Eric Caillon est psychiatre des hôpitaux dans la région parisienne depuis trente ans. Il porte un jugement très sévère sur l'évolution de ses conditions de travail : "Elles se sont beaucoup dégradées parce que ces trente dernières années, la psychiatrie a été déstigmatisée. Les patients ont plus facilement accès à la psychiatrie." Aussi, paradoxalement, cette déstigmatisation a, selon lui, compliqué l'accès aux soins : "Parce qu'il y a de moins en moins de psychiatres, parce que le diplôme d'infirmier psychiatre a disparu, parce que les délais d'attente sont considérablement allongés et parce qu'il y a des endroits en France où il n'y a pratiquement plus de psychiatres."
Moins de personnels dans les hôpitaux
Plus de psychiatres, mais aussi moins de personnel dans les hôpitaux pour s'occuper des patients : "Ce matin, témoigne-t-il, je vois un de mes patients, je lui demande comment il va et il me répond: 'Je suis très ennuyé parce que depuis trois jours je n'ai pas pu prendre de douche. Et je me tourne vers l'infirmière qui était aussi désolé que moi et qui me dit : 'On n'a pas pu, on n'était pas assez dans le service.'"