L’historienne Wendy Lower se penche sur l’implication des épouses, sœurs, amantes ou filles de nazis dans la Shoah.
Ce titre, un peu racoleur, se réfère sans doute au surnom du public féminin de la Révolution : «les furies de la guillotine», réputées plus cruelles que les hommes. L’historienne, consultante à l’US Holocaust Memorial Museum, veut donc comprendre cette transgression de genre que signe la participation à la Shoah de femmes, assignées par leur éducation à une douceur dite naturelle.
Vendredi 9 janvier, à 20 heures, à la mairie de Magrin, se déroulera les 19e rencontres de l'association «Les psy-causent». L'invité sera Patrick Landman, pédopsychiatre, psychanalyste et juriste, président d'Initiative pour une clinique du Sujet et à l'origine du mouvement «STOP DSM». Le DSM est utilisé par les psychiatres du monde entier pour orienter un diagnostic psychiatrique. Le DSM est-il toujours dans l'air du temps ? Ne commence-t-il pas à être remis en question ? Peut-on passer à une psychiatrie débarrassée du DSM ?
Leelah, née Josh Alcorn, s'est donnée la mort dimanche dans la banlieue de Cincinatti, aux Etats-Unis. Dans un mot d'adieu publié sur son blog, elle explique son mal-être et les raisons de son passage à l'acte, suscitant de nombreuses réactions.
"La vie que j'aurais eue ne valait pas la peine d'être vécue... parce que je suis transgenre." A 17 ans, Josh Alcorn, dit Leelah, s'est donné la mort dimanche, en banlieue de Cincinatti (Ohio), en se jettant sous les roues d'un semi-remorque, rapporte le journal localWCPO. Dans un dernier post de blog dont la publication avait été programmée, elle a expliqué les raisons de son suicide, incriminant directement ses parents qui souhaitaient qu'elle "soit leur parfait petit garçon chrétien hétérosexuel". Mais, avec ces derniers mots, Leelah est également devenue un symbole de la lutte pour la reconnaissance des transgenres aux Etats-Unis.
Le dossier est si explosif qu'il est désormais entre les mains du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Sa conseillère scientifique, Anne Glover, devrait ainsi réunir dans les prochains jours l'ensemble des scientifiques impliqués dans une violente controverse aux enjeux économiques de taille : quelle position les Etats membres doivent-ils adopter vis-à-vis des perturbateurs endocriniens ?
Enseignant à l’Université de Californie à San Diego (États-Unis), Andrew Scull [1] évoque le « traitement du thème de la folie » dans les œuvres de fiction (littérature, cinéma…), entre la Seconde Guerre Mondiale et les années 1980. Pendant cette période, la « prépondérance » de la psychanalyse était manifeste aux États-Unis, y compris implicitement dans certains films à type de « thrillers psychologiques » célèbres, comme Rebecca (Alfred Hitchcock, 1940), Sueurs froides (Vertigo, Alfred Hitchcock, 1958) ou Pas de printemps pour Marnie (Alfred Hitchcock, 1964). Mais avec le déclin progressif de l’influence de Freud, supplanté par une psychiatrie s’enracinant davantage dans la biologie, le public tend à « attribuer la maladie mentale à des perturbations des neurotransmetteurs, plutôt qu’à des conflits œdipiens ou à des mères réfrigérateurs [2]. » Et (« coïncidence ou pas ? » s’interroge l’auteur), vers la même époque où paraît la troisième édition du célèbre DSM (1980), le cinéma commence à offrir « un tout autre portrait de la profession psychiatrique », avec une vision « massivement antipathique » de psychiatres prompts à prescrire sismothérapies voire mutilations psycho-chirurgicales.
2014 a permis de mieux comprendre les mécanismes de la dépression – cognitifs notamment – et a précisé les indications de la stimulation neurologique profonde. Cette année a aussi consacré les stratégies de réduction de consommation d’alcool.
« L’avancée majeure de l’année est l’intérêt porté à la dimension cognitive des troubles mentaux qui revisite la clinique de la dépression?», souligne le Pr Frédéric Rouillon (hôpital Sainte-Anne, Paris). L’apport de la connaissance des réseaux neurocognitifs cérébraux permet en effet de mieux comprendre comment s’organise la pathologie dépressive, notamment les ruminations dépressives, le fonctionnement en boucle, le « réseau par défaut » (quand le sujet n’arrive plus à se concentrer sur une action ou l’écoute de quelqu’un).
Couplés à l’imagerie cérébrale fonctionnelle, ces progrès dans la connaissance des mécanismes neurophysiologiques de la dépression permettent de nouvelles investigations de la maladie.
«Cette chose qu’il faut faire, c’est moi qui dois la faire», Vladimir Jankélévitch.
Parler de «fabrication de soi-même» évoque, dorénavant, moins l’apprentissage des Humanités, que les capacités technologiques d’augmentation de soi-même. Se fabriquer, se réparer, se réactualiser, comme le ferait un ordinateur, n’est plus simplement de l’ordre de la métaphore. Les anciens voulaient devenir un «nom». Les postmodernes veulent devenir un «chiffre». Non plus la finalité de l’action, mais sa mesure. La quantification de soi est le dernier avatar de l’homme sans qualités. Et pourtant, l’idéal renaissant de Pic de la Mirandole n’a pas été conquis. Vers la fin du XVe siècle, le Discours sur la dignité de l’hommedécrit ce dialogue résolument moderne entre le Divin et sa Créature : «Le parfait artisan décida finalement qu’à celui à qui il ne pouvait rien donner en propre serait commun tout ce qui a été le propre de chaque créature. Il prit donc l’homme, cette œuvre à l’image indistincte, et l’ayant placé au milieu du monde, il lui parla ainsi : "Je ne t’ai donné ni place déterminée, ni visage propre, ni don particulier, ô Adam, afin que ta place, ton visage et des dons, tu les veuilles, les conquières et les possèdes par toi-même. La nature enferme d’autres espèces en des lois par moi établies. Mais toi, que ne limite aucune borne, par ton propre arbitre, entre les mains duquel je t’ai placé, tu te définis toi-même. Je t’ai mis au milieu du monde, afin que tu puisses mieux contempler que, souverain de toi-même, tu achèves ta propre forme librement, à la façon d’un peintre ou d’un sculpteur."»
Achever sa propre forme, semble dire Pic, plus encore qu’achever sa propre matière. La raison divine de la création de l’homme, réside, d’ailleurs, dans le fait, qu’ayant achevé son ouvrage - le monde -, Dieu a ressenti un manque. Qui pour admirer et aimer son œuvre ? C’est alors qu’il songe en dernier lieu à produire l’homme. Autrement dit, si Dieu crée des merveilles, l’homme sera, quant à lui, la puissance de l’émerveillement, avant même d’être une puissance autonome de définition personnelle. Et qui sait si la capacité d’émerveillement n’est pas le plus sûr chemin vers celle de se définir soi-même ?
Le mois dernier, pendant que vous vous intéressiez aux scrutins politiques en tous genres (Tunisie, UMP...), je me passionnais pour les concours de beauté. C'est mon côté "bonne femme", diriez-vous. Avant Miss France, ce fut Miss Monde Muslimah. Et vous savez quoi ? La lauréate de la quatrième édition du concours de beauté islamique, qui a eu lieu le 21 novembre en Indonésie, était... tunisienne !
Une certaine Fatma Ben Guefrache, distinguée parmi les 26 candidates tous voiles dehors. Ma compatriote de 25 ans a pleuré de joie. Et moi de dépit. Il me fallait admettre, en effet, que le Printemps tunisien était passé par là. Que les filles de Bourguiba - qui n'avaient rien à envier à celles de Mme de Fontenay - pouvaient aujourd'hui troquer le code du statut personnel contre celui de la morale islamiste.
Malgré l’insuffisance des données pour certaines régions de la Chine, une méta-analyse évalue la prévalence de la schizophrénie dans ce pays où les standards diagnostiques et thérapeutiques convergent désormais avec ceux de l’Occident. Exerçant à l’Université du Guangxi, à Nanning[1] (au sud-est de la Chine), les auteurs ont exploré la littérature médicale consacrée à la prévalence de la schizophrénie en Chine dans les sources d’informations habituelles (PubMed, Embase…) et dans quatre bases de données spécifiques à la Chine (Biological Medical Literature database, Chinese National Knowledge Infrastructure, Chongqing VIP, et Chinese Wang Fang). Publiés en chinois ou en anglais entre janvier 1980 et juillet 2013, les articles comportaient les mots-clefs : « schizophrénie », « prévalence », « trouble psychiatrique », « maladie mentale », « épidémiologie », et bien sûr « Chine. »
Bruno Daviet et Isabelle Vaillant, infirmiers; Corinne Belleville, cadre infirmier
Nbre de pages : 5
Sylviane, une jeune patiente borderline et polytoxicomane, est prise en charge dans une petite unité de psychiatrie pénitentiaire suisse. Cette structure originale et les soins proposés sont basés sur les concepts de rétablissement et de réinsertion.
Comment expliquer la présence des malades mentaux errants dans la nature au Bénin ? Cette question, il faut le constater, ne vient pas spontanément à l’esprit de beaucoup de béninois, y compris principalement les pouvoirs publics, tant ces malades mentaux, de tous les temps, sont abandonnés et cruellement jetés dans la poubelle sociale, dans des conditions horribles et indignes des êtres humains.
Faits divers - Roland Coutenceau, Psychiatre, auteur de «Faut-il être normal ?» (Éditions Michel Lafon)
Comment analysez-vous les personnalités de ces chauffards de Dijon et Nantes ?
Dans les deux dernières affaires, nous sommes dans une logique de motivations tout à fait différentes. Le chauffard de Dijon est un homme qui a été hospitalisé à de très nombreuses reprises, et les psychiatres parlent de psychose mystique. On est donc là face à une maladie mentale, un délire chronique à thématique mystique, qui peut provenir d'une schizophrénie. Cela dit, le délire chronique peut être infiltré dans une ambiance culturelle, même si là, il s'agit d'un délire de déformation de la religion. Il peut être imprégné par ce qu'il entend et faire un amalgame avec l'islamisme, même si cela est secondaire par rapport à son délire.
Le cas de Nantes est-il différent ?
Oui, car nous avons là une dynamique agressive suivie d'un suicide. Et cette dynamique est caractéristique de troubles de la personnalité névrotiques.
Des étudiants et chercheurs de l'université Johns Hopkins ont
récemment publié une étude qui consistait à détecter la dépression chez les
individus en utilisant leurs tweets.
En effet, en examinant automatiquement les
tweets des utilisateurs qui ont mentionné publiquement leur diagnostic et par
la recherche d'indices de langage liés à certains troubles, ces chercheurs ont
mis au point un algorithme pour reconnaître automatiquement les troubles de
stress post-traumatique, la dépression, les troubles bipolaires ainsi que les
troubles saisonniers. Ce qui toucherait, selon l’organisation mondiale de
santé, près de 350 millions de personnes à travers le monde, donc les plus
grands taux calculés dans l’Afghanistan, la Suisse, les USA et la Chine.
« Nous ne cherchons pas à remplacer les
méthodes de suivi de la maladie mentale », annonce un chercheur du
département de mathématiques appliquées et de statistiques qui avait participé
à la recherche. « Nous pensons que nos nouvelles techniques pourraient
compléter ce processus. Nous essayons de montrer que l'analyse des tweets
pourrait permettre de découvrir des résultats similaires, mais pourrait le faire
beaucoup plus rapidement et à un coût beaucoup plus réduit ». Cet
algorithme recherche des mots et des structures linguistiques associées à ces
affections, y compris des mots indices liés à l'anxiété et l'insomnie, et des
phrases telles que : «Je ne veux pas sortir du lit ». Bien que ce
procédé paraisse simple aux premiers abords, les résultats ont montré que
c’était assez efficace pour recueillir des données sur la santé mentale des
utilisateurs.
Dans son bel ouvrage Les Masques, M. Georges Buraud a été le premier à dégager le sens profond du besoin qui, en tous temps et en tous lieux, a porté l'homme à dérober son visage derrière une figure modelée à l'apparence d’un animal, à l’image d’un ancêtre ou conçue comme représentative d’un dieu. Il montre comment cet homme, nanti du pouvoir d’observer les émotions que son apparition déchaîne chez autrui sans rien livrer des siennes propres, s’identifie bel et bien avec l’être pour lequel il cherche à se faire passer, comment il participe et fait participer tout son groupe aux forces occultes qui mènent le monde.
Que fait-on quand on ne fait rien ? C’est une question qui m’occupe.
Il est rare, dans les romans, que les personnages ne fassent rien. Par exemple, quand le Ravel de Jean Echenoz ne fait rien, il s’agite pas mal : «De la cuisine au salon, via la bibliothèque et le piano, un dernier petit tour dans le jardin, Ravel peut avoir fort à faire même s’il n’en fait rien, jusqu’à ce qu’il faille bien finir par aller se coucher.»
Evidemment, il y a les oisifs professionnels, les rentiers, Marcel dans la Recherche : «C’est vendredi matin, et on rentre de promenade, ou bien c’est l’heure du thé au bord de la mer.» Quand Mme Bovary ne fait rien, c’est que la bonne s’occupe du ménage, et qu’elle, Emma, a le front collé au carreau, et rêve à un homme qui vient. La tache de buée s’agrandit sous son visage, le temps passe, et sa respiration.
C’est l’épilogue d’un des plus long conflit que Marisol Touraine ait eu à gérer jusque là. Un décret officialisant la création d'un "corps des sages-femmes des hôpitaux", annoncé en mars par la ministre de la Santé Marisol Touraine, a été publié vendredi au JO. Selon le texte, la gestion des sages-femmes dépend désormais du personnel médical et non plus du paramédical. Le texte dispose en effet que "les sages-femmes des hôpitaux relèvent de la direction chargée du personnel médical pour la gestion de leur affectation et de leur carrière".
La stimulation cérébrale profonde, d’abord utilisée en neurologie, pénètre peu à peu le champ psychiatrique. Efficace contre les troubles compulsifs, elle est testée pour soigner d’autres pathologies.
Martha a contracté la polio à l’âge de 11 ans et pour être sauvée, elle a dû vivre enfermée dans un tube en acier tout le reste de sa vie. DGS vous raconte le destin extraordinaire et tragique de cette femme courageuse qui a décidé de vivre pleinement sa vie.
La question du stress au travail est apparue en France de la manière la plus brutale qui soit, sous la forme du harcèlement moral au début des années 2000 d’une part (avec la loi de modernisation sociale de 2002, réprimant ces agissements et introduisant le concept de santé mentale au travail) et sous la forme des suicides au travail d’autre part (avec la forte médiatisation de ceux survenus dans l’industrie automobile puis à France Telecom). Étaient ainsi mis sur le devant de la scène les potentiels effets délétères pour la santé mentale des environnements de travail.
Absence d'approche économique du stress au travail
C’est bien plus tôt (dès les années 1980) que certains pays comme ceux d’Europe du Nord ont abordé ces questions mais davantage sous l’angle du coût pour les entreprises d’avoir des salariés stressés et en détresse psychologique et donc des bénéfices à développer le bien-être des individus.
Cet appartement du Quartier Latin, Fabien Arnaud, 58 ans, l'a fantasmé pendant de longues années. Il associe son repaire, dans lequel il a emménagé il y a moins de deux ans, à un retour aux sources, non loin de cette Sorbonne qu'il a fréquentée lors de ses études de droit et de philosophie. Ce rêve, ce désir, que d'autres appelleront caprice, s'est mû en "évidence", presque en nécessité. Un "point d'appui émotionnel", théorise-t-il, d'une vie à redémarrer. Seul. Tout au moins sans l'épouse qu'il a décidé de quitter en 2011. Après vingt-cinq années de mariage, ce directeur des ressources humaines dans le secteur de la communication n'a pourtant rien de particulier à reprocher à son ex-femme. Le jeune divorcé évoque l'érosion d'une complicité, la lassitude des contraintes du couple, les désaccords du quotidien qui prennent une ampleur démesurée. Comme lui, aux alentours de la soixantaine, de plus en plus d'hommes mariés se séparent de leur conjointe.
Selon les chiffres publiés par l'Insee, en France, 13 569 hommes de 60 ans et plus ont divorcé en 2011, contre 6 144 en l'an 2000. Au Royaume-Uni, une étude de l'Office national des statistiques, publiée en août, précise même que les hommes sexagénaires sont, plus souvent que les femmes, ceux qui enclenchent la procédure de divorce. Un phénomène notable quand on sait que, dans les tranches d'âges inférieures, les épouses sont majoritairement à l'initiative de cette décision.
Tout récemment, de très nombreux journalistes ont utilisé l'expression : "Il a claqué la porte..." pour relater un épisode politique mettant en scène un homme qui fut, pendant quelques années, l'incarnation du pouvoir et de l'autorité au plus haut sommet de l'État, face à la plus haute instance constitutionnelle de ce même État. La formulation en ces termes d'un tel acte personnel en dit long sur la perception publique du caractère de ce personnage politique. La traduction, en ces termes imagés, d'une information concernant une prise de position personnelle fait office d'interprétation d'une situation où la frustration, puis la colère et enfin la violence, sont prédominantes.
Tous les jours nous recevons, dans nos cabinets de consultation, emmenés par leurs parents, des enfants, quelquefois très jeunes, présentés comme excités, instables, toujours en opposition, impulsifs et...anxieux. Les enseignants se sentent impuissants face à ces enfants. Dans la famille, la tolérance à de tels états psychiques est souvent plus grande. Mais, à l'école, les adultes sont désarmés par cette incapacité de l'enfant à se concentrer, à contrôler ses émotions et à accepter la moindre frustration. L'enfant paraît être toujours dans la nécessité impérieuse de bouger, d'agir dans l'instant présent. Aucun interdit, aucune règle ne peut être intégrée durablement par lui. Quand nous essayons d'analyser et de comprendre l'histoire de ces enfants, très souvent nous sommes amenés à faire émerger chez eux un vécu d'angoisse, de solitude, de peurs, lié généralement à des situations réelles - ou redoutées - de séparation, de privation ou de rejet, dans le registre affectif, au sein de la famille, avec les parents ou la fratrie. Alors, à partir de ce vécu, plus ou moins conscient d'ailleurs chez lui, l'enfant se construit une "carapace émotionnelle", avec des attitudes de toute-puissance, s'interdisant toute relation de confiance, de tranquillité, donc de sécurité, notamment avec les adultes.