleur fabriqué par le laboratoire Purdue Pharma. Mais il en redemandait car la douleur était atroce.
Quand le film s'est arrêté, M. McLellan leur a demandé leur diagnostic. "Pour moi et pour beaucoup d'autres dans la salle, il était évident que le patient était devenu dépendant", se remémore M. Kolodny, qui dirige aujourd'hui le centre de recherches sur les opiacés de l'université de Brandeis, à Boston.
"Mais à ma grande surprise, l'intervenant nous a dit que ce n'était pas vraiment de l'addiction mais une +pseudo-addiction+. Et que nous étions supposés lui donner plus d'opiacés. Il reprenait le concept de +pseudo-addiction+ que Purdue Pharma et d'autres laboratoires mettaient alors en avant pour promouvoir les opiacés".