11 JUIN 2015 | PAR ANDRÉ BITTON
Il en dépendra des luttes menées sur ce terrain, pour desserrer l'étau de la médicalisation à outrance de la vie quotidienne des populations prises en charge, pour développer des alternatives thérapeutiques et d'intégration sociale, qui fassent que des personnes promises à la seule contrainte aux soins ambulatoire ou en intra-hospitalier, puissent reprendre leur vie, leurs droits et leur liberté.
Pour M. Alain Milon, et Mmes Catherine Deroche et Elisabeth Doineau, sénateurs.
OBJET : Audition du 9 juin 2015, 15h25 à 16h50, Sénat, salle 213, 2ème étage, aile Est.
Monsieur, mesdames,
L’association CRPA, que je représente, fournit les réponses suivantes au questionnaire que vous nous avez fait parvenir, s’agissant de notre audition de cette après-midi, puisque j’ai formulé ces positions oralement.
Question 1, sur les réformes intervenues en matière d’organisation des soins psychiatriques : Sur les réformes du 5 juillet 2011 et du 27 septembre 2013, les documents que je vous ai produits répondent à cette question.
S’agissant de la loi du 21 juillet 2009, HPST (Hôpital, patients, santé, territoire), nous regrettons la politique menée en matière d’organisation de l’offre de soins en psychiatrie depuis une vingtaine d’années, et plus précisément depuis la suppression du diplôme spécifique d’infirmier psychiatrique, qui a consisté en précariser l’emploi dans les établissements et les secteurs psychiatriques, et en prolétariser les praticiens hospitaliers. Cette politique a ses effets pervers que les patients subissent : des médecins qui ne font que prescrire des traitements psychiatriques abrutissants aux effets secondaires dévastateurs, contraignant les patients qui le peuvent à fuir le service public, pour rechercher une prise en charge dans le secteur privé (si toutefois ils en ont les moyens). Ou bien ces personnels infirmiers et aide soignants, souvent intérimaires, n’ayant aucune formation adéquate en matière d’accueil des personnes atteintes de troubles mentaux, qui lors des admissions, faute de temps, d’effectifs et de formation, placent souvent sans motif légitime les personnes accueillies en isolement et sous contention, tout en les médiquant à bloc, de sorte à alléger leur charge de travail et à la viabiliser. Cela au risque d’une deshumanisation des prises en charge, d’une maltraitance systématique des patients, et d’un défaut de soins adéquats.
Nous trouvons regrettable qu'au fur et à mesure de la politique de fermeture des lits de psychiatrie menée depuis une trentaine d'années, des places à due péréquation n'aient pas été ouvertes dans les dispositifs de proximité des secteurs psychiatriques en alternative à l'hôpital.