«Ecrits stupéfiants» dresse un inventaire inédit qui, de l’Antiquité à nos jours, recense les textes d’auteurs, fameux ou de moindre renommée, ayant pris divers psychotropes pour exercer leur art, ou simplement pour sujets.
Faut-il en avoir pris pour avoir envie d’en parler ? Est-il préférable d’avoir plané dans les paradis artificiels, dixit Baudelaire, pour, comme l’amoureuse éconduite avec la littérature de la passion, vouloir lire ceux qui les ont arpentés, décrits, maudits ? C’est à cela que l’on songe à la lecture de l’étonnante introduction d’Ecrits stupéfiants. Cécile Guilbert, auteure d’essais sur Saint-Simon, Guy Debord et Andy Warhol, de nombreuses préfaces à des œuvres, celles de Vladimir Nabokov, de Sacher-Masoch ou de Bret Easton Ellis, personnalité devine-t-on à l’engagement absolu et exhaustif, a goûté à pas mal de substances psychotropes. Ether à 13 ans, LSD à 14, cannabis à 15, cocaïne à 16, héroïne à 19, space cookie à 20 ans… Mais, dit-elle, elle a n’aura pas eu l’occasion d’expérimenter les effets de la mescaline comme Henri Michaux, et elle se serait «longtemps damnée pour fumer de l’opium», idole ténébreuse de Thomas de Quincey.