Par Nathalie Versieux, Correspondante à Berlin — 9 septembre 2016
Les services d’aide psychologique et les bénévoles sont confrontés à l’afflux de migrants souvent traumatisés par la guerre.
Mohammed D., 27 ans, réfugié syrien échoué seul en Bavière, après la mort de sa femme et de son fils de 6 mois dans un bombardement, souffrait d’un syndrome post-traumatique. Il est mort le 24 juillet dans l’explosion de la bombe artisanale qu’il portait dans son sac à dos. La détonation de l’engin devant une salle de concert d’Ansbach a également fait quinze blessés parmi les spectateurs qui attendaient à l’extérieur. C’est le premier attentat-suicide revendiqué en Allemagne par l’organisation de l’Etat islamique. Le destin criminel et tragique de Mohammed D. a choqué les Allemands, inquiets de ces «bombes à retardement», ces malades psychiques traumatisés par l’expérience de la guerre, qui pourraient se trouver parmi le million de réfugiés arrivés l’an passé en Allemagne. La trajectoire de Mohammed D. a ainsi relancé le débat autour de la prise en charge psychologique des réfugiés traumatisés. 40 % des demandeurs d’asile souffriraient de troubles psychiques qui les empêcheraient de s’intégrer, selon une étude de 2008.
Petite femme brune et énergique, Meryam Schouler-Ocak reçoit dans son bureau, sous les toits de l’hôpital St Edwig, en plein cœur de l’ancien quartier juif de Berlin. Une table face aux arbres de la cour intérieure, des étagères remplies de classeurs, deux tableaux aux murs, un sol rouge brique… Meryam Schouler-Ocak dirige le département de l’hôpital universitaire de la Charité, chargé de l’accueil en psychologie ambulatoire des personnes issues de l’immigration. Depuis trois ans, le service ne désemplit pas. L’essentiel des patients sont aujourd’hui des réfugiés.