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n tant que maman d’un fils psychotique, il m’a été demandé de parler des psychiatres, de dire ce que je pense des psychiatres !
Il est vrai que j’ai beaucoup à dire puisque, malheureusement, je les fréquente en raison de la maladie de mon fils qui a déclaré une schizophrénie en 1994 à l’âge de 22 ans. Il a maintenant 33 ans. J’ai retrouvé dans mon ordinateur la lettre que j’ai adressée à son psychiatre, son soignant de 1994 à 1996, pour lui exprimer tout mon ressentiment à son égard. Je ne lui pardonnerai jamais ce gâchis de deux ans !
Il est vrai que la psychiatrie évolue toujours. Que les psychiatres ces dernières années se sont remis en question. Mais pas tous, loin de là ! C’est ainsi qu’il existe toujours le psychiatre qui refuse de rencontrer les parents de malade psychique. Je répète les paroles d’un excellent psychiatre lors d’un congrès : « Si un psychiatre ne veut pas rencontrer les parents, quittez-le, ce n’est pas un bon psychiatre ! » Toutes les revues qui traitent de psychiatrie parlent d’« alliance thérapeutique patient-psychiatre-parents ». Bien sûr qu’en premier, l’alliance doit exister entre le patient et son psychiatre. N’est-ce pas au psychiatre de donner les explications sur la maladie à son patient ? Quelle qu’elle soit et même si ce n’est pas facile à dire. Surtout quand elle s’appelle « schizophrénie » ou « maniaco-dépression ». Certains patients sont soignés pendant des années sans que le nom de la maladie soit prononcé ; on tourne autour du pot en évoquant « psychose », « délire », « bouffées délirantes »… N’est-ce pas au psychiatre de donner le nom de la maladie à son patient ? Comment respecter un psychiatre qui n’ose pas expliquer une pathologie, qui se contente de distribuer des neuroleptiques à chaque consultation qui ne dure que cinq à dix minutes ? N’est-ce pas au psychiatre d’expliquer la raison du changement de traitement si le patient doit changer de neuroleptiques ou s’il doit augmenter ou baisser la dose ? N’est-ce pas au psychiatre de l’avertir des effets secondaires des médicaments indispensables ? N’est-ce pas à lui d’expliquer que s’il arrête les médicaments, même quand il va bien, il va rechuter dans les mois qui suivent ? Et ne pas hésiter à le répéter « n » fois ? Répéter. Répéter. Le patient manipulateur comprend mais sait aussi faire semblant de ne pas comprendre et au premier effet secondaire il arrête son traitement pour replonger dans ses délires. Ou tout simplement, il n’ira pas à la consultation en disant qu’il a « oublié » le rendez-vous. Or tous nos malades sont tout à fait capables de comprendre. Ne sont-ils pas tous intelligents, voire très intelligents ? Les effets secondaires des neuroleptiques (qui existent dans n’importe quel médicament : on le sait, aucun médicament n’est parfait puisqu’il détraque une autre partie du corps) sont importants ; entre autres, les effets parkinsoniens et la prise de poids sont des causes de non-prise de médicaments. Ces problèmes ont été largement soumis à tous les laboratoires qui doivent travailler sur l’amélioration des effets secondaires. Mais ce n’est pas l’objet du débat ici. Ce n’est pas à notre niveau que nous réglerons les enjeux économiques des laboratoires !