Par Didier Fassin, professeur de sciences sociales à l’Institute for Advanced Study de Princeton (New Jersey)
Après le temps de la sidération, le temps de la communion et le temps du recueillement autour des victimes des assassinats des 7, 8 et 9 janvier, devra venir le temps de la réflexion sur ces événements tragiques. Or l’émotion légitime et l’apparent consensus qui en a résulté tendent à délimiter l’espace du pensable et a fortiori du dicible. Un périmètre de sécurité idéologique impose ce qu’il est acceptable d’interroger et ce qui ne saurait l’être.
Condamner est nécessaire, analyser devient suspect. « Il y en a assez de toujours essayer de comprendre. À force de trop vouloir expliquer, nous avons fait preuve de complaisance depuis trop longtemps », me disait une personnalité de gauche connue pour ses engagements citoyens. Comprendre, ce serait déjà justifier. Ne plus comprendre, donc : se contenter de juger. Non seulement les tueurs, mais aussi les lycéens de Seine-Saint-Denis qui ne veulent pas respecter la minute de silence, les musulmans qui refusent de dire qu’ils sont Charlie, les personnes qui n’ont pas manifesté le 11 janvier, les collectivités qui offrent la possibilité de repas hallal dans les cantines des écoles – et les chercheurs qui essaient, justement, de comprendre.
Qu’advient-il des personnes atteintes de maladie mentale qui commettent des crimes violents? Où sont-elles gardées? Comment sont-elles traitées? On en sait très peu sur les institutions médicolégales —autrefois appelées asiles pour criminels aliénés — où certaines de ces personnes sont internées pendant des années, à l’abri des regards du public.
Les Services funéraires de la Ville de Paris rendront hommage, samedi matin au crématorium du Père-Lachaise, à ceux qui ont fait don de leur corps à la science. Cette cérémonie laïque et collective, à la mémoire des « morts sans corps », est une réponse à l’absence de cérémonie et à l’absence de lieu de recueillement pour ces familles.
« Quand il y a don du corps, les familles sont dépossédées de leur défunt et souvent ne peuvent pas organiser d’obsèques », explique à l’AFP François Michaud Nérard, directeur des services funéraires de Paris. « Or, c’est un besoin très profond pour les humains d’organiser des rites funéraires », poursuit ce responsable.
Chaque année en France, 2 600 personnes font don de leur corps à la science (dont 800 en région parisienne). Ces dons permettent aux facultés de médecine et aux hôpitaux de réaliser des travaux de recherche et d’enseignement.
Le Collectif pour une psychiatrie de progrès invite dans un texte les professionnels à tirer parti du projet de loi de santé, qu'il décrit comme « une occasion de nouer davantage de liens entre les acteurs de terrain et d'améliorer les parcours des usagers ». Ce collectif de psychiatres, créé en 2013 (lire notre actu Pour une psychiatrie de progrès), se présente comme un think tank sur les évolutions nécessaires en psychiatrie.
Pour les signataires, le projet de loi, très critiqué, fourre-tout est certes « technocratique », mais il peut aussi être une opportunité pour une mobilisation des acteurs de terrain en direction d’une auto-organisation, pour peu que ces professionnels des champs sanitaire, médico-social, social, ainsi que les usagers, s’emparent des dynamiques d’élaboration collective, des diagnostics partagés, des processus des contrats locaux de santé…
Pour mettre fin à l’encombrement des hôpitaux par les malades habitués, M. le Dr Babinski a proposé la construction d’établissements nouveaux, intermédiaires entre l’hôpital et l’asile de nuit, où tous les demi-malades seraient admis quand ils le voudraient sur la présentation d’une carte spéciale délivrée après un examen médical sérieux. Ils y seraient soignés, en temps de crise, par des médecins des hôpitaux. Mais on ne les admettrait plus – sauf exception – dans les autres établissements. En dehors des périodes d’accès, ils y trouveraient un refuge la nuit et une alimentation suffisante pour les mettre à l’abri de la faim, mais insuffisante pour les inciter à rester éternellement à l’asile et leur enlever le désir de trouver du travail.
Nous sommes professeurs en Seine-Saint-Denis. Intellectuels, adultes, libertaires, nous avons appris à nous passer de Dieu et à détester le pouvoir. Nous n’avons pas d’autre maître que le savoir. Ce discours nous rassure et notre statut social le légitime. Ceux de Charlie Hebdo nous faisaient rire ; nous partagions leurs valeurs. En cela, cet attentat nous prend pour cible. Même si aucun d’entre nous n’a jamais eu le courage de tant d’insolence, nous sommes meurtris. Nous sommes Charlie pour cela.
Mais faisons l’effort d’un changement de point de vue, et tâchons de nous regarder comme nos élèves nous voient. Nous sommes bien habillés, confortablement chaussés, ou alors très évidemment au-delà de ces contingences matérielles qui font que nous ne bavons pas d’envie sur les objets de consommation dont rêvent nos élèves : si nous ne les possédons pas, c’est peut-être aussi parce que nous aurions les moyens de les posséder.
Nous partons en vacances, nous vivons au milieu des livres, nous fréquentons des gens courtois et raffinés. Nous considérons comme acquis que La Liberté guidant le peuple et Candide font partie du patrimoine de l’humanité. On nous dira que l’universel est de droit, et non de fait, et que de nombreux habitants de cette planète ne connaissent pas Voltaire ? Quelle bande d’ignares… Il est temps qu’ils entrent dans l’Histoire : le discours de Dakar le leur a déjà expliqué. Quant à ceux qui viennent d’ailleurs et vivent parmi nous, qu’ils se taisent et obtempèrent.
Deux jours après la Marche républicaine, qui a réuni plus de 4 millions de personnes en France en hommage aux victimes des attentats contre Charlie Hebdo le 7 janvier, à Paris, et en région parisienne les 8 et 9 janvier, Gilles Kepel, professeur à Sciences Po et auteur notamment de Passion française. Les voix des cités (Gallimard, 2014), analyse le sens des manifestations de solidarité organisées en France contre le terrorisme et pour la liberté d’expression, et décrypte la représentation du monde des djihadistes.
Que vous inspire la marche républicaine organisée ce week-end à Paris et en France ?
La marche est un sursaut vital de la société française, et de tous les peuples qui l’ont soutenue en envoyant défiler leurs dirigeants, contre un nouveau type de terrorisme djihadiste, celui de Daech [organisation Etat islamique; EI], qui s’est infiltré par les réseaux sociaux au cœur de l’Europe pour la détruire en déclenchant la guerre civile entre ses citoyens et résidents musulmans et non musulmans.
Dessinateurs « blasphématoires », musulmans « apostats », policiers, juifs, sont les cibles de prédilection. La marche a senti ce défi mortel et a explicité un premier réflexe, massif, de résistance. Mais Daech a identifié précisément des clivages culturels, religieux et politiques, et s’est donné pour objectif d’en faire des lignes de faille. Et il ne faudrait pas sous-estimer le danger : une bataille a été gagnée hier, mais il reste beaucoup à faire.
Comment reconstruit-on en France un pacte social après le 7 janvier ?
Si une large majorité de nos concitoyens de confession musulmane sont convaincus de la nécessité du pacte républicain, d’intégration de l’islam à la culture française, de même que juifs, chrétiens ou libres-penseurs ont construit ce processus historiquement, il existe aujourd’hui un pôle d’attraction djihadiste hostile à ce pacte. Toute la difficulté est de relativiser les choses, sans amalgame, mais sans se dissimuler la réalité. Et dans ce cadre-là, l’enjeu de dire les normes sur ce que sont nos valeurs communes et ce qui est inacceptable est essentiel. C’était le grand défi des manifestations du week-end : car si la société civile ne dit ni ne fait rien, ce consensus peut s’effriter.
La logique du clivage civilisationnel structure la vision du monde de Daech. Français et Européens, mais aussi les musulmans, doivent en avoir conscience, car ils sont les premiers concernés. Et le véritable débat est de savoir comment renforcer un pacte social qui identifie ce clivage comme un danger mortel et parvient à le contrer. C’est la seule manière de surmonter une situation où il faut le reconnaître, c’est l’Etat islamique et sa culture qui mènent le jeu – comme Al-Qaida le menait au soir du 11-Septembre, avant d’être vaincue quelques années plus tard.
La tuerie de Charlie Hebdo, et de l’hypermarché casher de Vincennes, représente un remake culturel du 11 Septembre, selon les modes opérationnels qui sont désormais ceux de EI. Après le 11 Septembre, il y a eu aux Etats-Unis une sorte de réarmement moral au sens noble du terme : un nouveau consensus sur les valeurs, mais aussi des dérives. Il importe d’en tirer les leçons.
Elsa Cayat était psychanalyste mais aussi chroniqueuse à Charlie Hebdo. Elle a trouvé la mort dans l’attentat de mercredi 7 janvier. Deux de ses patients, l’écrivain Alice Ferney et Éric Reignier, chef d’entreprise, consultant en conduite du changement, lui rendent un hommage à deux voix.
Elsa Cayat, la psychanaliste et chroniqueuse pour Charlie Hebdo qui a perdu la vie lors de l’attentat du 7 janvier.
Éric Reignier
J’avais rendez-vous ce mercredi soir avec Elsa Cayat. Deux fois par semaine, j’ai rendez-vous avec elle. Pour la première fois, sa porte était fermée.
Elle tendait la main comme pour un baise-main. Elle se déplaçait à grand pas en croassant un « Alors, dites-moi… » Elle s’asseyait, laissait tomber par terre ses chaussures, recroquevillait sous elle ses pieds nus et répétait « Alors racontez-moi… »
Alice Ferney
Elsa Cayat a été assassinée hier avec les esprits libres de Charlie Hebdo. Elle était psychiatre et psychanalyste, depuis très longtemps ! disait-elle avec vigueur, pour confirmer la passion qu’elle avait de son métier et sa foi dans l’exercice qu’elle en proposait. Elle avait créé pour le journal la rubrique Divan de psy. Ce n’était pas une blague, c’était de l’intelligence pure. Comprendre le psychisme humain autant que la société d’aujourd’hui, les nouveaux vides et les nouvelles souffrances, elle y travaillait dans ses éditos, ses livres et sa pratique. Elle avait beaucoup écouté et beaucoup lu. « Y a deux types qui ont dit des trucs, Freud et Lacan. Les autres ont répété. » Elle était radicale et ouverte, elle se marrait aussi.
Le concept freudien de la pulsion de mort repensé sous l’éclairage de certaines avancées théoriques actuelles en psychanalyse, de la philosophie et de l’anthropologie, de façon à questionner l’éthique dans notre modernité.
Le monde actuel, dans la vérité qui s’y déchaîne, nous demande, en tant qu’analystes, de penser à nouveau le concept des pulsions de mort, questions soulevées par l’échange entre Freud et Einstein à l’approche de la catastrophe de la seconde guerre mondiale qui a couvert le XXe siècle.
Livre essentiel, avec lequel Fethi Benslama fait le point sur une vingtaine d’années de travail. Travail exemplaire qu’il n’y a que lui à mener, lequel consiste à ne pas tenir pour rien les aspects fondamentalement subjectifs qui président à tout conflit ; dans le cas présent aux conflits qui dévastent les terres d’Islam. Des Musulmans, comme il est trop communément convenu de dire en Occident, suffit-il de parler en termes historiques, sociaux, économiques, géo-politiques ? Autrement dit : de masses ? Que peut-on en apprendre de déterminant en se servant des outils de la psychanalyse, par exemple ? Outils dont Fethi Benslama use ici d’une façon qui fera date, comme a fait date son livre "La Psychanalyse au risque de l’islam".
Le DrPhilippeSopena, médecin généraliste à Paris et ex-vice président de MG France, ainsi que d’autres acteurs dans la mouvance santé du Parti socialiste, lancent un long appel* à« tenir bon » sur le tiers payant généralisé (TPG),« une vraie et bonne réforme ».
Le texte diffusé aux médecins, et plus largement aux acteurs de la santé (militants associatifs, mutualistes, syndicalistes, universitaires, usagers...) risque de provoquer de vifs remous dans la profession. Il affirme que les « médecins libéraux, notamment les généralistes » dont la principale exigence est aujourd’hui le refus du TPG« se trompent de combat », et qu’ils ne doivent pas se laisser « manipuler ».
Jean Mercier, un octogénaire poursuivi pour avoir aider à se suicider son épouse souffrant d’une fragilité osseuse et atteinte de dépression est passé en jugement mardi devant le Tribunal correctionnel de Saint-Etienne. L’homme -dont le procès avait été reporté en novembre dernier-a déclaré avoir eu besoin de "beaucoup de courage" pour accomplir cet acte. Sa fille Marie-Pierre lui a apporté son soutien, en déclarant : "ma mère n'était pas une malade incurable, mais moralement, mentalement, elle ne pouvait plus supporter la vie". Jean-Luc Romero, président de l'association pro-euthanasie ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité) et présent à Saint-Etienne pour soutenir Jean Mercier, a profiter de l’occasion pour souligner que "la Loi Leonetti sur la fin de vie ne fonctionne pas en France ", évoquant le "débat sans vote qui doit avoir lieu sur ce sujet à l'Assemblée nationale", la semaine prochaine, ainsi qu'une proposition de loi à l'initiative d'EELV .
Auteur de travaux sur la violence, la prison et l’humour, le psychanalyste Jacques André se penche sur l’immense élan collectif qui a suivi les attaques tétanisantes de la semaine dernière.
Jacques André est psychanalyste. Il a travaillé sur la violence, la prison, l’humour. Il est l’auteur des 100 Mots de la psychanalyse (PUF) et de Paroles d’homme (Gallimard).
Qu’est-ce qu’un psychanalyste peut dire de ce qui s’est passé la semaine dernière ?
La position du psychanalyste est tellement mêlée à celle du citoyen… Pour ma part, je n’ai jamais connu de moment comme ça, où la vie psychique collective est à ce point prévalente. Et pas juste parce qu’il devient quasi incorrect d’évoquer sa vie personnelle au regard de l’immensité de ce qui se passe.
Je pourrais parler de ce qui se passe pour moi. Je ne me sens plus seulement le fils d’une histoire familiale, d’une filiation parentale, comme tout le monde, mais aussi le fils d’une culture, d’une philosophie, d’un esprit, d’une nation même. Moi qui ai horreur du nationalisme, c’est comme si ce mot reprenait un sens. Le mot «peuple» aussi, qu’on manie habituellement à tort et à travers, comme si cet être psychique collectif acquérait pour une fois une cohérence.
Il faut un événement comme celui-là pour s’apercevoir que cette histoire - et pas juste l’histoire de France, on voit bien que c’est l’histoire des idées, de la démocratie - est inscrite, et transmise. Ce qu’on n’a pratiquement aucun moyen de repérer dans d’autres circonstances. Bon, Charlie Hebdo,ce n’est pas Voltaire mais, en même temps, il y a quelque chose qui passe par le boulevard Voltaire, de la République à la Nation. C’est très étonnant de découvrir à quel point nous sommes habités par ça, à notre insu.
RencontreCelui qui a repris la direction du Département de santé mentale et de psychiatrie aux HUG veut y «créer une bonne ambiance».
Jean-Michel Aubry,directeur Département de santé mentale et de psychiatrie des Hôpitaux universitaires de Genève.Image: Pierre Abensur Il s’attelle à une lourde tâche. S’il en a conscience, il le montre subtilement, sans se départir d’un sourire tranquille. Depuis le 1er janvier, Jean-Michel Aubry dirige le Département de santé mentale et de psychiatrie des Hôpitaux universitaires de Genève. Un département et une discipline qui ont souffert ces dernières années. De nombreux médecins sont partis, dénonçant de mauvaises conditions de travail et critiquant le grand pouvoir du chef du département, sur fond de restrictions budgétaires.Cette nomination vise-t-elle à tourner une page? «Je n’ai pas été nommé pour cela et je m’entends bien avec Panteleimon Giannakopoulos, qui quitte naturellement la direction du département après dix ans, s’empresse de dire Jean-Michel Aubry. Mais chacun a ses idées et il y aura certainement des changements.»Lire la suite ...
Des voisins de l'hôpital de Cannes s'émeuvent de croiser des patients du pôle santé mentale en promenade dans le quartier, en pyjama et parfois pieds nus.
Le problème est vraisemblablement récurrent selon les témoignages des riverains mais finit par poser question, voire inquiéter.
FaridBenyettou, l’ex-mentor des frères Kouachi, peut-il exercer le métier d’infirmier en France ? Peut-on devenir professionnel de santé après avoir été condamné en 2008 pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ?
Le jeune-homme de 33 ans, qui était encore en contact avec ChérifKouachi il y a deux mois, a répondu à sa manière à cette question dans une interview publiée par iTélé. Dans cette vidéo de près de 3 minutes 30, FaridBenyettou condamne fermement l'attentat de « CharlieHebdo » des frères Kouachi et qualifie les assassinats de « lâches et monstrueux ».
Avec à l'ordre du jour hier soir et aujourd'hui «le harcèlement et les jeux dangereux en milieu scolaire», le réseau ADO 32 animé par le docteur Chantal Dejean propose aux adultes de s'informer et d'échanger au contact notamment du docteur Catheline.
Le réseau ADO 32 organisait hier soir à Auch, une conférence tout public autour de la question «mon enfant est harcelé : comment réagir?» animé par le docteur Nicole Catheline, psychiatre de l'enfant et de l'adolescent au CHU de Poitiers. Sur le thème plus large des «harcèlements et jeux dangereux en milieu scolaire», ADO 32 réunit aujourd'hui au centre hospitalier, le docteur Catheline et d'autres intervenants dont le docteur Chantal Dejean ainsi que Mme Ceccato, principale du collège de Fleurance et référente départementale sur le harcèlement, pour une journée d'information et d'échanges avec les professionnels directement concernés par ces problématiques.
C’est l’établissement namurois qui coordonnera le projet se déroulant dans des institutions psychiatriques de 11 pays européens.
Le Centre Saint-Martin coordonne un projet européen d’échanges de futurs pros de la santé mentale. Un tutorat pour mieux former la relève.
Il est un secteur de la médecine qui intrigue et fascine autant qu’il effraye. Celui de la santé mentale. À sa simple évocation, certains se remémoreront l’asile, théâtre de l’intrigue de Vol au-dessus d’un nid de coucou, le best-seller de Ken Kesey magnifié à l’écran par Milos Forman en 1975…
En 40 ans, les lieux et les pratiques ont pourtant évolué. Mais le milieu psychiatrique souffre toujours de ces vieux stéréotypes… même parmi les professionnels.
VIDÉO - Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik estime que les terroristes islamistes sont volontairement façonnés selon une mécanique identique à celle qui a amené au régime nazi
Il n'y a plus d'accueil d'urgences désormais à la Clinique 10 mais une « unité d'appui et de régulation ».
Une nouvelle filière de prise en charge psychiatrique est opérationnelle, depuis lundi, en Cornouaille. Avec deux points d'entrée : les centres médico-psychologiques et les urgences de proximité.
C'est une illustration de la volonté de l'Union hospitalière de Cornouaille et de ses cinq établissements adhérents d'organiser les prises en charge en filières de soins. Dans le champ psychiatrique, le nouveau dispositif mis en place lundi s'appuie sur deux types d'unités pour les patients de plus de 16 ans : les sept centres médico-psychologiques de l'EPSM Gourmelen répartis sur le territoire d'une part ; les services d'urgence de proximité de Quimper, Concarneau, Douarnenez et Pont-l'Abbé en lien avec l'Unité médico-psychologique du centre hospitalier de Cornouaille d'autre part. « Le centre médico-psychologique est le pivot, le principal point d'entrée du patient qui, suivi en ambulatoire, à des contacts réguliers avec nos professionnels. En 2013, 78 % des 9.595 personnes suivies par l'EPSM Gourmelen ont été pris en charge uniquement par les CMP. Nous renforçons leurs missions. Si une hospitalisation est décidée lors d'une consultation, le patient sera alors directement pris en charge par une seule équipe de secteur, du CMP jusqu'à l'unité d'hospitalisation à l'hôpital Gourmelen. Le patient n'aura plus à passer par plusieurs étapes et donc à devoir éventuellement raconter plusieurs fois son histoire », insiste Pascal Bénard, le directeur de l'EPSM.
Souvent considérée comme une maladie de filles, l’anorexie mentale touche de plus en plus de garçons. Sébastien et Lucas en parlent à cœur ouvert.
Petit, j’étais bouboule, commence Lucas, 17 ans. Je ne me sentais pas très bien dans ma peau. Il y a environ un an, j’ai maigri suite à une appendicectomie. Cette perte de poids m’a donné de l’assurance. Alors, j’ai commencé à moins manger, puis à me faire vomir. Au début, je gardais ça secret. Jusqu’au jour où mon entraîneur de tennis a signalé à ma mère que je n’étais pas très en forme." Cette alerte confirme alors les soupçons de Julie, la maman de Lucas. "J’avais déjà des doutes sur ses vomissements. Lucas quittait souvent la table très vite. Il était déprimé, il maigrissait. Je me suis renseignée sur Internet concernant l’anorexie. Et je me suis dit: voilà, on y est. J’ai directement mis cartes sur table avec lui. Il m’a tout dit. On a pleuré tous les deux." Julie a aussitôt contacté un médecin spécialisé et un psychologue. Mais malgré sa prise en charge, Lucas a continué à maigrir. "On le pesait tous les vendredis matin, il perdait chaque semaine un ou deux kilos, poursuit la maman. A un moment, j’ai dit stop. Il fallait l’hospitaliser." Lucas ne pesait plus que 45 kg pour 1 m 62.
L’anorexie... Un trouble alimentaire généralement associé aux jeunes filles souhaitant ressembler aux mannequins faméliques qui défilent sur les podiums et dans les magazines. Mais cette maladie concerne aujourd’hui de plus en plus de garçons. "Il y a trois ans, sur 100 personnes qui demandaient un rendez-vous, quatre ou cinq étaient de sexe masculin, déclare le docteur Yves Simon, psychiatre et directeur du programme anorexie/boulimie au Domaine ULB Erasme situé à Braine-l’Alleud. Aujourd’hui, nous en accueillons entre 10 et 15. Pour un garçon anorexique sur dix il y a quelques années, on en observe désormais un pour 8 à 9."
Crédits : Massachusetts General Hospital and Draper Labs
Avoir un quotient intellectuel élevé diminuerait les risques de développer des troubles associés à la schizophrénie, selon une nouvelle étude.
Les individus dotés d'un quotient intellectuel élevé seraient moins susceptibles de développer des troubles associés à la schizophrénie, selon une nouvelle étude. Un résultat qui vient contredire certains précédents travaux montrant qu'au contraire, les personnes à haut potentiel étaient plus susceptibles que les autres de développer des maladies mentales comme la schizophrénie.
Développer une « médecine préventive des chômeurs ». Telle est la proposition de Michel Debout dans son livre Le Traumatisme du chômeur, à paraître jeudi. Pour ce psychiatre spécialiste du suicide, « il faut qu’il y ait une médecine préventive des chômeurs, comme il y a une médecine préventive du travail ». Et de détailler les modalités de cette prise en charge, avec une première consultation « dans les deux à trois mois qui suivent la perte d’emploi », un deuxième rendez-vous « à six mois » pour les chômeurs dont l’état risque de se dégrader ou « après un an de chômage » pour les autres. Puis, deux ans après la perte d’emploi, « un dernier examen de prévention » pour orienter le chômeur, si besoin « vers des soins au long cours ».
C’est une minuscule hausse, un infime progrès qui doit tout de même être mentionné en premier parmi les résultats du bilan démographique publié mardi 13 janvier par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) : l’indice conjoncturel de fécondité est repassé en 2014 à deux enfants par femme. Il était passé légèrement en dessous de ce seuil symbolique en 2013. Pour l’heure, les mesures de politique familiale prises depuis mai 2012, dont la droite affirme qu’elles mettent en péril le dynamisme démographique français, n’ont donc pas d’impact sur la natalité, qui reste stable. La France reste le pays le plus fécond d’Europe avec l’Irlande.
Voilà une étude* qui va peut-être clore le débat entre majorité et opposition sur les délais de carence des I J… Ou peut-être le relancer, tant il est vrai que ses conclusions penchent plutôt en faveur de la première. Ces derniers mois, on a assisté à une vive polémique sur le sujet, la droite instaurant, sous Sarkozy, un délai de carence pour les fonctionnaires qui n’en avaient pas. La gauche détricotant ensuite cette réforme, sous Hollande… La première mettait en avant un principe d’égalité entre salariés du privé et du public, mais aussi un principe de responsabilité des salariés. A l’inverse, la gauche observait que, de toute manière les deux tiers des salariés du privé voyaient déjà eux aussi leurs trois premiers jours d’arrêts de travail pris en charge dans les grandes entreprises…
Sur le sujet, la Drees vient donc de trancher, en travaillant sur ces deux catégories de salariés du privé : les deux tiers de chanceux, couverts pendant leurs trois premiers jours d’IJ et le tiers restant qui y est de sa poche. La conclusion du service recherche et statistique du ministère de la Santé est sans ambiguité : non seulement, le délai de carence ne favorise pas l’arrêt maladie, mais il semble même qu’on soit moins longtemps en congé maladie quand on est bien couvert. En fait, « les taux de recours sont quasiment équivalents pour les salariés couverts durant le délai de carence », observe, d’abord l’étude, qui constate 29,2% d’arrêts de travail pour les personnels couverts contre 28,7% pour ceux qui ne le sont pas. En revanche, le statut de protection sociale joue sur la durée. Et pas dans le sens qu’on aurait imaginé : en moyenne, deux jours de moins par an pour les mieux pris en charge. Différence encore plus conséquente parmi les salariés qui ont eu au moins un arrêt dans l’année : 7 jours.