Aucun autre handicap, aucune maladie ne déchaîne
autant de violences et de passions, d’’affirmations péremptoires de certaines
associations de familles mais aussi de scientifiques, de médias et de
politiques.
Pour quelles raisons troubles nous annonce-t-on régulièrement
avoir découvert l’’origine de l’’autisme sans étude sérieuse sur un
échantillonnage suffisant ? Vaccin ROR, gluten et caséine, bactérie dans la
flore intestinale, tel ou tel gène, telle ou telle aire du cerveau, toutes ces
annonces très médiatisées ont toujours des conséquences désastreuses sur le
moral et la santé de ceux qui y croient.
Comment une catégorie nosographique peut-elle passer,
en quelques années, d’’une prévalence de 1 pour 6000 à moins de 1 pour 100 ?
Comment les scientifiques qui rédigent le DSM peuvent-ils changer les
frontières de l’’autisme à chaque nouvelle édition ?
Pourquoi tant de certitudes alors que l’’on sait si
peu de choses ? Pourquoi ce besoin d’une vérité unique, ce refus de l’’altérité
chez ceux- là même qui sont censés aider les personnes autistes à reconnaitre
et accepter l’’existence de l’’autre ?
Quelle volonté de toute-puissance et quels enjeux de
société se cachent derrière la mise en grilles et protocoles de tous les
instants de la vie quotidienne, les évaluations formelles, l’’injonction de
normalisation des comportements et la non-reconnaissance des personnes autistes
en tant que sujets ?
Après un état des lieux des connaissances actuelles
et la mise en perspective des apports des différentes disciplines, (génétique,
neurosciences, sociologie, psychologie et psychanalyse), nous analyserons leur
complémentarité comme leurs divergences, pour étudier leur retentissement sur
les pratiques. Les recherches et les expériences professionnelles seront
soutenues par les témoignages de familles qui tentent au quotidien de se
dégager de ce contexte tendu et anxiogène, pour offrir à leurs enfants un
accompagnement pluriel et respectueux de leur singularité.