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Extrait de la série «Stone Girls» (2019) de Patrick Cockpit. Photo Patrick Cockpit. Hans Lucas
Dans son dernier essai, la philosophe Fabienne Brugère revient sur les normes nombreuses et contradictoires qui pèsent sur les femmes, de la naissance à la vieillesse. Une injonction à la normalité qui fait destin commun en lieu et place d’un peu plus de liberté.
Définir une femme, dire ce qu’est le corps féminin, même Simone de Beauvoir avoue en introduction du Deuxième Sexe son incapacité à le faire précisément. «La femme apparaît comme le négatif si bien que toute détermination lui est comme limitation, sans réciprocité»,analyse-t-elle en 1949. Ecrire sur les femmes implique de déclarer «je suis une femme», affirmation de ce que l’on veut justement défaire. Soixante-dix ans plus tard, le paradoxe est toujours là.
Dans On ne naît pas femme, on le devient, qui vient de paraître chez Stock, la philosophe Fabienne Brugère, professeure à l’université Paris-VIII, dit cette difficulté à écrire. Autant romans, films, fictions, poèmes, regorgent d’histoires de femmes, autant le domaine de la pensée semble quasi muet. «Réfléchir sur elles, c’est rejoindre le néant. J’ai voulu faire l’impossible, prendre au sérieux le concept de "femme"», dit Fabienne Brugère.