Médecin Dim au CH de Saint-Malo, le Dr Jean-Jacques Tanquerel estime avoir été mis au placard pour avoir dénoncé vigoureusement l'intervention de sociétés dans le codage des actes. Une affaire qu'il a portée à l'écrit dans un essai intitulé "Le serment d'Hypocrite". Il en explique les raisons à Hospimedia.
Hospimedia : "Votre essai "Le serment d'hypocrite. Secret médical : le grand naufrage" est sorti le 24 avril dernier*. Pourquoi avoir voulu écrire ce livre?
Jean-Jacques Tanquerel : D'abord pour des raisons éthiques, car j'estime dans cette affaire, et il n'y pas que moi, que le secret médical n'est pas respecté. L'Ordre des médecins s'est positionné dans mon sens ainsi que la Cnil même si elle l'a fait plus tardivement et avec plus de difficultés. Mais aussi parce que, malgré cette affaire, le battage médiatique et la décision de la Cnil, je reçois encore des appels de mes collègues Dim qui me disent que cela continue. Enfin, parce que j'ai été placardisé. Pour l'instant j'ai vraiment l'impression qu'il y a une volonté d'étouffer cette affaire. Ce livre, je n'en ai pas pris l'initiative. J'ai été contacté par les éditions Max Milo et au départ j'ai refusé, car je ne suis pas écrivain et raconter une histoire ce n'est pas évident. Mais comme la situation ne se débloquait pas, malgré les avis qui étaient rendus, je me suis dit que j'allais l'écrire.
H. : Vous estimez qu'aujourd'hui, il n'y a pas eu de prise de conscience de ce sujet de l'accès aux données médicales de sociétés externes?
J.-J. T. : Je pense qu'il existe une prise de conscience de la part au moins des médecins Dim. Maintenant, il faut aller au-delà de la prise de conscience et régler le problème. Mais j'ai le sentiment que c'est plus compliqué et plus douloureux aussi.
H. : Que faudrait-il faire pour régler le problème justement?
J.J. T. : Le discours que certains directeurs ont l'habitude de tenir est que d'un côté il y a le secret médical et l'éthique, et de l'autre, il y a les finances. Les deux sont alors opposés. Je trouve, et j'en suis persuadé, que le débat est de ce fait faussé à la base. On peut tout à fait améliorer la valorisation de l'activité des établissements de santé, tout en respectant le droit des patients. Plutôt que de faire appel à des sociétés externes, il faut simplement donner aux Dim les moyens de faire leur travail et d'effectuer leurs missions de manière correcte. Et de cela tous les Dim s'en plaignent : ils n'ont pas les moyens de faire ce que viennent faire les sociétés externes. D'autant plus que ces sociétés sont grassement payées alors qu'il suffirait d'injecter ces mêmes sommes dans les Dim pour en interne améliorer les choses, tout en restant en règle avec la déontologie et la loi.
Les deux ne sont pas à mettre en opposition, secret médical et finances doivent être conciliés.