À l'occasion de son adoption en octobre dernier, la ministre de la Santé, Marisol Touraine avait affirmé que la Protection universelle maladie (PUMA) est une " réforme majeure qui simplifiera radicalement les conditions requises pour ouvrir le droit à remboursement ".
Les principaux objectifs de la Puma, qui entrera officiellement en vigueur demain 1er janvier, sont, en effet, de réduire au strict minimum les démarches administratives et les situations nécessitant de changer de caisse ; de supprimer les ruptures de droits et, enfin, d'offrir davantage d'autonomie et de confidentialité à tous les assurés concernant la prise en charge de leur frais de santé.
L’époque est à la colère, à la déprime et au chagrin. Et le discours dominant martèle – jusqu’à l’épuisement – la rengaine du déclin. La résignation est de mise : l’impuissance politique, la désillusion économique, les états de violence permanents, l’anomie sociale, l’inégalité endémique, les opérations de police mondialisées, le nihilisme et le djihadisme mondialisé seraient notre horizon, presque notre destinée. Orient contre Occident, islam versus chrétienté, eux contre nous : la guerre des mondes serait une fatalité.
Or l’Histoire revient. Tragiquement, le plus souvent, comme lors des tueries qui ont « ensanglotées » Paris en janvier et en novembre derniers. Malgré le fracas des armes, elle fait aussi entendre d’autres possibles, comme en témoigne le combat mondial pour endiguer la dévastation planétaire, du réchauffement climatique aux projets de « développement » aberrants. Et l’histoire, entendue comme la science du passé, fait aussi un retour remarqué sur la scène des idées.
L’entrée de Patrick Boucheron au Collège de France est l’un des signes manifestes de ce mouvement. Ce n’est donc pas un hasard si, lors de sa leçon inaugurale du 17 décembre, l’historien débuta son discours destiné à fixer le cap de sa chaire « Histoire des pouvoirs en Europe occidentale XIIIe-XVIe siècle » par une histoire bien vivante : celle de la place de la République de Paris où se recueille le peuple d’une ville-monde à nouveau meurtrie par les massacres du 13 novembre.
Cette leçon – dont nous reproduisons ici des extraits choisis avec l’auteur – est symbolique pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce qu’avec Patrick Boucheron, c’est l’histoire ouverte sur la pluralité des mondes et des aires géographiques qui s’affirme. Tout comme son collègue au Collège de France, l’Indien Sanjay Subrahmanyam, Patrick Boucheron préfère, en effet, le décentrement du monde au choc des civilisations, l’histoire globale au roman national et l’histoire connectée à l’obsession de l’identité (Histoire du monde au XVe siècle, Fayard, 2009 et L’Entretemps, Verdier, 2012).
D'après une première étude américaine, publiée dans le Journal Clinical Gastroenterology and Hepatology, les psychothérapies seraient efficaces pour atténuer les symptômes du syndrome de l'intestin irritable (SII), sur le long terme.
C'est la première fois que des chercheurs s'intéressent aux effets à long terme des psychothérapies comme traitement du syndrome de l'intestin irritable (SII). Pour Lynn S. Walker, auteur principal de l'étude et médecin au Vanderbilt University Medical Center, la découverte est "significative car le syndrome de l'intestin irritable (SII) est une maladie chronique, fluctuante qui n'a pas de traitement adapté".
LE MONDE CULTURE ET IDEES | | Propos recueillis par Julie Clarini
Professeur émérite de psychopathologie clinique à l’université d’Aix-Marseille et psychanalyste, Roland Gori s’est fait connaître pour sa réflexion sur la médicalisation de l’existence (La Santé totalitaire, Denoël, 2005) et sa critique des nouvelles formes de contrôle social (L’Empire des coachs, Albin Michel, 2006). En 2009, il fut l’un des initiateurs de l’« Appel des appels » qui rassemblait des critiques venues de professionnels du soin et de l’éducation sur la « transformation de l’Etat en entreprise ». Depuis, il a signé de nombreux ouvrages, dont le nouveau L’Individu ingouvernable, qui paraît aux éditions Les Liens qui libèrent.
Quel regard portez-vous sur les terroristes qui ont agi le 13 novembre 2015 ?
Pour moi, il est très clair qu’il s’agit de mouvements fascistes. Souvenons-nous que les fascistes espagnols criaient : « Viva la muerte ». L’essence du gouvernement fasciste, c’est la terreur. Je parle de fascisme parce qu’un des opérateurs par lesquels se fabrique l’homme fasciste, c’est l’effacement de la pitié et l’éloge de la cruauté. La mise en spectacle des assassinats par l’organisation Etat islamique (EI) est une propagande par la cruauté pour effacer ce qui constitue le socle de l’identification à l’humanité, à savoir la compassion. Ils substituent à une humanité fondée sur le partage du vulnérable (Pic de La Mirandole disait que la dignité de l’homme, c’était cette vulnérabilité extrême) une fraternité fondée sur le meurtre et le sang.
Le parquet de Paris a ouvert, mercredi 30 décembre, une enquête préliminaire pour harcèlement moral après le suicide sur son lieu de travail d’un cardiologue de l’hôpital parisien Georges-Pompidou.
Cette enquête a été diligentée sur fond d’accusations de « luttes claniques » au sein de l’établissement, et d’un avertissement qui n’aurait pas été pris en compte sur la souffrance de ce médecin. Il s’était défenestré le 17 décembre en fin d’après-midi.
Un médecin « objectivement maltraité »
Après avoir porté plainte, sa veuve a été entendue mardi, a précisé une source proche de l’enquête. Les investigations ont été confiées à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de la PJ parisienne. Dans une lettre rendue publique, un chef de service de psychiatrie, le Pr Bernard Granger, avait interpellé le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Martin Hirsch.
Un patient en psychiatrie sur deux pris en charge au CH Édouard-Toulouse dans les secteurs des quartiers nord de Marseille n'a pas de logement. D'où un impact direct sur les prises en charge et une embolisation du parcours au niveau des hospitalisations complètes. Le CH présente donc ses nombreuses initiatives lancées pour pallier ces difficultés.
L'alcoolisme au travail ne doit pas être un sujet tabou en Ehpad, car tout directeur d'établissement peut se trouver confronté à une telle situation. Quelles sont les règles applicables, la gestion des situations individuelles et la démarche de prévention collective à suivre dans ce cas ?
LA SOLUTION
Consécutive à une importante absorption d'alcool, l'ivresse ponctuelle se traduit par des propos incohérents, de l'agitation et des troubles moteurs. Si l'alcoolisation chronique, due à la consommation excessive et régulière d'un salarié, est souvent peu dommageable socialement à ses débuts, elle peut mener à une dépendance affectant ses compétences professionnelles. La baisse de l'efficacité, de l'initiative, de la vigilance, de la mémorisation et de la coordination sont des signes évocateurs. L'altération de la rapidité et de la précision entraîne des erreurs, des malfaçons et des dégâts matériels. Ivresse et alcoolisation chronique sont responsables de troubles du comportement — absences répétées du poste de travail, désinhibition, conduite dangereuse, manque de confiance en soi, fuite des responsabilités, incapacité de prendre des décisions, irritabilité, agressivité et hypersensibilité face aux contretemps.
L'ouvrage* sorti le 11 décembre est le fruit d'un travail collaboratif et pluridisciplinaire, mené au quotidien dans les permanences d'accès aux soins de santé (Pass). La présidente du collectif, Claire Georges-Tarragano, médecin à l'hôpital Saint-Louis (AP-HP), revient sur les idées novatrices de ce manifeste, "pour un juste soin au juste coût".
Hospimedia : "Pouvez-vous nous parler du collectif Pass dont vous êtes la présidente, comment est-il né ?
Claire Georges-Tarragano : Le collectif Pass est né du besoin de regroupement des acteurs des Pass qui ont comme particularité de faire de la médecine générale et de s'occuper de situations de précarité. Ces activités n'apparaissent souvent pas comme "rentables", ce qui fait que les Pass ne sont pas valorisées et pas suffisamment défendues dans les établissements. D'une part, parce qu'on est aujourd'hui dans une approche de logique hospitalière technique et spécialisée et, d'autre part, du fait de la logique financière, en particulier de la T2A, qui s'inscrit dans une perspective de production d'activité. Les Pass sont dans une autre logique peu connue et peu reconnue. D'où la nécessité et le besoin de se regrouper pour essayer de se faire connaître. Et au-delà de ça, de montrer le côté "micro-modèle" du système d'organisation des soins. On a donc commencé à se réunir en 2006-2007 au niveau de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), puis ça s'est étendu à la région. Et c'est venu progressivement à l'échelon national, à la suite du premier colloque national en 2011. Notre collectif se constitue petit à petit et vient du terrain.
Les activités des Pass apparaissent souvent comme "non rentables", ce qui fait qu'elles ne sont pas valorisées et pas suffisamment défendues dans les établissements.
Le CH Camille-Claudel de Cognac (Charente) s'agrandit. Il a acquis courant 2011 un nouveau site, ancienne maison des viticulteurs de la commune, pour y implanter le centre médico-psychologique (CMP), le centre d'accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP) et le centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) Agora, déjà existants. Le montant de cette opération est estimé à 820 000 euros (€) et le coup d'envoi du chantier a été donné courant octobre, pour une durée de dix mois environ. Cet établissement public de santé mentale a en charge l'ensemble de la psychiatrie publique dans le département de Charente. Le dispositif mis en place à Cognac répond aux besoins de la population du deuxième pôle urbain du département, après Angoulême, de l'enfance à l'âge adulte, par des équipes pluridisciplinaires.
Maîtriser son stress. C’est la promesse de Melomind, un casque capable d’analyser l’activité cérébrale à des fins de relaxation, et censé » arriver sur le marché en 2016. Peut-on y croire à ce stade de développement ? Le point avec le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre.
Melomind serait un « coach personnel de relaxation qui vous aide à mieux gérer votre stress et à suivre vos progrès n’importe où et à n’importe quel moment de la journée ». C’est la promesse de myBrain Technologies, la société française qui a mis au point ce casque audio. Cet accessoire très design a été créé par deux docteurs en neurosciences, en partenariat avec l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM, hôpital la Pitié-Salpêtrière, Paris). Il est censé « vous aider à améliorer vos capacités cérébrales afin d’atteindre la paix intérieure ».
Selon cette enseignante en philosophie, «Game of Thrones», «Harry Potter» ou Jean-Jacques Goldman sont autant de moyens pour dialoguer avec Hobbes, Hume ou Platon.
Marianne Chaillan enseigne la philosophie et l’éthique appliquée à Aix-Marseille. Pour cette adepte de la pop philosophie, le divertissement est aussi une occasion de cultiver son âme.
Se divertir, c’est d’abord une pratique d’esquive, un moyen de se détourner d’une réalité déplaisante ?
Au sens pascalien, le divertissement désigne effectivement une activité d’esquive. Il ne s’agit pas de s’amuser mais de se détourner d’une réalité oppressante. Toute activité est alors prise dans le divertissement, non pas seulement celles qui sont divertissantes, au sens commun du terme, mais aussi des activités plus sérieuses en apparence, comme la rédaction d’un article dans Libération ! Pendant que je réponds à vos questions, je ne pense pas à la maladie ou à la mort. Pascal, dans les Pensées, nous rappelle que «le dernier acte est sanglant, quelque belle que soit la comédie en tout le reste : on jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais». Voilà une pensée qui n’est pas faite pour nous réjouir. Pire, elle nous angoisserait plutôt. Aussi, faut-il tâcher de n’y point songer. Comment ? En se divertissant.
Le 30 septembre 1937, Antonin Artaud, expulsé d'Irlande, est «débarqué» au Havre. Quelques jours plus tard, il est transféré à l'asile départemental d'aliénés de Seine-Maritime de Sotteville-lès-Rouen, dans le quartier hommes de Quatre-Mares. Les lettres qu'il rédige alors décrivent avec acuité le vécu d'angoisse et de désespoir d'un aliéné, masquant son identité sous des noms d'emprunt pour manifester toutes ses récriminations avec une énergie hors du commun qui le caractérisera tout au long de sa vie.
Quelque 150 chercheurs et patrons d'entreprise ont ouvert à Montpellier les voies de la médecine du futur, sur le cancer, Alzheimer ou encore la psychiatrie.
Pourra-t-on, demain, mieux connaître et mieux soigner la dépression ? Être enfin efficace contre Alzheimer ? Trouver le traitement le plus adapté contre le cancer du pancréas, un des plus difficiles à soigner ? Ce sont des pistes ouvertes par les biomarqueurs, au centre des échanges de quelque 150 chercheurs et patrons de start-up, ces “jeunes pousses” innovantes et économiquement prometteuses venues de Lyon, Paris, l'Alsace, l'Aquitaine, et surtout de Montpellier, point de rendez-vous ce jeudi 17 décembre.
Le philosophe serait porté à la mélancolie, mais ils sont nombreux, de Aristote à Nietzsche, à prôner la pratique de l’humour et du rire.
Les vertus du rire pour notre corps et notre santé sont nombreuses, disent les psychologues. Le rire permet de réduire la perception de la douleur. Le rire est une drogue bienfaisante. Selon certains neurobiologistes, il y aurait des émotions communes d’amusement dont le rire et le sourire seraient l’expression.
«L’homme est le seul animal qui rit», affirme Aristote, qui ajoute : lorsque l’on rit, «la pensée est mise en mouvement en dépit de la volonté la plus ferme». Le rire donne une impulsion à la réflexion. Il est à la fois apaisant, stimulant, énergisant. Nous aiderait-il à penser le monde ? Et si le rire était éminemment philosophique, au fond ?
Un programme de service civique dédié au secteur des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes a été lancé ce mercredi 16 décembre par Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports et l'Agence du service civique. Cette initiative doit permettre — dans ce secteur donné — la création de 17 000 missions dès 2016, et ensuite 25 000 l'année suivante, signalent les trois protagonistes du dispositif dans un communiqué commun. Plus globalement, cette initiative s'inscrit dans un déploiement à l'échelle nationale du service civique. Elle vise donc à terme l'ensemble des ministères, des associations et des collectivités qui sont appelés à offrir dès que possible "à tous les jeunes qui en feront la demande une mission de service civique".
Vitrines aguicheuses, cadeaux inutiles, sapins clignotants… Comment une fête du lien familial et social dérape-t-elle vers la consommation jusqu’à l’excès ?
Déambulant dans les rues de Paris, des réfugiés de Calais, pris en charge par des associations, ne comprennent rien. Des trottoirs pleins de gens pressés, croulant sous les paquets devant des devantures aguicheuses comme le palais d’un sultan. Se faisant expliquer le potlatch auquel se livrent les pays riches, ils s’étonnent de voir cette corvée prendre des formes inédites dans l’espace public. Ici, des animaux empaillés dans de la neige artificielle,
là, une vitrine de poupées au milieu d’arbres en chocolat poudrés d’or, plus loin des objets métalliques indéfinissables jetés autour d’un vieux terminal téléphonique noir sous un sapin clignotant. Ahurissants décors de villes soudainement méconnaissables que certains puristes fuient comme des orgies romaines qui auraient dégénéré.
Que serait une fête où l’on pourrait célébrer la possibilité de la vraie surprise ? Pour l’accueillir, il faudrait quitter l’attente. Non pas cesser d’espérer mais être à l’écoute de ce qui est déjà là.
De récentes déclarations, malvenues, sur une France supposément de « race blanche », ont suscité de vives réactions. Car, outre le caractère complètement anachronique et scientifiquement erroné du concept de race appliqué à l’espèce humaine, ces propos sous-entendent qu’il existerait une France idéale et primitive, exempte de toute influence extérieure, qui serait donc à préserver comme un patrimoine. La « France des clochers », avec son « long manteau d’églises et de cathédrales », comme l’affirmait l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy.
Cette polémique est d’autant plus malvenue qu’elle est contemporaine d’une arrivée de réfugiés sur le sol européen devenue plus importante en raison de la guerre en Syrie. Elle a relancé, parfois en creux, le débat sur le regard que la France porte sur les étrangers, sur ceux qu’elle considère comme étant étrangers, et sur les contours d’une identité nationale que des tentatives de définition récentes et avortées, parce que très discutées et discutables, à travers la création d’un ministère ayant porté ce titre entre 2007 et 2010, avaient pourtant échoué à résoudre.
Nous n’avons pas pour ambition de répondre à toutes les questions complexes soulevées par ce débat. Nous souhaitons simplement donner notre avis, depuis la place qui est la nôtre. Journaliste scientifique, historien spécialiste de la représentation de la préhistoire et préhistorien, nous proposons d’éclairer la discussion sur deux points : d’abord replacer ces questions dans la longue durée, pour montrer qu’elles n’ont, hélas, rien de nouveau ; apporter ensuite un éclairage sur nos ancêtres, c’est-à-dire ceux qui ont occupé l’actuel territoire de la France, et plus largement l’Europe, lors de la lointaine période appelée paléolithique (âge de la pierre taillée), il y a plusieurs dizaines de milliers d’années, et sur ce qu’ils nous ont légué.
Le scénario qui se dégage, loin des représentations ethno et européo-centrées, est celui de longues et complexes migrations, inhérentes à l’humanité, de mélanges de populations parfois entre espèces proches dont nous portons encore la trace dans nos gènes (Néandertal et Denisova), et d’un mode de vie à l’échelle continentale, inventé par des chasseurs-cueilleurs migrants à la peau certainement pas aussi blanche que d’aucuns la souhaiteraient.