Pas si facile de balayer les préjugés liés aux troubles mentaux, ni d’intégrer dans la société ceux qui en souffrent.
ZOOM
L’exposition « Mental désordre » immerge le visiteur dans Le cri de Munch. / Nicolas Krief / Cité des Sciences
Dépression, anorexie, troubles bipolaires, schizophrénie, addictions… Selon l’OMS, une personne sur quatre souffrirait de troubles mentaux à un moment de sa vie. Même si ces termes recouvrent un large spectre de pathologies, de gravité et de durée très variables, ils constitueront en 2020 la première cause d’invalidité. Pourtant ils demeurent l’objet de préjugés tenaces.
Un stéréotype pour chaque maladie
Avouer que l’on est en dépression reste difficile. Et plus encore que l’on souffre de troubles bipolaires, ou d’une schizophrénie. Les représentations varient selon la nature des troubles, observe Luc Mallet, psychiatre et chercheur en neurosciences à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM).
« À chaque catégorie de maladie correspond un jugement moral. Les schizophrènes sont associés à une représentation de violence, alors qu’ils passent très exceptionnellement à l’acte, et sont au contraire plus souvent victimes d’agressions que les autres. Les troubles bipolaires bénéficient d’une image plus positive, alliant imprésivibilité et créativité – même s’il s’agit d’un autre stéréotype. » Et on dit encore souvent à un déprimé qu’il a tout pour être heureux et n’a qu’à « se secouer ».
« Les patients comme les familles vivent avec une grande difficulté ces stigmatisations ; elles génèrent un repli et un isolement qui peuvent être dramatiques », souligne le psychiatre. Elles entraînent un retard dans l’accès au soin et dans l’observance des traitements. Beaucoup n’osent pas aller consulter un psychiatre ou demander de l’aide.