C’est une enquête proprement hallucinante que La Presse a publiée samedi, à propos de la prédation spirituelle faite dans nos hôpitaux et dans nos CHSLD. Des patients qui se font dire par des employés du réseau que Dieu va guérir leur cancer, que l’aide médicale à mourir est un péché, que le changement de sexe est la voie vers l’enfer…
Il y a une façon économiste de poser le problème de la psychiatrie : un Français sur trois souffrira de troubles mentaux au cours de sa vie, et ça coûte cher : en 2016, les maladies psychiatriques et les traitements chroniques par psychotropes ont coûté 23 milliards d’euros soit 14% de des dépenses de santé. La psychiatrie est donc aussi un marché (cliniques privées, laboratoires pharmaceutiques, etc.).
Pour la rapporteure (LREM) d'une mission parlementaire qui est en cours, Martine Wonner,« le financement de la psychiatrie hospitalière a besoin d’une réforme substantielle » et elle ajoute dans la même phrase : « tant dans le secteur public que dans le secteur privé ». Ce qui est une excellente nouvelle pour les cliniques privées et leurs regroupements ; car quand des néolibéraux mettent sur le même plan les services publics et des cliniques « complémentaires », c'est toujours pour ruiner les premiers et enrichir les seconds.
Elle annonce aussi vouloir « permettre le développement d’une expertise spécialisée en psychiatrie , sans toutefois renoncer à l’objectif d’une offre de premier recours réactive et accessible à toutes et tous, sur l’ensemble des territoires ». Or, cette « offre de premier recours sur tout le territoire » existe ou plutôt existait, elle fut démolie par les politiques successives de santé, on l'appelait « politique de secteur » ; c'était la déclinaison du service public dans le domaine de la psychiatrie publique. Donc il faut lire ici que seront valorisées une myriade d' « expertises » forcément spécialisées au détriment de toute conception globale et sociale du soin psychiatrique. Soit une destruction accélérée du service public ici comme ailleurs. Voici leur projet. Passons à nos combats.
Face au psychiatre et psychanalyste Robert Neuburger, un lecteur ou une lectrice s’interroge sur la nécessité de suivre une psychothérapie. Ce mois-ci : Nora, 27 ans.
Robert Neuburger : Bonjour Nora, pourquoi venez-vous me consulter aujourd'hui ?
Nora : Voilà trois ans que je suis continuellement très fatiguée. Cela fait suite au décès de ma mère. Je voudrais comprendre ce qui m’arrive. Actuellement, je vois un psychiatre qui me prescrit des antidépresseurs, mais je trouve que ça ne règle rien...
Robert Neuburger : Avez-vous d’autres soucis que cette fatigue ? demande le psychiatre.
Nora : Non, sinon que cela a fini par avoir un retentissement sur mon travail, mais tant mieux car je n’aimais pas ce que je faisais. J’avais un poste de comptable. Aujourd’hui, je suis en réorientation professionnelle. Je voudrais être éducatrice auprès de jeunes enfants. J’ai entrepris une formation qui se passe bien.
Robert Neuburger : Avez-vous une famille ?
Nora : Une sœur aînée que je vois de temps en temps, et mon père que je vois peu car nous ne sommes pas proches. Mes parents se sont séparés quand j’avais 7 ans, mon père s’est remarié et a refondé une famille ailleurs. Sinon, j’ai un compagnon depuis deux ans, qui me soutient et avec qui tout va bien.
Au Musée d'arts naïf, brut et singuliers Cécile Sabourdy, en Haute-Vienne, plongée dans "Les rivières souterraines" d'adultes souffrant de troubles psychiques.
Les Rivières souterraines, c'est le titre de l'exposition proposée jusqu'au 6 octobre au Musée d'arts naïf, brut et singuliers Cécile Sabourdy à Vicq-sur-Breuilh en Haute-Vienne. Les 150 oeuvres (dessins, peintures, sculptures) ont été réalisées entre 1980 et 2017 par des résidents du foyer des Albizias à La Courtine, un lieu de vie pour adultes souffrant de troubles psychiques et mentaux, géré par la Fondation Jacques Chirac.
Un atelier d’art plastiques est organisé au sein de ce foyer. C'est là que Maxime Goy, Patricia Martin, Béatrice Baubéaul, Christophe Lebloas, Maria-Christina Horsflield ou Marie-Claire Wallin (pour ne citer qu'une partie des trente participants exposés) ont réalisé dessins et peintures.
Plus de 120 000 femmes vivant en France ont subi une mutilation sexuelle. Des unités de soins apparaissent pour les aider à se reconstruire.
Par Anahit Miridzhanian Publié le 13 août 2019
Au cœur du 20e arrondissement de Paris, dans la bruyante rue d’Avron, une nouvelle unité du groupe hospitalier Diaconesses-Croix-Saint-Simon a ouvert ses portes pour soigner les femmes excisées [aui ont subi une ablation du clitoris]. Dans ce bâtiment moderne et sobre, une petite équipe de professionnels accueille les victimes de mutilations sexuelles.
Ce mardi 6 août au matin, quelques patientes assises sur une rangée de chaises attendent calmement leur tour. L’odeur du café flotte dans l’air. Tout juste rentré de vacances, Cyril Raiffort présente sa nouvelle unité.
Cela fait huit ans que ce gynécologue obstétricien vient en aide aux femmes désireuses de « retrouver leur identité féminine » après avoir subi des mutilations génitales. Une expérience qui l’a « profondément marqué » ; alors, à son arrivée au sein du groupe hospitalier, en février, il a souhaité poursuivre ce travail. Ce nouveau lieu d’accueil propose une prise en charge pluridisciplinaire réalisée par deux sages-femmes, un psychologue, un sexologue et un chirurgien.
La vieille idée que la langue des peuples contribue à structurer leur vision du monde est remise au goût du jour. Pourtant, elle ne résiste pas à l’examen. Un autre mythe a également la vie dure : celui que les langues non écrites sont condamnées à disparaître. Il n’en est rien, explique un linguiste.
Petite chronique inattendue d'une vieillesse sans tabou
Dans la pénombre de la chambre, un rayon de soleil passe à travers les persiennes baissées. Charles, la tête légèrement en arrière, repose assis contre la tête de lit, son corps allongé nonchalamment.
Un léger sourire flotte sur son visage, paupières baissées, le corps détendu, il tient l’épaule de Gisèle. Blottie sur son torse, sa main tendue vers les cheveux de Charles, elle caresse délicatement son cou.
Madeleine est de l’autre côté, sa tête repose, les cheveux défaits, sur son ventre ; elle ne pèse pas lourd... Ils ne bougent presque pas, elle joue de ses doigts avec les rayons de soleil pour dessiner des formes changeantes sur le sol.
Du trio émane un sentiment d’apaisement, de tranquillité, de sensualité.
La pièce baignée d’une lumière dorée, ressemble à un tableau oriental dans les appartements privés d’un pacha turc. Courtisanes, légèrement vêtues, cheveux tombants, dans la torpeur d’une journée d’été.
Embellis par cette ambiance, je ne vois plus leurs corps disloqués par la vieillesse, leurs vêtements mal enfilés et usés par le temps. Non, ce que je ressens n’est que calme, douceur et beauté.
Je referme lentement la porte qui était restée entre-ouverte ; je me sens un peu coupable de ce regard indiscret sur ce tableau d’une rare intimité.
La transition est brutale, de l’orient je passe à l’ambiance aseptisée de ces couloirs aux couleurs fades. Lumière artificielle, linos brillants gris clair, qui me rappellent à la réalité de mon travail.
Je me presse, cet arrêt improvisé m’a mise en retard. Nous sommes une poignée d’aides soignantes à connaître les aventures de Charles et à couvrir les allées et venues dans sa chambre, la numéro 8. Il faut rester discret, les familles n’apprécieraient sans doute pas.
Quand on parle du diable... j’aperçois dans le hall d’accueil la fille de Monsieur Charles accompagnée d’un jeune adolescent.
L'engagement du Dr Roland Muzelle, lauréat des Grands prix du Généraliste dans la catégorie de l'organisation des soins, ne date pas d’hier. Cela fait maintenant près de dix ans que le médecin généraliste de 68 ans, aujourd'hui à la retraite, a lancé un service d’aide pour permettre aux jeunes (4 à 17 ans) de son département (Loire), qui seraient en souffrance psychologique (trouble d'apprentissage, dépression, anorexie mentale...), d'accéder à des psychologues ou psychomotriciens.
Lisa Carayon, maîtresse de conférence en droit à l’Université Paris-13, membre du laboratoire IRIS, et Lyes Louffok, membre du conseil national de la protection de l’enfance, autrice de "Dans l’enfer des foyers" (éditions Flammarion) sont les invitées de Benoît Bouscarel.
La pression ne retombe pas sur les élus de terrain et notamment dans les conseils départementaux à travers la France, confrontés au défi de l’accueil des Mineurs Non Accompagnés. Cette terminologie administrative désigne le cas, bien souvent, de migrants, jeunes ou très jeunes, isolés, arrivés en France depuis l’Afrique sub-saharienne ou l’Europe de l’Est. Leur nombre croît - et “l’été d’autant plus que les arrivées de migrants sont plus importantes” - alors même que les moyens mobilisés en face ont du mal à suivre.
Dominique Bussereau (président de l’association des départements de France) donnait un chiffre parlant, avant-hier, dans une interview au FIGARO : "Nous sommes passés de 264 mineurs non accompagnés en 1999, expliquait-il, à 40 000 à la fin de l’année 2018". Dans le département de l’Allier (autre exemple donné par le FIGARO), il y a eu autant d’arrivées au cours du premier trimestre 2019 que sur l’ensemble de l’année 2018.
Cette start-up promet d’« apporter de la douceur » aux patients. Mais son vrai business est l’optimisation de la facturation des chambres individuelles.
C’est peu de dire que les comptoirs qui fleurissent depuis quelque temps dans le hall des hôpitaux vendent du rêve. Des hôtes et hôtesses, tout sourire, proposent au futur patient d’enregistrer sa demande de chambre individuelle. A celui hospitalisé de se faire livrer des sushis, ou de réserver une coupe-brushing. En appelant Marielle ou Angélique, le personnel soignant peut, lui, commander du pain, déposer son pressing, et même s’épargner l’achat des fournitures scolaires de la rentrée. On privilégie évidemment les commerçants locaux, les prix sont alignés sur ceux de l’extérieur. Du rêve…
Ce service de conciergerie 5 étoiles « qui fait du bien à tout le monde » et « apporte de la douceur » gagne aussi les maisons de retraite. Happytal, une start-up lancée en 2013 par deux anciens du cabinet de conseil McKinsey, en a fait sa carte de visite. Présente dans une centaine d’établissements de santé et une poignée d’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), la société, qui annonçait, il y a six mois, une levée de fonds de 23 millions d’euros, projette d’occuper 700 lieux d’ici 2023.
Le statut d'infirmier "en pratique avancée" (IPA), qui permet déjà aux soignants formés de prescrire des médicaments et examens médicaux pour certaines maladies chroniques, a été étendu à la "psychiatrie et santé mentale" par une série de textes parus mardi au Journal officiel.
Créé par la loi santé de janvier 2016, le métier d'IPA n'a vu le jour qu'en juillet 2018, après une négociation houleuse entre représentants des infirmiers et des médecins.
L'hôpital psychiatrique Sainte-Anne, à Paris, le 18 juin 2019
Ils soignent l’eczéma, les verrues, les brûlures. Parfois, ils interviennent à l’hôpital, dans les services de grands brûlés et de cancérologie, pour barrer le feu en soins palliatifs, pour accompagner les mourants. Les guérisseurs ont-ils vraiment leur place en médecine ?
Deux tiers des Français ont déjà consulté un guérisseur, et ils sont près de 5 000 à exercer dans nos villes et nos campagnes. La pratique des guérisseurs témoigne de la coexistence de différentes représentations de la maladie et du soin au sein d’une même culture. Mais comment peuvent s’articuler l’irrationalité et la science dans le soin ? Alors, quelle place donner à l’irrationnel dans nos vies, et plus particulièrement en médecine ?
Passer par l’expérience des guérisseurs souvent étonne, et pour les plus cartésiens d’entre nous dérange (…) Il nous faut ainsi réfléchir à la place de l’irrationnel et du changement. Est-ce que finalement dans le changement, la place du rationnel que l’on met souvent en premier est si importante ? Est-ce qu’on peut penser le changement en voyant la place qu'occupe l’irrationnel ?
[...] Isabelle Célestin-Lhopiteau, psychologue, directrice de l’Institut Français des Pratiques Psycho-corporelles, directrice du diplôme universitaire d’Hypnose et Anesthésie, Université Paris Sud.