LE MONDE | | Par Vincent Dewitte (Mont-de-Marsan, correspondant)
Elle se porte au bout d’un lacet noué autour du cou, se garde au creux de la main ou vient se loger au fond d’une poche de pantalon. « Cette clé, ça change tout, témoigne Félix dans un couloir, toutes portes ouvertes, du centre pénitentiaire Pémégnan, à Mont-de-Marsan. Avec cette clé, j’ouvre et je ferme la porte de ma cellule moi-même, je peux me déplacer librement. En fait, c’est une sorte de semi-liberté en milieu fermé… »
Incarcéré depuis plus de cinq ans, cet ancien de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne) arbore, ce vendredi 22 janvier, sourire et jolie paire de baskets bleues. « C’est un cadeau du centre pénitentiaire Pémégnan », explique-t-il fièrement. Un cadeau pour bonne conduite prévu dans le cadre des « modules de respect », une nouvelle forme de détention inspirée du modèle espagnol « Respecto », testée depuis un an dans l’un des deux centres de détention de cette prison des Landes, et vouée à se développer dans toute la France.
Derrière l’enthousiasme de Félix, il y a un pari réussi. Après un an de fonctionnement, cette réponse unique en France à un plan de lutte national contre les violences en prison offre « des résultats qui dépassent les espérances ». « C’est simple, en douze mois, il n’y a pas eu une seule violence physique sur les surveillants », se félicite Sophie Bleuet, directrice de l’interrégion pénitentiaire Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes.