C’est sans doute le mal le plus handicapant pour un musicien : l’acouphène, ce sifflement continu dans l’oreille. Aujourd’hui, le milieu prend de plus en plus conscience des dangers liés au son. Témoignages.
Parmi les musiciens célèbres souffrant d’acouphènes, on trouve Bono, Noel Gallagher, Phil Collins ou encore Ozzy Osbourne.Photo Paul Rousteau pour Libération
«Les gens, c’est chargé d’émotion que je vous annonce qu’il me faut arrêter la musique pour une durée indéterminée.»Nous sommes en septembre 2016, sur sa page Facebook, le rappeur belge Veence Hanao annonce dans un long message une pause dans sa carrière. «Au cours des deux derniers mois, j’ai vu plus de tabliers blancs que de potes. […] La vérité, c’est qu’aucun ne sait. Aucun ne soigne.» La raison de son mal être ? «Quinze piges que j’me bats contre des crises récurrentes de surdité, des acouphènes de plus en plus invalidants, et les angoisses qui en découlent. […] Tu rêves de silence, mais il n’existe plus. Quant à la musique, n’en parlons pas. Une chose est sûre : elle m’a apporté trop de belles choses pour qu’elle devienne souffrance.» La musique qui devient une souffrance, en termes médicaux, cela s’appelle des acouphènes : un sifflement constant dans l’oreille que seule la personne concernée peut entendre. Beaucoup de gens en ressentent en rentrant de soirée après une forte exposition sonore, mais pour certains le sifflement ne disparaît pas. C’est ce qui est arrivé à Veence Hanao qui résume aujourd’hui, laconique : «A un moment dans ma vie, il y avait de la musique, de la joie, des gens dans les salles qui écoutaient ce que j’avais à raconter. Et un jour, je n’entendais plus rien et j’avais ce sifflement.»