Clément Rosset, décédé le 27 mars dernier, était l’un des plus grands philosophes français. C’était aussi un compagnon de route de “Philosophie magazine”. Nous lui rendons ici hommage.
L’infirmière Lucie Da Costa s’approche d’une dame de 83 ans, assise dans son fauteuil roulant dans un corridor du Foyer du Bonheur. Elle lui tend une poupée, bien emmaillotée dans une petite couverture. « Pouvez-vous bercer mon bébé s’il vous plaît ? » L’octogénaire accepte sans broncher, fière d’avoir une responsabilité. Et c’est en berçant cette poupée qu’elle a pu graduellement arrêter de prendre son antipsychotique.
La tension ne retombe pas autour de l'EPSM de la Sarthe : pas question d'intégrer le GHT du CH du Mans. Ses injonctions restant sans effet, l'ARS Pays de la Loire a décidé de stopper le paiement des médicaments mais aussi de la collecte des déchets et de l'affranchissement du courrier. En réponse, l'hôpital veut réquisitionner le comptable public.
Chaque jour qui passe, le conflit s'enlise un peu plus encore entre l'établissement public de santé mentale (EPSM) de la Sarthe, situé à Allonnes en périphérie sud-ouest du Mans, et l'ARS Pays de la Loire, quitte à s'approcher plus encore du point de non retour. Dans un courrier daté du 9 avril, le directeur général de l'ARS, Jean-Jacques Coiplet, a en effet signifié au directeur de l'hôpital psychiatrique, Vincent Thomas, qu'il suspend le paiement des mandats de médicaments par le responsable de la trésorerie hospitalière du Mans (lire notre article). Par une nouvelle lettre lue ce 26 avril lors d'une séance extraordinaire du conseil de surveillance de l'EPSM, l'arrêt des paiements a cette fois été étendu à la collecte des déchets ainsi qu'à la location de la machine à affranchir le courrier, a confirmé Vincent Thomas ce 27 avril à Hospimedia*.
Chargé par le président de la République Emmanuel Macron, fin 2017, de proposer un plan de bataille pour les banlieues, Jean-Louis Borloo, ancien ministre de l'Écologie de Nicolas Sarkozy et ministre délégué à la Ville de Jacques Chirac, a rendu ce jeudi 26 avril son rapport au premier ministre Édouard Philippe.
Dans un document de plus de 150 pages, il consacre un volet à la santé. Son but : rompre l'isolement médical des quartiers prioritaires de la ville (QPL) et garantir à tous la protection et l'accès aux soins.
Les quartiers prioritaires de la ville présentent un « déficit de l'offre de soins », constate-t-il. La densité en professionnels de santé de proximité – généralistes, dentistes, infirmiers, kinésithérapeutes, sages-femmes – y est « deux fois inférieure à ce qu'elle est dans les unités urbaines englobantes ». Les praticiens spécialistes y sont « 3,2 fois moins présents ». Le déséquilibre est encore « plus marqué pour les psychiatres, gastro-entérologues et les ophtalmologues », note Jean-Louis Borloo. Des chiffres cohérents avec ceux publiés par l'Observatoire national de la politique de la ville (ONPV) en 2016.
Dans « Insouciances du cerveau », le philosophe conteste aux neurosciences le pouvoir de tout dire du moi et de la pensée.
LE MONDE| |Par Jean-Paul Thomas (Collaborateur du « Monde des livres »
Le philosophe Emmanuel Fournier, en 2014. EMMANUEL FOURNIER/CC BY-SA 4.0
Le prestige des neurosciences et des sciences cognitives porte au conformisme. Il est téméraire de se montrer irrévérencieux à leur égard, tant la moindre réserve est tenue pour de l’insolence et fait courir le risque d’une marginalisation. Aussi est-ce sur les doigts d’une main que se comptent les impertinents qui entendent ne pas céder à l’intimidation. Emmanuel Fournier est l’un d’eux. Précédé d’une Lettre aux écervelés, Insouciances du cerveau présente un duel : l’auteur affronte les neurosciences et l’imagerie cérébrale en un combat à fleurets mouchetés.
Ils sont 700 000 à « bénéficier » d’une mesure de tutelle par an en France, et ce chiffre est en augmentation et continuera probablement à croître dans les prochaines années.
Manque de moyens, personnel débordé, entre burn out, dépression et suicide : l’hôpital est-il en train de craquer ?
"L'hôpital n'est pas une marchandise. On n'est pas là pour être rentable." Ce coup de gueule, c'est celui de Sabrina, en septembre 2017 à Paris, lors de la Marche des hospitaliers. Sa colère est représentative de ce qui se passe depuis quelques années dans l'hôpital public en France. Grèves, protestations au sein des services et sur les réseaux sociaux : les personnels dénoncent un manque de moyens humains et matériels.
"CHU Leaks" à Toulouse : une fuite de 26 000 "fiches d'incidents"
Tous les hôpitaux sont plus ou moins touchés par ce ras-le-bol. Au CHU de Toulouse, ce sont des documents internes qui attestent de nombreux dysfonctionnements. En septembre 2017, l’émission Envoyé spécial et le site d'investigation local Mediacités révèlent 26 000 fiches d'incident qui auraient dû rester confidentielles.
À chaque fois qu'un problème survient dans le service d'un établissement hospitalier, un soignant peut remplir une fiche pour le signaler à sa hiérarchie. Beaucoup des petites pannes quotidiennes de matériel figurent dans ces fiches. Mais certaines rapportent des incidents graves. "Sur l'ensemble de ces documents, il y en a plus de 1 000 qui signalent des problèmes de conditions de travail, de manque d'effectifs, observe Sylvain Morvan, rédacteur en chef de Mediacités. Selon les cas, ces problèmes mettent en danger la vie des patients."
Cette fuite massive de 26 000 fiches d’incident représente trois ans et demi de la vie de l'hôpital, de septembre 2013 à mars 2017. Elles sont systématiquement transmises à la direction, qui parfois répond et tente de trouver une solution. "70 % de ces fiches sont remplies par un service entier ou de façon anonyme", regrette Anne Ferrer, directrice par intérim du CHU de Toulouse. On ne peut pas répondre concrètement à quelqu'un si la démarche n'est pas nominative."
"9 heures après son hémorragie cérébrale, elle n'a toujours pas passé de scanner"
Le but de ces fiches est de signaler un dysfonctionnement. Mais à travers elles, c'est parfois l'exaspération qui transparait. Une infirmière en gynécologie se retrouve un jour seule avec une aide-soignante à devoir s'occuper de 14 patientes. Elle écrit que "l’équipe est épuisée physiquement et moralement", et parle de "sentiment de travail mal fait et mise en danger la vie des patients".
Autre exemple révélé par Mediacités : le 5 août 2016, un jeune médecin doit faire passer un scanner à une patiente dans un état critique, avec une suspicion d'hémorragie cérébrale. Mais il n’y a personne pour la transporter sur les lieux du scanner, qu'elle effectue finalement après 9 heures d'attente. La patiente décède trois jours plus tard.
Malgré des avancées, le projet de décret sur la pratique avancée infirmière peine à faire l'unanimité dans les rangs de la profession. Elle publie, ce 27 avril, un plaidoyer contre la nouvelle mouture du texte qui exclut la santé mentale et la psychiatrie et rigidifie les règles d'exercice.
Ils réagissent par "devoir moral", "obligation éthique et déontologique". Les infirmiers, au travers de leurs principales instances représentatives, fédérations, associations, syndicats et ordre*, montent au créneau ce 27 avril, au lendemain d'une entrevue à la direction générale de l'offre de soins (DGOS). Ce rendez-vous marquait la fin de la concertation sur le projet de décret en conseil d'État posant les jalons de la pratique avancée. Le texte devrait être encore modifié à la suite de ces échanges, pourtant les infirmiers restent inquiets et le rappellent dans un plaidoyer commun, transmis à la ministre en charge de la Santé, au Premier ministre, ainsi qu'au président de la République.
La conférence des présidents de CME de CH spécialisés en Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) demande un "gel immédiat" du mécanisme de péréquation financière des dotations aux établissements en psychiatrie. Celui-ci mettrait en difficulté certains d'entre eux. L'ARS annonce des "ajustements" au cas par cas pour les hôpitaux les plus pénalisés.
La réponse de Jeanine Joy, doctorante et chercheuse au Happiness 1st Institute:
Selon l'Association américaine de psychiatrie, «les maladies mentales sont des problèmes de santé induisant des bouleversements cognitifs, émotionnels et/ou comportementaux. Les maladies mentales sont associées à un état de détresse et/ou des dysfonctionnements dans les activités sociales, professionnelles et/ou familiales».
Le lien étroit entre une mauvaise santé mentale et les risques de survenue de coûteuses maladies chroniques indique que les ressources utiles pour prévenir les maladies mentales ou à en accélérer la guérison ont des bénéfices traduisibles en économies de santé physique.
BDDécouvrez les premières planches de la bande dessinée qui raconte l'immersion d'Aurélien Ducoudray et Jeff Pourquié au sein d'une structure d'accueil pour « personnes atteintes de troubles psychiques »
Le scénariste et le dessinateur sont allés animer un atelier BD « thérapeutique » dans un établissement psychiatrique atypique.
Le duo d’auteurs raconte la difficulté des premiers contacts avec les résidents et le personnel.
Présentée sous forme de BD reportage, La troisième population est plutôt une « BD témoignage ».
« Dingos », « tarés », « fadas du village »… A travers les sobriquets réservés aux malades mentaux transparaît le trouble qu’inconsciemment ils inspirent. Trouble dont le scénariste Aurélien Ducoudray et le dessinateur Jeff Pourquié n’étaient pas affranchis lorsqu’ils sont allés animer un atelier BD « thérapeutique » dans un établissement psychiatrique atypique.
C’est une première : le petit robot humanoïde intelligent NAO agrémenté de la solution Zora, va bientôt circuler parmi les résidents et le personnel de l’EHPAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) Lasserre à Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine, après avoir réussi une phase de test de 15 jours fin mars. La convention de mise à disposition de Zora a été signée lundi 20 avril par le maire (UDI) André Santini, en sa qualité de président du centre communal d’action sociale, qui a acheté Zora sur proposition de l’EHPAD.
« Les humanoïdes nous envahissent, n’ayez crainte, ils sont bienveillants ! » plaisante l’édile lors d’une conférence de presse sur le sujet. Selon lui, « la robotique apparaît de plus en plus comme une solution adéquate pour nos seniors, c’est pourquoi il faut encourager les initiatives ».
Comme l’explique l’un de ses deux concepteurs, Fabrice Goffin, directeur exécutif de la société QBMT, Zora, acronyme flamand de « Zorg Ouderen Revalidatie en Animatie », signifiant « Soins, revalidation et animation pour les personnes âgées », est un « logiciel » intégré aux robots humanoïdes NAO de la société française Aldebaran. Cette dernière, leader mondial dans la fabrication des robots humanoïdes, est justement basée à Issy-les-Moulineaux.
NAO agrémenté de la solution Zora est conçu pour apporter aide et assistance au personnel en charge des personnes âgées des maisons de retraite. Aldebaran a aussi développé des applications pour les enfants atteints d’autisme dans des écoles spécialisées. En milieu hospitalier, il intervient déjà en pédiatrie, en neurologie et en réadaptation pédiatrique, entre autres.
Entièrement programmable, le petit robot coloré de 58 centimètres de haut et de 5,4 kg est autonome ; doté de capteurs, il voit, il entend et se déplace librement. De quoi convaincre les personnes âgées et le personnel de son utilité.
« C’est une aventure intérieure, une découverte de soi, un périple en terres hostiles… » prévient la quatrième de couverture de cette bande dessinée exceptionnelle dont l'héroïne principale estla psyché de Jason, sombre étudiant aux idées torturées, plongé dans le vortex d'un mal inconnu : la schizophrénie ! Jason livre un combat de tous les instants avec cette chose qui grouille et qu'il ne sait nommer. Il y a tour à tour espoir et découragement, désir de répit et descente aux Enfers. Qu'est-il arrivé à Jason ? Comment va-t-il s'extraire de ce cauchemar ? L’écriture de Léane est proprement sidérante et l’illustration de Pioc (qui quitte là son graphisme joyeux pour rentrer dans une œuvre grave et à dimension artistique !) la rend « criante » de vérité.… Les deux artistes-auteurs ont chacun dans leur coin vécu ces moments douloureux où tout s’effondre autour de soi et, pire, à l’intérieur. Ils ont su magnifiquement nous les décrire. C’est une œuvre rare !