En couple avec Luis D. à partir de 2008, Vanessa raconte avoir découvert un homme jaloux puis rapidement violent. Photo Cyril Zannettacci
Condamné en première instance à douze ans de réclusion pour les viols de trois anciennes compagnes, Luis D. comparaît ce mardi devant la cour d’appel de Versailles. Ces femmes témoignent dans «Libération» de ce crime encore souvent minimisé.
Elles sont trois. Trois femmes puissantes qui ont trouvé le courage de dénoncer en justice les viols qu’elles auraient subis de la part d’un seul et même homme. Particularité ? Cet homme, Luis D., aujourd’hui âgé de 45 ans, fut à un moment de leur vie un conjoint, un père pour l’enfant que chacune a eu avec lui, mais aussi un bourreau, selon leurs dires. Lui conteste les faits qui lui sont reprochés. Il devra pourtant s’en expliquer à compter de ce mardi devant la cour d’appel de Versailles (Yvelines), où il comparaît pour viols conjugaux.
Ce procès semble hors-norme à plusieurs titres : d’abord par le nombre de plaintes et de témoins faisant état de pareils faits appelés à la barre, et parce qu’il met en lumière un crime encore trop souvent banalisé. En atteste le récent «sondage»polémique publié sur Twitter par Fun Radio : «Charlotte ne supporte pas que son mec lui fasse l’amour la nuit quand elle dort. Vous trouvez cela normal ?» Sur 583 répondants, 51 % ont estimé qu’il était anormal que la dénommée Charlotte s’insurge d’un tel comportement, pourtant puni par la loi. Dans la foulée, des chroniqueurs de l’émission Touche pas à mon poste, diffusée sur C8 et présentée par Cyril Hanouna, ont livré des analyses douteuses sur le sujet. «Employer le mot "viol" pour ça, c’est une honte pour les gens qui sont violés. […] On sait vraiment ce que c’est que le viol. […] C’est pas un viol en l’attachant, en la contraignant», a notamment déclaré Matthieu Delormeau, suscitant une vague de protestations, y compris de la part de la secrétaire d’Etat en charge de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a quant à lui reçu des centaines de plaintes. Il semble donc toujours bon de rappeler ce qu’est vraiment le viol, tel que défini par l’article 222-23 du code pénal : «Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence, contrainte, menace ou surprise.» Peine encourue : quinze ans de prison, qui peuvent passer à vingt ans en cas de circonstances aggravantes. Et le fait d’être en couple en est une, depuis 2006.