L’Union européenne vient de publier un ensemble de recommandations et de règles (voir le rapport) pour développer des applications d’intelligence artificielle éthiques et responsables. Ce travail réalisé par un groupe d’une cinquantaine d’experts se révèle assez convenu, rappelant de grands principes éthiques pour orienter le secteur. Comme ironise The Verge, la plupart des propositions sont finalement un peu abstraites et en restent à des principes un peu flous et généraux.
Le philosophe et éthicien Allemand Thomas Metzinger (@thomasmetzinger) a été l’un des philosophes qui a participé à cette commission. Dans le journal allemand Der Tagesspiegel, il publie une tribune où il s’interroge pour savoir s’il n’a finalement pas participé à l’éthique washing ambiant, c’est-à-dire si le travail qu’il a accompli ne justifie pas une forme d’éthique qui n’en est pas vraiment ! D’emblée, il concède : « Le résultat est un compromis dont je ne suis pas fier, mais qui est néanmoins le meilleur au monde en la matière. » Effectivement, les États-Unis ou la Chine, leaders en matière d’IA, n’ont pas publié de lignes directrices pour orienter la R&D et le développement en matière d’IA. Ces premiers principes, bien qu’imparfaits, devraient certainement permettre d’inspirer la production future de principes de conformités légaux sur ces questions et certainement donner lieu à la production de cadres réglementaires. Mais, nous n’en sommes pas là ! Et comme le souligne le philosophe, pour l’instant, les recommandations « sont tièdes, à courte vue et délibérément vagues. Elles ignorent les risques à long terme, dissimulent par la rhétorique des problèmes difficiles (comme « l’explicabilité »), violent les principes élémentaires de la rationalité et prétendent savoir des choses que personne ne sait vraiment ».