Chahla Chafiq Écrivaine et sociologue Publié le 23 septembre 2019
Tribune. Début septembre, une jeune femme s’est immolée devant le Tribunal de la révolution islamique de Téhéran. Elle venait d’apprendre sa condamnation à une peine de prison pour avoir osé entrer, en 2018, dans un stade et assister à un match de football. Elle s’appelait Sahar, « l’aube » en persan. Dans la poésie et la chanson iraniennes, ce mot évoque la fin des ténèbres, l’espoir de la délivrance. L’acte suicidaire de Sahar Khodayari, qui entraîna sa mort peu après, ne dit-il pas, au contraire, un profond désespoir ?
En réponse aux indignations massives provoquées par sa mort tragique et aux appels à lever l’interdiction faite aux femmes d’entrer dans les stades, les médias liés au pouvoir diffusèrent les propos du père de Sahar disant que sa fille souffrait de perturbations mentales. Des propos semblables avaient été avancés en février 1994 lorsque Homa Darabi, une pédiatre de 53 ans, s’immola à Téhéran. Un moyen pour le pouvoir islamiste de réduire au silence la lutte de cette femme progressiste contre des mesures misogynes qui avaient abouti à son licenciement du poste qu’elle occupait à l’université.