Rome, le lundi 7 janvier 2019 – L’arrivée au pouvoir de partis politiques classés comme "populistes" est souvent observée avec une certaine réserve, pour ne pas dire avec inquiétude par le monde scientifique, notamment ces dernières années. La concurrence organisée par ces groupes politiques entre l’expertise scientifique et l’expertise populaire, au nom d’une prétendue égalité des opinions, ne peut qu’être redoutée par ceux qui fondent leur discours sur les preuves et refusent les raccourcis faciles. Sans atteindre le chaos parfois trop vite prédit, de nombreux exemples des entraves que peuvent dresser les pouvoirs "populistes" face à la science ont pu être repérés ces derniers mois. C’est ainsi par exemple que le monde scientifique américain doit désormais composer avec l’imprévisibilité d’un Donald Trump, qui n’hésite pas à propager des "fake news" médicales et scientifiques et qui a recommandé aux National Health Institute (NIH) de ne plus utiliser la formule "fondé sur les preuves".
"Des vaccins trop nombreux, inutiles et nocifs"
En Italie, l’une des premières décisions du Mouvement cinq étoiles et de la Ligue, arrivés au pouvoir en juin dernier a été de revenir sur l’obligation vaccinale qui concernait les jeunes enfants et qui était une réponse à l’affaiblissement de la couverture vaccinale et à ses conséquences déjà visibles : la résurgence de la rougeole dans la péninsule (obligation vaccinale que l’on voit en France contestée par certains groupes à l'idéologie proche). Loin de s’inscrire uniquement dans une vision philosophique refusant le recours à la contrainte, ce choix a également été dicté par des présupposés contraires à l’ensemble des données scientifiques sur les vaccins. Le vice-président du Conseil, Matteo Salvini, a ainsi affirmé qu’il considérait « en tant que père » que les vaccins étaient « trop nombreux, inutiles et nocifs ». Pour le docteur Walter Ricciardi, qui était jusqu’à fin décembre le président de l’Institut supérieur de la santé (ISS) (un centre équivalent à l’INSERM français), cette déclaration illustre, parmi d’autres, le caractère non pas seulement « non scientifiques » mais « anti-scientifiques » des positions du gouvernement. C’est cette sortie de Matteo Salvini et d’autres orientations du gouvernement qui l’ont conduit fin décembre à démissionner de l’ISS, bientôt imité par d’autres responsables de l’institution.