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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 5 mai 2012

Internet nous rend-il seul ? Non !
“Nous vivons dans un isolement qui aurait été inimaginable pour nos ancêtres, et pourtant nous n’avons jamais été plus accessibles” via les technologies de la communication et les médias sociaux, estime l’écrivain Stephen Marche pour The Atlantic.

La montée de la solitude ?

Selon lui, nos médias sociaux interfèrent avec nos amitiés réelles. Pour preuve, Stephen Marche(@StephenMarche) en appelle aux travaux du sociologue Erik Klinenberg (@ericklinenberg), auteur de Going Solo : la montée de l’extraordinaire et surprenant appel à vivre seul . Dans son ouvrage, Klinenberg explique que la vie solitaire se développe plus que jamais : 27 % des ménages américains sont composés d’une seule personne, alors qu’on ne comptait que 10 % de foyers composés d’une seule personne dans les années 50. 35 % des adultes de plus de 45 ans sont chroniquement solitaires, estime une étude de l’AARP (voir le détail .pdf), l’association américaine des personnes retraitées (soit 20 % de plus qu’il y a 10 ans). Selon une autre étude, 20 % des Américains seraient malheureux du fait de leur solitude. Et encore, on peine à distinguer le fait de se sentir seul et le fait d’être seul… rappelle l’écrivain. Car c’est aussi la qualité de nos relations aux autres qui se dégradent… Selon une autre étude réalisée par des sociologues de la Duke university, la taille moyenne de nos réseaux de confidents, c’est-à-dire de gens auxquels nous savons nous confier, serait passée de 2,94 personnes en 1985 à 2,08 en 2004, rapporte Stephen Marche. En 1985, 10 % des Américains déclaraient n’avoir personne avec qui discuter de questions importantes et 15 % avouaient n’avoir qu’un seul vrai ami. En 2004, 25 % n’avaient personne à qui parler et 20 % reconnaissaient n’avoir qu’un seul confident… Bref, non seulement nous sommes plus isolés, mais, selon certaines études, nous rencontrons moins de gens et nous réunissons moins.
Face à cette désintégration sociale, les confidents de remplacements ont explosé. Le nombre de psychologues, de travailleurs sociaux, de thérapeutes a explosé, explique Ronald Dworkin. “Nous avons externalisé le travail de soin quotidien” auprès de gens dont c’est désormais le travail.


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Image : Rittenhouse Square (Philadelphie), photographié par Oren Livio pour La vie sociale d’un espace urbain connecté (.pdf). 25 % des gens observés avec leurs machines dans le parc ne l’avaient jamais visité avant que l’internet n’y soit disponible.

Mais si nous sommes seuls, c’est aussi parce que nous voulons être seuls. Cela fait désormais parti d’un mode de vie – l’individualisme – et d’une forme d’accomplissement de soi.
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Nouvelle agence du médicament : Dominique Maraninchi nommé directeur

lequotidiendumedecin.fr 03/05/2012
Le Pr Dominique Maraninchi a été nommé sans surprise à la tête de lanouvelle agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
Sa nomination a été officialisée à la faveur d’un décret signé par le président de la République. L’ANSM a vu le jour le 29 avril, quatre mois après l’adoption de la loi qui a renforcé la sécurité sanitaire du médicament. Elle a repris toutes les missions, obligations et compétences exercées par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS).
La nouvelle agence a hérité de nouvelles responsabilités, notamment dans « le domaine de la recherche, des études de suivi des patients et du recueil des données d’efficacité et de tolérance ». Le Pr Maraninchi, professeur en cancérologie de 62 ans, avait pris la tête de l’AFSSAPS à la suite de l’affaire Mediator en février 2011, avec pour mission de réformer l’institution.


Un site pour les soins infirmiers

Vous êtes infirmière ou étudiant en médecine, vous avez un doute sur une pratique de soins ou vous devez réaliser un soin imprévu ? Alors le site créé par l'éditeur Elsevier Masson est fait pour vous. Vous y trouverez, à portée de clic, une base de données de 100 pratiques de soins mises à jour régulièrement par des experts, avec une visualisation de la pratique détaillée étape après étape, la liste du matériel nécessaire, d'éventuelles mises en garde et les résultats attendus, ainsi que des tests d'auto-évaluation commentés. En complément figurent aussi sur le site les dernières informations réglementaires de la Haute Autorité de santé et les dernières actualités du monde infirmier.
Le site est ici
Cerveau : un large éventail de paradoxes…
Publié le 27/04/2012 


Avec des ténors comme Gregory Bateson ou Paul Watzlawick, l’École de Palo Alto[1] avait déjà largement exposé l’importance épistémologique des paradoxes. The British Journal of Psychiatry analyse The paradoxical brain (Le cerveau paradoxal)[2], un ouvrage dû au Pr. Narinder Kapur[3] et à plusieurs coauteurs, et couvrant « un large éventail de paradoxes du cerveau, à travers plusieurs disciplines. » Par exemple, les neurologues connaissent bien l’effet paradoxal de certains médicaments anti-comitiaux risquant parfois d’aggraver une épilepsie[4] !

Autre constat déroutant, venu cette fois des études épidémiologiques : l’effet apparemment protecteur du tabac sur le risque de développer une maladie de Parkinson[5]. Dans un autre domaine, celui de la « cognition comparée » entre les êtres humains et les chimpanzés, les auteurs évoquent un « chapitre fascinant » montrant que ces singes semblent capables d’identifier « en un seul regard plus de chiffres qu’un humain » et possèdent une sorte de « mémoire photographique. »

La question de l’intelligence en découle et suscite d’ailleurs une aporie, car certains proposent précisément de définir cette faculté mystérieuse par le fait de s’interroger sur soi-même et sur l’intelligence ! Intimement lié aux boucles paradoxales, ce phénomène d’autoréférence en est presque la signature. Et rappelons que pour Einstein, la spécificité de l’intelligence résidait moins dans l’aptitude à fournir des réponses qu’à formuler des interrogations : « Les machines, disait-il, pourront un jour résoudre tous les problèmes, mais jamais aucune d’entre elles ne pourra en proposer. »

Pour le commentateur, tous ces paradoxes sont « intellectuellement stimulants », mais ils nous rappellent les « limitations de notre compréhension actuelle du cerveau », surtout par comparaison avec d’autres organes d’apparence moins paradoxale. Ils offriraient aussi aux spécialistes des neurosciences des pistes (des « avenues » dit l’auteur) pour développer « de meilleures théories » visant à éclairer nos conceptions du fonctionnement cérébral, sur le versant normal comme pathologique.

Dr Alain Cohen
Cavanna AE : Books reviews. Br J. Psychiatry 2012 ; 200 : 168–169.

Prise en charge des lombalgies chroniques : aurions-nous tout faux ?

Les lombalgies chroniques non spécifiques sont dans les pays occidentaux, la deuxième cause d’invalidité. Et la situation n’est pas près de s’améliorer car le nombre de personnes atteintes s’élève d’année en année malgré l’augmentation des prises en charge par physiothérapie, opioïdes, infiltrations et/ou chirurgie. Mais ne faut-il pas revoir le modèle patho-anatomique classique de cette maladie pour la placer dans un contexte bio-psycho-social pour la prendre en charge efficacement, se demande Peter O’Sullivan (Perth, Australie) dans un éditorial du British Journal of Sports Medicine ? Pour tenter de convaincre, il rappelle à ce titre que les lombalgies sont liées en grand partie à l’incapacité des muscles de se relaxer, tout en permettant une hyperactivité des autres muscles du tronc parfois hypertrophiés de ce fait. De plus, il n’existe aucune corrélation entre la densité musculaire lombaire et l’importance de la lombalgie ou sa situation.

Dans ces conditions, le spécialiste australien propose de mieux prendre en compte la notion multidimensionnelle des lombalgies non spécifiques, de favoriser l’apprentissage par le patient des situations et circonstances qui augmentent (ou diminuent) la douleur et de montrer de l’empathie pour mieux percevoir les craintes des patients et leurs attentes. Mais ce n’est pas suffisant : il faut également débusquer toutes les habitudes cognitives mal adaptées (catastrophisme, anxiété, peurs irraisonnées), identifier les phénomènes de sensibilisation centrale et périphérique, analyser les stratégies d’évitement pour en retenir les attitudes bénéfiques, faciliter les modifications de comportement dans une approche multidisciplinaire indispensable et suivre régulièrement le patient dans sa globalité.
Vœu pieux ?
Dr Dominique-Jean Bouilliez
O’Sullivan P : It’s time for change with the management of non-specific chronic low back pain. Br J Sports Med 2012 ; 46 (3) : 224-7.

L’ANTÉCLOWN

UNE CRÉATION DE BARTHÉLÉMY GOUTET
L’Antéclown est une farce cynique et cruelle qui narre le parcours criminel et navrant d’un désaxé social.
L’Antéclown est un monologue pour clown relevant plutôt de la psychiatrie que de la rigolade.
L’Antéclown est le personnage de l’histoire…
L’Antéclown est une sorte de plaidoyer en faveur des isolés.
L’Antéclown est un thriller socio clownesque.

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Mon psychiatre s’appelle Facebook

Malgré la croissance remarquable sur Internet des réseaux sociaux comme Facebook depuis une dizaine d’années, peu d’articles sont consacrés à leur éventuel impact psychiatrique. Il existe bien dans la littérature scientifique quelques articles sur la place de ces médias sociaux chez les adolescents et les jeunes adultes, et parfois chez les médecins ou les étudiants en médecine, mais des écrits sur l’usage de Facebook par des malades mentaux restent sporadiques.

Psychiatric Quarterly consacre un article à ce thème original, en décrivant notamment une « interaction thérapeutique » entre un patient « présentant des troubles psychiatriques importants » (stress post-traumatique, anxiété, attaques de panique, addictions, insomnie, troubles bipolaires) et son utilisation des réseaux sociaux. Selon les auteurs (exerçant au Metropolitan Hospital Center de New York), il s’agirait même du premier et « unique cas » (publié) d’interaction « globalement positive » et d’« amélioration de la socialisation » liée « dans une large mesure » à la gestion régulière d’un compte Facebook. Mais les médecins eux-mêmes doivent, estiment les auteurs, se montrer « très prudents dans leur interaction avec les patients en ligne » et surtout à travers les réseaux sociaux, tout en reconnaissant que « ces médias sociaux peuvent servir de tremplin aux patients plus reclus » pour une plus grande intégration dans la société.

On pourrait qualifier ce phénomène d’« extraversion assistée par ordinateur » : ayant permis au créateur de Facebook, Mark Zuckerberg (fils d’une mère psychiatre) de devenir le plus jeune milliardaire de la planète, le développement prodigieux des réseaux sociaux a fait aussi mentir les modernes Cassandres qui dénonçaient, à la fin du 20ème siècle, le développement «insidieux » de l’informatique en général et de l’Internet en particulier, car le rapport à la réalité tendrait à se déliter inéluctablement dans une image du monde de plus en plus virtuelle. Mais ces nouvelles technologies de l’information ont apporté aussi messageries instantanées, webcams et réseaux sociaux (Copains d’avant, Facebook, Friendster, MySpace, MSN, sites de microblogging...) grâce auxquels, précisément, ce « repli autistique » si redouté n’a pas eu lieu. Et en fin de compte, l’ordinateur n’a pas supplanté toute relation humaine ! Une statistique rappelée par les auteurs le confirme : en 2012, Facebook compte environ 800 000 000 d’utilisateurs dans le monde, ayant chacun en moyenne 130 contacts (amis)…
Dr Alain Cohen
Veretilo P et Bates Billick S : Psychiatric illness and Facebook: a case report. Psychiatric Quarterly. 2012. Publication avancée en ligne le 25 janvier.

La place essentielle de la psychothérapie

LE MONDE | 
La psychothérapie est un élément-clé de la prise en charge des personnalités "borderlines". Elle doit être réalisée par un psychiatre ou un psychologue qui connaît bien leurs difficultés. Claire (le prénom a été changé), 31 ans, évoque "une sensation de vide et de mort" depuis l'adolescence. Adulte, elle est atteinte d'une anorexie mentale, doublée d'une dépression. S'ensuivent des crises de boulimie et des scarifications. Diagnostiquée "personnalité état limite", elle consulte des psychiatres depuis neuf ans.
Depuis un an et demi, elle suit une psychothérapie d'inspiration analytique."Cette thérapie m'aide à mieux gérer mes émotions et à prendre du recul par rapport au jugement des autres car j'ai toujours eu l'impression d'être la folle de la famille ! Elle m'apprend que j'ai le droit d'exister et que je peux exprimer ce que je ressens par des mots et non par des scarifications. Pour combler mon vide intérieur, je n'ai plus besoin de faire des crises de boulimie", explique-t-elle.
Tolérer leur détresse
Les états-limites ont besoin d'un cadre thérapeutique spécifique : s'allonger sur un divan, comme dans une cure analytique classique, ne leur convient pas. Le fait de ne pas avoir le regard compréhensif du psychothérapeute peut les renvoyer à un vide insupportable et susciter de fortes angoisses. Ils sont en quête d'un psy empathique, voire maternant.
Aux Etats-Unis, la psychologue Marsha Linehan, qui a aussi souffert de ce trouble, a créé dans les années 1990 la thérapie dialectique-comportementale, qui s'adresse aux borderlines. La psychologue passe un contrat avec ses patients : elle est joignable à tout instant, mais en contrepartie, elle leur demande de ne pas tenter de se suicider.
La thérapie aide les patients à tolérer leur détresse, à réguler leurs émotions excessives sans sombrer dans l'autodestruction, et à gérer les conflits relationnels sans agressivité ni évitement. En France, elle est pratiquée par quelques psychologues et psychiatres (plutôt d'orientation cognitiviste). A l'hôpital Tarnier, à Paris, une thérapie cognitive de groupe animée par deux psychothérapeutes est proposée depuis 2005. Ses objectifs ? Modifier les croyances négatives sur soi, les autres et le monde, mieux comprendre les mécanismes en oeuvre dans la maladie (comme la pensée en "tout ou rien")... En outre, le fait de rencontrer des personnes atteintes du même trouble que soi permet de dédramatiser ses propres difficultés psychiques. Mais rien n'est gagné d'avance. "Ces patients ont des difficultés relationnelles et mettent les psys à l'épreuve,souligne Bernard Granger, responsable de l'unité de psychiatrie de l'hôpital Tarnier. Ils peuvent interrompre les séances de façon impulsive."
Des psychotropes (antidépresseurs, anxiolytiques...) peuvent être prescrits en traitement d'appoint. "Des études ont montré qu'après 40 ans, les symptômes s'atténuent chez ceux qui ont suivi une psychothérapie. Même si l'instabilité émotionnelle et la peur de l'abandon sont toujours présentes en toile de fond", conclut le docteur Granger.

Les "borderlines", ces écorchés vifs

LE MONDE | 
Par Christine Angiolini

Le portrait de Marilyn Monroe, pris en 1957 à New York a été adjugé  169 000 euros.
Le portrait de Marilyn Monroe, pris en 1957 à New York a été adjugé 169 000 euros. | Reuters/PHILIPPE WOJAZER

New York, 1955. Une femme à l'aube de la trentaine écrit une lettre à l'un de ses amis sur le papier à en-tête d'un grand hôtel : "En tant que 'borderline', je ne peux m'intéresser qu'à un autre 'borderline'." Ces mots ont été griffonnés par la blonde la plus célèbre de la planète. DansFragments (Seuil, 2010), Marilyn Monroe dévoile ses doutes, sa fragilité au travers de lettres, de poèmes, de notes...
Borderline, la blonde mi-femme-enfant, mi-femme fatale, adepte de la psychanalyse ? "On pourrait l'imaginer, répond Jean-Michel Fourcade, docteur en psychologie, psychanalyste et auteur des Personnalités limites(Eyrolles, 2011). On note chez elle une instabilité émotionnelle avec de fortes angoisses d'abandon et des moments où elle disjoncte. De plus, elle est dépressive, très accro aux médicaments et multiplie les tentatives de suicide."
Le terme "borderline" signifie "limite", ou "près du bord". Et il ne date pas d'hier... A la fin du XIXe siècle, il apparaît sous la plume de Charles Hamilton Hughes (1839-1916), un psychiatre américain qui désigne ainsi la survenue de symptômes physiques au cours de troubles psychiatriques. De leur côté, les psychanalystes, dès les années 1930, y voient plutôt une structure psychique particulière, entre névrose et psychose.
En 1980, le DSM, le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l'Association américaine de psychiatrie, qui est une référence pour de nombreux psychiatres, décrit pour la première fois les critères de la personnalité borderline. Dans une dernière version, en 2000, il donne une définition amendée de cette pathologie psychiatrique, comme "un mode général d'instabilité qui touche les domaines des relations interpersonnelles, de l'image de soi, et des affects avec une impulsivité marquée, qui apparaît au début de l'âge adulte et est présent dans des contextes divers".
Aujourd'hui, les théories qui s'articulent autour des états limites font toujours débat. "Il faut dire que le terme renvoie à un certain flou", précise le docteur Bernard Granger, psychiatre, psychothérapeute, responsable de l'unité de psychiatrie de l'hôpital Tarnier à Paris, et coauteur, avec Daria Karaklic, de Les Borderlines (Odile Jacob, 183 p., 21,20 euros).
Cependant, le kaléidoscope des symptômes semble faire, à l'heure actuelle, l'unanimité chez les psys : une instabilité affective, qui se traduit par des réactions émotionnelles excessives, voire des colères, une faible estime de soi, des troubles de l'identité entraînant un sentiment de vide, ainsi que des angoisses d'abandon. Lorsque l'angoisse devient intolérable peuvent survenir des comportements addictifs (drogues, alcool, boulimie et/ou anorexie, comportements à risque, hyperactivité, etc.), des scarifications, voire des tentatives de suicide.
La personnalité "état limite" (une personnalité correspond aux caractères psychologiques permanents d'une personne) serait de plus en plus fréquente. La pléiade de symptômes qui la définit peut facilement nous faire tomber dans le piège de l'autodiagnostic. Mais il est parfois difficile de différencier un trouble borderline d'une dépression ou d'un trouble bipolaire (alternance de dépression et d'excitation), par exemple.
Pourquoi devient-on borderline ? Ici encore, les théories se suivent et ne se ressemblent pas. La majorité des psys évoquent des difficultés dans les interactions précoces mère-enfant lors des premiers mois de vie (mère trop anxieuse et envahissante qui empêche l'autonomie du bébé, ou, au contraire, mère très déprimée qui ne peut s'occuper de son enfant). Par ailleurs, des séparations, des abandons, voire une maltraitance psychologique ou sexuelle dans la petite enfance pourraient également être impliqués dans la survenue d'une personnalité état limite.
De l'extérieur, ces personnes ont une vie socioprofessionnelle "normale", hormis dans les périodes d'autodestruction. Leur vie affective est en revanche chaotique et émaillée de ruptures. "Elles idéalisent beaucoup l'autre au début de la relation, explique le docteur Granger. Mais si des grains de sable s'immiscent dans la relation, elles peuvent vite le désidéaliser. Elles ne parviennent pas à penser que l'être aimé peut être à la fois gratifiant et frustrant."
Catherine (le prénom a été changé), 51 ans, peintre, a été diagnostiquée borderline il y a dix ans : "Depuis que je suis enfant, je me calque sur le désir des autres. A plusieurs reprises, je suis tombée amoureuse de personnes non disponibles ou ne partageant pas mon attirance. En tout cas, je n'ai jamais pu m'engager dans une vie de couple. Comme je fonctionne en 'tout ou rien', je donne tout à mes amoureux, je suis très fusionnelle et ça leur fait peur. Je redoute tellement que l'autre m'abandonne ou me rejette qu'il m'est arrivé de provoquer moi-même la rupture, sans en être consciente."
Les angoisses d'intrusion et d'abandon sont très présentes chez les personnes atteintes de ce trouble, commente Vincent Estellon, psychologue clinicien, maître de conférences à l'université Paris-Descartes et auteur des Etats limites (PUF, 2011). "Si la personne aimée s'approche, elles se sentent envahies, et si elle s'éloigne, elles se sentent abandonnées", commente-t-il. Les états-limites "peuvent d'ailleurs être victimes de pervers narcissiques ou de gourous d'une secte car ils ont l'impression que ce sont des êtres forts qui peuvent combler les trous de leur identité et donner un sens à leur vie", ajoute Jean-Michel Fourcade.
Notre société moderne hyperconnectée, boulimique d'images, individualiste, favoriserait-elle l'émergence de ce type de personnalités ?"Il est vrai qu'on est dans une logique de satisfaction immédiate et que la déontologie est souvent sacrifiée au profit d'impératifs économiques, analyse Vincent Estellon. Il serait tentant d'envisager les états-limites comme des rejetons d'une société occidentale riche et mondialisée, en manque de repères. Cependant, les psychanalystes reçoivent toujours bel et bien des patients névrosés, hystériques, phobiques ou obsessionnels." Comme au bon vieux temps de Freud, donc.


Un ancien commandant de police dénonce « l’imposture du tout sécuritaire »

Après six ans dans la marine, Serge Supersac est entré dans la police comme simple gardien de la paix en 1979 et il l'a quitté en 2010 avec le grade de commandant. Il a travaillé dix ans au sein de la BAC de Seine-Saint-Denis et treize ans chez les CRS (dont il a commandé la compagnie n°7 à Deuil-la-Barre). Affecté en fin de carrière à l’Institut National des Hautes Études de Sécurité, il a participé avec de jeunes chercheurs à l’amélioration de la connaissance en matière de sécurité au travers de nombreuses missions d’études. Aujourd’hui jeune retraité, il continue à travailler sur les questions de délinquance et sur la relation police-population. Il s'était déjà fait connaître du grand public l'année dernière en cosignant avec Stéphane Gatignon (maire de Sevran en Seine-Saint-Denis) un ouvrage intitulé Pour en finir avec les dealers (Grasset, 2011). Il ouvre aujourd'hui un site Internet mettant en ligne son dernier manuscrit « Délinquance, l'imposture du tout sécuritaire ! ».

Dans ce travail, Serge Supersac estime qu'il existe des solutions pour endiguer la « petite et moyenne délinquance » qui empoisonne la vie quotidienne, des solutions basées sur l'expérience et qui ne coûtent pas cher. Il plaide pour la reconstruction d'une grande police administrative, c'est-à-dire une police de la voie publique, en inventant un système intégré entre police et gendarmerie nationales, polices municipales et agents de sécurité privée. Selon lui, l'accent doit être mis sur les moyens de mieux identifier les auteurs et de simplifier le traitement judiciaire de cette délinquance de masse : « si l’on repose les termes de l’équation en matière de délinquance on se rend compte qu’il faut travailler sur l’amélioration du mode d’identification des infracteurs ce qui passe par une surveillance moins aléatoire des secteurs. De même en sachant que l’administration de justice se révèle incapable de gérer les infractions de masse, d’autant que le phénomène de judiciarisation ajoute encore au trouble, il est nécessaire de se diriger vers un autre type d’administration de la justice ». Mais il estime également qu'« une meilleure sécurité ne pourra se réaliser sans l’implication des citoyens aujourd’hui tenus à l’écart ».
Une forte critique du sarkozysme policier
Or le constat dressé par le policier sur ces dernières années est amer : « Aujourd’hui dans le pays la relation entre la police du quotidien et les administrés est mauvaise. Alors que paradoxalement l’émergence de la délinquance de masse et de ses affres rendait l’opinion publique plus compréhensive par rapport aux difficultés du métier de la sécurité générale, le dernier épisode débuté en 2002 a creusé un fossé entre une force de sécurité à la recherche "d’affaires" et non plus de paix civile et une population qui, piégée par le discours offensif et volontariste, n’a pas vu la situation s’améliorer ». Il est selon lui plus que temps d'inverser la tendance : « Pour obtenir une force de sécurité efficace en matière de délinquance générale il faut laisser l’initiative aux policiers du terrain et l’osmose avec la population ne peut être considérée comme une perte de temps mais au contraire comme un investissement garantissant la connaissance parfaite des administrés et de leurs problèmes qui, une fois le bon diagnostic posé, peuvent se résoudre. La valorisation de "Pinot simple flic" est le passage obligé pour une meilleure sécurité et c’est l’effet induit des expériences de police de proximité qui a permis d’obtenir les succès enregistrés ».
On laisse aux lecteurs intéressés le soin de découvrir le détail et se faire une opinion sur les arguments de Serge Supersac. Notons pour terminer que son texte est aussi une charge très forte contre le sarkozysme policier mis en place après 2002 et la façon dont il s'est acquis le soutien d'une partie de la hiérarchie. « Aujourd’hui, lorsque j’écoute le discours martial des ministres de l’intérieur qui veulent mener la guerre à la drogue, aux bandes ou à la délinquance, je me dis que l’on ne retient pas des leçons de l’histoire et que cette élite suffisante perdure dans ses erreurs stratégiques alors que la connaissance des phénomènes en matière de sécurité progresse constamment. Le discours va t'en guerre qui a commencé par "le karcher" et qui se poursuit va encore une fois nous conduire dans le mur en sacrifiant au passage des dizaines de milliers de destins, ceux des soldats de la paix empêtrés dans les contradictions entre la réalité de la situation et la mauvaise stratégie imposée et ceux des jeunes égarés sur la voie de la délinquance tant elle s’impose plus facilement grâce précisément aux carences en matière de sécurité », écrit l'ancien commandant de police.
Ce dernier se demande aussi si le pays ne serait pas un peu « malade de son élite ». Les mots sont durs : « Lorsque j’ai vu les "généraux de la police" s’affubler de galons qui s’apparentent à ceux des généraux militaires, lorsque j’ai vu le directeur du renseignement mis en examen accusant le directeur général de lui avoir donné un ordre illégal, lorsque j’ai vu une éminence grise pur produit du système des connivences politiques devenir ministre et s’empêtrer dans des discours qui n’ont d’autres buts que de désigner des boucs émissaires, roms, bandes, immigrés, etc., je me suis dit qu’il était nécessaire d’apporter une contribution au débat pour informer une opinion publique que l’on a trop souvent trompé par le passé en matière de sécurité. Cet ouvrage est donc en ce sens "militant" mais non "idéologique", juste citoyen afin que la sécurité des Français ne soit pas confisquée par des lobbys politico-administratifs qui finiront par la déléguer au domaine privé ». Durs, mais peut-être justes.
Illustration : archives-lepost.huffingtonpost.fr et letelegramme.com

Le handicap expose à un risque élevé de fait de violence

27/04/2012
Une étude publiée dans la revue « The Lancet », montre que les adultes qui souffrent d’une maladie mentale ont plus de risque d’être victimes de violence. Les chercheurs, qui ont compilé plusieurs études de différents pays, pointe le manque de travaux, notamment dans les pays à faible et moyen revenu.
Dans le monde, environ 15 % des adultes ont un handicap, et ces personnes ont plus de risque d’être victimes de violence. L’étude publiée dans « The Lancet » précise par ailleurs que celles qui souffrent d’une maladie mentale sont particulièrement vulnérables. Les auteurs ont analysé et compilé des données de 21 études menées, entre le 1er janvier 1990 et le 17 août 2010, en Australie, au Canada, en Nouvelle-Zélande, à Taïwan, en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en Afrique du Sud. Les données de 21 557 adultes handicapés ont ainsi été analysées.
La prévalence des faits de violence (physique, sexuel ou conjugal) contre les personnes atteintes d’une maladie mentale est évaluée à 24,3 %, alors qu’elle est de 6,1 % pour les personnes qui souffrent d’un handicap intellectuel et 3,2 % pour celles qui souffrent de troubles non spécifiques. L’étude souligne que les difficultés relationnelles sont inhérentes aux maladies mentales, ce qui accroît la vulnérabilité des personnes qui souffrent de ces pathologies.

Une étape vers la prévention

Les auteurs insistent sur le fait que les études qu’ils ont analysées ont des faiblesses méthodologiques, et qu’il existe des différences entre les handicaps et les violences qui y sont étudiés. La plupart des études se sont focalisées sur les maladies mentales, alors que d’autres types de handicap ont été négligés. Les chercheurs déplorent aussi que trop peu d’études se soient intéressées au fait de savoir si c’est le handicap ou la violence qui est apparue en premier.
Pour les auteurs, cette étude est une première étape pour la prévention de la violence. Selon eux, la proportion d’individus avec un handicap directement touchés par la violence ou qui vivent dans la peur d’en être victimes, est susceptible d’être beaucoup plus élevé que leurs estimations. Les études inclues dans leurs travaux sont issues de six pays à revenu élevé et d’un pays à revenu moyen. Les données manquent pour la plupart des régions du monde, et particulièrement dans les pays à faible et moyen revenu, alors qu’ils ont souvent un taux plus élevé de violence que les pays développés et que les services pour les personnes handicapées sont inadaptés.
›CÉCILE RABEUX

Les Livres de Psychanalyse

Des expériences intérieures, pour quelles modernités ?

Julia Kristeva (dir.)


Philosophe, photographe, physicien, psychanalyste, anthropologue, historien, traducteur, architecte, linguiste, chacun de ceux qui parlent ici - ils ont donné une conférence au centre Roland-Barthes dans la première décennie du XXIe siècle -, vient renouveler l'approche du sujet dans l'espace de la langue ; en d'autres termes, élargir en le questionnant le spectre des expériences intérieures.

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Les Livres de Psychanalyse

Voix - Suivi de Chut !
Gérard Wajcman 

Voix est le tout premier livre de Gérard Wajcman.
Publié pour la première fois en Suisse en 1979 avec le titre "Voix-le face à la chute des sons nus", il devint vite indisponible. Cette nouvelle édition souhaite rendre à ce bref essai la visibilité qu'il n'a jamais eue. Le point de départ pour cette réflexion sur la voix, "objet petit a" lacanien, est l'expérience, troublante et saisissante, de l'écoute des rares enregistrements des voix de castrats.


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Les Livres de Psychanalyse

Freud et la théorie sociale
Stéphane Haber

Les sciences sociales s'éloignent aujourd'hui de l'idée selon laquelle leur contribution principale au savoir consisterait à approfondir sans cesse la découverte de l'homme moyen et de l'individu assujetti aux grandes forces collectives, découverte par laquelle elles se justifièrent à l'origine.

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