ENTRETIEN RÉALISÉ PAR SYLVIE DUCATTEAU 27 JANVIER, 2015
AFP
Entretien avec l’historien Jérôme Krop alors que se déroule mardi et mercredi une conférence de consensus sur cette pratique de plus en plus dénoncée.
Mardi et mercredi, le Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco) organise à Paris une conférence de consensus sur le thème du redoublement et de ses alternatives. Une pléiade de spécialiste va se succéder pendant ces deux jours devant un jury tiré au sort par le Cnesco et présidé par André Tricot. A l’issue, ce jury remettra le 4 février ses recommandations qui seront diffusées dans la communauté éducative. Le gouvernement, lui, a déjà fait part de ses préférences et vient de publier un décret qui supprime quasiment le redoublement.
Auteur de La méritocratie républicaine. Elitisme et scolarisation de masse sous la IIIe République (Presse Universitaire de Rennes 2014), l’historien Jérôme Krop explique que le recours à cette pratique, souvent inefficace et qui touche majoritairement les familles défavorisées, est très lié au projet éducatif de la société.
Le redoublement est devenu une singularité de notre système scolaire, la France étant l’un des pays où les élèves redoublent le plus. Cette pratique a-t-elle toujours existé dans les écoles de l'Hexagone ? Comment s'est-elle imposée ?
Jérôme Krop. L'usage massif du redoublement à l'école publique se développe au XIXe siècle, avant la IIIe République, parallèlement au développement de la sélection. Au début des années 1850, les écoles publiques laïques étaient encore à Paris des établissements pratiquant l’enseignement mutuel.