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mardi 30 décembre 2014

La psy au cinéma

30/12/2014




Enseignant à l’Université de Californie à San Diego (États-Unis), Andrew Scull [1] évoque le « traitement du thème de la folie » dans les œuvres de fiction (littérature, cinéma…), entre la Seconde Guerre Mondiale et les années 1980. Pendant cette période, la « prépondérance » de la psychanalyse était manifeste aux États-Unis, y compris implicitement dans certains films à type de « thrillers psychologiques » célèbres, comme Rebecca (Alfred Hitchcock, 1940), Sueurs froides (Vertigo, Alfred Hitchcock, 1958) ou Pas de printemps pour Marnie (Alfred Hitchcock, 1964). Mais avec le déclin progressif de l’influence de Freud, supplanté par une psychiatrie s’enracinant davantage dans la biologie, le public tend à « attribuer la maladie mentale à des perturbations des neurotransmetteurs, plutôt qu’à des conflits œdipiens ou à des mères réfrigérateurs [2]. » Et (« coïncidence ou pas ? » s’interroge l’auteur), vers la même époque où paraît la troisième édition du célèbre DSM (1980), le cinéma commence à offrir « un tout autre portrait de la profession psychiatrique », avec une vision « massivement antipathique » de psychiatres prompts à prescrire sismothérapies voire mutilations psycho-chirurgicales.

Illustration exemplaire dans des films cultes comme Vol au-dessus d’un nid de coucou (Miloš Forman, 1975), Frances (Graeme Clifford, 1982, une biographie de l’actrice Frances Farmer dont la tragique histoire servit de prétexte à la Scientologie pour exiger «l’abolition de la psychiatrie » [3] et qui inspira par ailleurs la chanteuse Mylène Farmer pour choisir son nom de scène), et Un ange à ma table (Jane Campion, 1990, une biographie de l’écrivain néo-zélandaise Janet Frame « internée pendant huit ans en hôpital psychiatrique où elle subit deux cents électrochocs » et où, diagnostiquée schizophrène, elle « échappe de peu à la lobotomie » avant d’apprendre finalement que le diagnostic initial de schizophrénie était erroné !)…
Pour l’auteur, le lien entre les représentations de la folie à l’écran et les traitements proposés demeurent toujours « très précaires », et propres à « minimiser les réalités » et les difficultés liées aux graves maladies mentales, en « exagérant les pouvoirs ou la malveillance des psychiatres aux prises avec la déraison. »

Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Andrew Scull : Some reflections on madness and culture in the post-war world. History of Psychiatry, 2014; 25: 395-403.

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