Les psychologues expriment leur mécontentement face au gel d'un projet qui devait leur permettre de facturer leurs prestations à l'assurance de base, sur prescription d'un médecin.
Un projet était en cours, mais il a été interrompu par le Département fédéral de l'Intérieur (DFI), en raison du contexte politique et de la crainte de voir les coûts de la santé exploser davantage encore.
Les psychologues ne sont actuellement reconnus que partiellement par l'assurance de base, sur le modèle de la "délégation". La responsabilité incombe en effet à un médecin ou un psychiatre qui, de fait, est leur patron.
A l’époque, Daniel Cohn-Bendit avait interpellé le ministre des sports sur les « problèmes sexuels des jeunes », mais la question a été peu abordée pendant le mouvement. C’est ensuite que la parole s’est peu à peu libérée.
« Jouissez sans entraves », « Plus je fais l’amour, plus j’ai envie de faire la révolution. Plus je fais la révolution, plus j’ai envie de faire l’amour »… Les graffitis inscrits sur les murs de Paris en mai 1968 ont construit une légende : ce joli mois marquerait l’an I de la révolution sexuelle.
Un mythe que déconstruit patiemment Michelle Zancarini-Fournel. « Il faut distinguer les représentations qui se sont imposées au cours des décennies qui ont suivi 1968 et les pratiques réelles de l’époque », prévient l’historienne, qui a dirigé, avec Philippe Artières, 68. Une histoire collective (1962-1981) (La Découverte, 2008).
La journaliste Ondine Millot a rencontré Dominique Cottrez, condamnée pour avoir tué huit bébés à la naissance. Pour essayer de comprendre l’infanticide et de retrouver l’humain derrière l’horreur.
Chez Dominique Cottrez, en janvier 2015.Photo Aimee Thirion
Un vendredi de janvier 2015, Ondine Millot - ancienne journaliste justice à Libération devenue freelance - a pris le train pour le nord de la France. Elle s’est assise dans une cuisine face à une dame au visage anxieux : «la femme qui a tué ses huit bébés», l’auteure du «plus important infanticide jamais commis en Europe», disaient les médias. Ondine Millot, elle, se moque bien des records morbides, n’éprouve ni fascination pour l’épouvante ni frisson pour le sordide. Ce qu’elle veut c’est savoir. Savoir comment «les blessures se transforment en armes». Observer «les engrenages».Chercher «ce que le drame révèle de la société». «Faire autre chose que de relater en boucle des faits désespérants», écrit-elle. Alors, les voici face à face, dans cette cuisine impeccable, autour de la toile cirée beige où sont posées de petites tasses en porcelaine. Dominique Cottrez ne dit rien, son large corps est totalement immobile, ses yeux bleu gris pétrifiés. Pendant un certain temps, la journaliste écoute le glouglou de l’aquarium, le tic-tac de l’horloge, elle contemple le canari orange fluo puis les autocollants Ratatouille collés sur le frigo. Elle bafouille quelques mots, hasarde des questions, note des bribes sur son carnet puis hésite : «N’est-ce pas indécent de rester là à creuser le malheur ?» L’interviewée, quant à elle, se force à répondre d’une voix timide. En dix phrases décousues, elle balaie cinquante ans d’existence. «Ni pause, ni dialogue.» «Pas de détails, pas de récit.» Seulement le glouglou de l’aquarium, le tic-tac de l’horloge, le silence qui remplit la pièce et la tristesse qui mouille les yeux. Lorsque Ondine Millot repart, Dominique Cottrez lui dit : «Ça m’a fait du bien de vous parler.»
Dans sa série « Big Brother », le photographe britannique Louis Quail a saisi la vie quotidienne de Justin, son frère schizophrène. Des images qui questionnent, en filigrane, notre rapport à la maladie mentale dans une société ultranormée.
Justin, 59 ans, a une passion : partir dans la nature, loin de tout, avec ses jumelles, pour observer les oiseaux, dont il dresse la liste avec soin – fauvette, martin-pêcheur, bécasse, héron, bergeronnette… Justin est aussi schizophrène. Le photographe britannique Louis Quail, son frère, lui consacre Big Brother, un livre-portrait, et expose ses images au festival Circulation(s), à Paris. « Quand notre mère est morte, en 2010, raconte-t-il, j’ai passé beaucoup de temps avec Justin et je me suis dit que son histoire méritait d’être racontée. Pour sensibiliser les gens, et peut-être l’aider lui aussi. »
Le PSYtruck vous donne rendez-vous ce samedi au marché de Borderouge. A droite, Emmanuelle Bourlier, l'une des instigatrices de ce projet./ Photo DDM, S.V et DR.
Emmanuelle Bourlier, présidente de l'association «Toutes voiles dehors» (qui réunit des usagers de la psychiatrie) vient de participer au lancement du premier PSYtruck toulousain, avec Pascale Fine Lestarquit, chargée de programme en santé publique, à la mairie de Toulouse.
Le PSYtruck a déjà fait deux sorties dans le cadre des Semaines d'information de la Santé mentale. Il fera sa troisième ce samedi 24 mars, sur le marché de Borderouge, de 8 heures à 13 heures. «C'est gratuit, annonce Emmanuelle Bourlier. Tout le monde peut venir avec ses questions et sa curiosité, sans à priori par rapport à la santé mentale.»
Ce PSYtruck toulousain – blanc, reconnaissable à ses tables et chaises installées devant – s'est inspiré d'une initiative grenobloise mise en place par le professeur Julien Dubreucq. «Le 10 mars, nous avons mis le camion du PSYtruck devant le métro du Capitole et nous avons pu accueillir des gens qui s'interrogeaient sur la santé mentale. On leur a proposé des tests de connaissances. Cela a donné lieu à des discussions très riches et de belles rencontres entre des usagers, des professionnels en psychiatrie et le public», se réjouit Emmanuelle Bourlier.
En effet, le PSYtruck réunit des usagers de la psychiatrie comme Emmanuelle, – autrement des personnes qui sont suivies par un psy ou qui prennent un traitement –, mais aussi des psychiatres, des internes ainsi que des proches de malades.
Le syndicat CGT s'alarme quant à l'éventuelle fermeture de l'unité d'hospitalisation à temps plein du pôle de santé mentale de Vire-Normandie (Calvados).
Jeudi 15mars à l’issue d’une réunion qui s’est tenue entre la direction de l’hôpital de Vire et l’établissement public de santé mentale de Caen, un cadre du service a fait part de l’éventuelle fermeture de l’unité d’hospitalisation à temps plein (USTP) du pôle de santé mentale de l’hôpital. C’est en tout cas ce que confirme Nathalie Guénéron, infirmière au sein du centre d’accueil de jour Anémone. Une situation que dénonce également le syndicat CGT de l’hôpital. l’infirmière explique :
Sans ce service à Vire, les patients seront orientés vers Caen car la psychiatrie ne fait pas partie du groupement hospitalier de territoire avec Flers
Renée Defay, 67 ans, raconte sa maladie et parle du «Cercle des insensé(e)s» dans lequel elle joue. Une lecture-spectacle qui tourne cette semaine en Suisse romande à l’occasion des 15es Journées de la schizophrénie. Première à Lausanne, ce soir
«Je me suis réveillée, éberluée de peur, dans un présent insurmontable, à un point culminant de la folie…» Renée Defay, 67 ans, vit depuis 1984 dans les filets de la maniaco-dépression. La plupart du temps, elle en sort et décrit avec précision le calvaire où elle se sent «prisonnière de son imaginaire» – elle a déjà publié trois livres. Mais parfois, à la suite d'un choc notamment, les portes du délire se referment sur elle et la sexagénaire se débat avec ses obsessions. Renée fait partie des quatre actrices psychotiques du Cercle des insensé(e)s, une lecture-spectacle originaire d’Auvergne qui sillonne la Suisse romande dès ce mardi, à l’enseigne des 15es Journées de la schizophrénie. Plongée dans une vie secouée.
Une longue peine, comment ça se raconte ? C’est étrange ce mot qui signifie punition et chagrin en même temps. Ainsi s’exprime Didier Ruiz lorsqu’il entreprend la mise en scène de son dernier spectacle monté avec d’anciens détenus de longue peine. Dans le temps suspendu des répétitions on voit se transformer tous ces hommes – le metteur en scène y compris. Le film raconte la prison, la façon dont elle grave dans les chairs des marques indélébiles et invisibles.
Cessons de considérer que le viol fait partie de la nature humaine, affirme Maïa Mazaurette, chroniqueuse de « La Matinale ». Le concept de culture du viol, souvent mal compris, constitue un levier remarquable pour changer nos réflexes.
LE MONDE| |Par Maïa Mazaurette
Le viol, les abus, sont-ils une fatalité ? Font-ils partie de la nature humaine… et plus précisément d’une certaine nature masculine ? Au regard des derniers chiffres diffusés par l’Ifop, qui font état de 12 % de femmes violées et de 43 % touchées et caressées contre leur gré, on pourrait prêter le flanc au pessimisme. Ce serait pratique : en déclarant la partie perdue d’avance, nous nous dédouanons des efforts nécessaires pour changer la situation. Les abuseurs vont adorer.
Ce laisser-faire prend la forme de discours désabusés et absurdes : « C’est comme ça, ma bonne dame », « Les accidents sont inévitables », « On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs » (traduction : « On ne fait pas de sexualité sans casser des gens »). On imagine la même logique appliquée aux autres injustices : « Il y aura toujours des enfants victimes de maltraitance, cessons de nous en préoccuper. »
Trêve de mauvaises nouvelles, nous disposons aujourd’hui d’une ressource remarquable pour sortir du fatalisme : le concept de « culture du viol ». Lequel n’est malheureusement pas toujours bien compris. On pense à un encouragement, à une célébration du viol, alors qu’il s’agit surtout d’inertie et de vieux réflexes. On ne saura donc trop recommander la lecture d’un essai tout récent, qui synthétise brillamment ces enjeux : En finir avec la culture du viol, aux éditions Les Petits Matins. Son auteure, Noémie Renard, fournit une quantité redoutable d’exemples concrets. En voici quelques-uns (la liste n’est évidemment pas exhaustive).
Alexandra Palt, directrice de la Fondation L’Oréal, montre dans une tribune au « Monde » comment les préjugés sur les femmes – dans le domaine de la santé ou de l’intelligence artificielle, par exemple – influent sur les résultats de la recherche scientifique.
LE MONDE | |Par Alexandra Palt (Directrice générale de la Fondation L’Oréal)
Tribune. Alors que ces derniers mois resteront sans doute dans l’histoire collective ceux de la libération mondiale de la parole des femmes dans les domaines du cinéma, dans le monde politique, des ONG ou encore de l’entreprise, il reste un secteur où les voix sont demeurées plus silencieuses : le milieu scientifique, alors même qu’il est confronté à une disparité de genre dont nous devrions tous, en tant que société, nous émouvoir.
Si la proportion de femmes engagées dans des carrières en science a augmenté, bien que trop lentement, nombre d’entre elles se heurtent encore à des obstacles pour y accomplir de longs et florissants parcours, pour accéder à des postes à responsabilité ou encore pour avoir accès à des financements. Résultat : aujourd’hui, seulement 11 % des postes à responsabilité dans les institutions académiques de l’Union européenne par exemple, sont exercées par des femmes. Moins de 30 % des chercheurs sont des femmes et seulement 3 % des Prix Nobel scientifiques leur ont été attribués.
Plus un pays est inégalitaire en termes économiques, plus la performance des filles par rapport aux garçons se détériore, expliquent dans une tribune au « Monde » les trois économistes auteurs d’une analyse publiée dans « Science ».
LE MONDE ECONOMIE| |Par Thomas Breda (CNRS-Ecole d’économie de Paris), Elyès Jouini (Université Paris-Dauphine) et Clotilde Napp (CNRS, université Paris-Dauphine)
Tribune. Aux évaluations nationales de CE2 et de 6e, au brevet ou au baccalauréat, les filles obtiennent de meilleurs résultats que les garçons. Elles sont plus nombreuses à se voir attribuer des mentions au baccalauréat et ont des parcours scolaires plus aisés et plus fluides : elles redoublent moins, sont moins susceptibles de décrocher du système scolaire, sont plus nombreuses à faire des études supérieures, font des études plus longues.
Mais ces résultats, manifestement à leur avantage, n’empêchent pas leur sous-représentation dans les filières scientifiques. Or ce sont ces filières qui mènent assez largement aux professions les mieux rémunérées et aux postes les plus haut placés. Les filles sont moins représentées en classes préparatoires scientifiques et en écoles d’ingénieur. Les doctorants en sciences sont, à une écrasante majorité, des hommes. Plus on monte dans l’échelle du prestige et de l’expertise, moins les femmes sont représentées dans les domaines scientifiques.