Les disparités de genre pourraient être encore aggravées par l’émergence de la ville dite « durable et intelligente », redoute le géographe Yves Raibaud. Il est temps de rétablir la mixité – et donc l’égalité devant l’impôt, plaide-t-il.
Spécialiste de la géographie du genre, Yves Raibaud est enseignant-chercheur à l’université Bordeaux-Montaigne. Il est l’auteur de La Ville faite par et pour les hommes (Belin, 2015).
Vous dénoncez depuis longtemps la banalisation du harcèlement des femmes dans l’espace urbain et ses conséquences sur leurs droits. Avez-vous été surpris par la libération de la parole sur ce sujet ?
Cette prise de parole corrobore nos études de géographie sur la place des femmes dans la ville et le harcèlement de rue. Le sentiment d’insécurité y est totalement asymétrique : la nuit, on constate une baisse de fréquentation des rues piétonnières de 25 % à 50 % pour les femmes, qui adoptent des stratégies d’évitement.
Quand des lieux publics ou des lignes de bus ne sont plus fréquentés que par des hommes, il existe une discrimination devant l’impôt. Ce qui est choquant, c’est que cette situation ait été acceptée si longtemps par les pouvoirs publics.