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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 21 janvier 2012


Psychiatrie: adresse aux candidats républicains, pour une psychiatrie fondée sur l'hospitalité.

- Collectif des 39 - Quelle hospitalité pour la folie ? -quelle hospitalité pour l’humain ?
Meeting le 17 mars 2012
à "La maison de l'Arbre" à Montreuil sous Bois 93
La folie n’est concevable qu’irréductiblement liée à la condition humaine.
Les conditions d’hospitalité pour la folie se dégradent inexorablement depuis près de trente ans. Depuis le 2 décembre 2008, date du discours du Président de la République à l’hôpital d’Antony, la situation s’est considérablement aggravée ; il est de plus en plus difficile de soigner et d'être soigné particulièrement depuis la loi du 5 juillet 2011.
Nous sommes à un moment politique où tous ces enjeux cruciaux pour la psychiatrie se posent aussi pour l'ensemble de la société.
Nous nous adressons à tous les candidats républicains pour qu’ils s’engagent à soutenir une psychiatrie fondée sur l’hospitalité.
Nous, professionnels du sanitaire, du médico-social, patients, familles et proches qui fréquentons la psychiatrie affirmons que : 
-L’engagement thérapeutique doit conduire à mettre l'accueil au centre des préoccupations afin de prendre en considération la vulnérabilité et la créativité des patients nécessaires à toute prise en charge thérapeutique.
-La dimension relationnelle est au cœur de tout processus de prévention et de soins.
-L’accès à des soins de qualité est un principe républicain.
Aussi refusons-nous avec force:
- L’envahissement d’une logique gestionnaire et managériale, l’exigence de rentabilité du soin, le manque de temps soignant, le manque de lits et de places, qui amènent à une accélération inconsidérée des prises en charge. Trop souvent les patients se retrouvent déshospitalisés avant d’aller suffisamment bien. Ce qui de fait conduit à un abandon des plus fragiles renvoyés à la rue ou à la prison.
-  Les empêchements à la mise en place d’un accueil de bonne qualité dans les services et dans les lieux ambulatoires, où les protocoles standardisés pseudo scientifiques dénient la singularité de chaque acte, de chaque projet soignant, de chaque patient et constituent un obstacle à la rencontre avec les patients.
- La politique de la Haute Autorité de Santé (HAS) qui  impose cette protocolisation destructrice d’hospitalité par des « quasi rituels » de soumission sociale au travers de processus d’accréditations homogénéisants et abêtissants.
- La nouvelle loi du 5 Juillet 2011qui se fonde sur l’illusion dangereuse qu’un traitement sous la contrainte juridique dans la cité est une avancée pour les patients ou leur famille.
-La mise à mal de la protection judiciaire de la jeunesse et la volonté de prédire le destin psychopathologique d’enfants de 3 ans ou d’adolescents. Ces choix  vont à l’encontre de toute expérience clinique et éducative et aggravent de fait la situation psychique des jeunes concernés.
. Les diagnostics effectués par des programmes informatiques ou des questionnaires sans finesse clinique qui relèvent d’une pratique machinique que nous n’aurions jamais imaginée.  Cette dérive ne peut conduire qu’à des aberrations et à une déshumanisation.
Aussi soutenons nous toutes pratiques qu’elles soient publiques, libérales conventionnées ou associatives, garantissant en particulier la continuité des soinset prônant l’attachement à des valeurs fondamentales telles que le respect du secret professionnel, l’engagement relationnel, l’indépendance professionnelle et le respect de l’intimité du patient.
Nous défendons pour tous les professionnels de la psychiatrie  un enseignement qui repose  notamment sur la psychopathologie et nécessite la réintroduction de formations spécifiques ancrées sur la clinique.  Une rupture nette du cadre hospitalo - universitaire  sous l’emprise des laboratoires pharmaceutiques doit être effective.
Nous nous battons déjà quotidiennement là où nous travaillons pour une autre pratique du soin et de l’hospitalité pour les patients et leurs familles. Nous le faisons malgré toutes les difficultés que nous rencontrons sur le terrain. Lesrésistances internes aux collectifs de soins ont toujours nécessité un travaild’analyse permanent ouvrant  une possibilité  concrète d’agir sur  l’organisation du travail. Or  ces résistances se trouvent considérablement aggravées par l’organisation bureaucratique actuelle de la Psychiatrie.
Nous sommes dans l’urgente nécessité de refonder la psychiatrie avec les principaux concernés: soignants de tous métiers et travailleurs sociaux, patients et usagers, familles et tous ceux, intellectuels et artistes qui soutiennent notre mouvement.
Nous affirmons que cette perspective est essentielle pour que la psychiatrie ne bascule pas dans la barbarie où rejeter et punir feraient disparaître les pratiques accueillantes de soins désaliénistes.
Nous  demanderons solennellement aux politiques lors de ce meeting du 17 mars 2012 à "La maison de l'Arbre" à Montreuil sous Bois 93, de s’engager dans ce mouvement de refondation et d’abroger
 - la Loi du 5 juillet 2011, et toutes les lois organisant depuis des années la bureaucratisation de la gouvernance hospitalière.
- La loi du 25  février 2008 sur la rétention de sûreté
Contacts presse:
Yves Gigou: 06 60 48 98 84 - yglns39@orange.fr

Droits des patients : cinq projets sociaux primés

19 janv. 2012
Droits des patients : cinq projets sociaux primés
Les cinq projets lauréats du prix « Droit des patients » 2011 ont d’abord une visée sociale.
Lancée le 18 avril 2011, à l'occasion de la Journée européenne du droit des patients, la 2e édition du prix « Droit des patients » a recueilli plus de 120 projets. Présidé par Marina Carrère d’Encausse, présidente de la mission « 2011, année des patients et de leurs droits », le jury a distingué cinq lauréats fin 2011.
Ces projets, à forte connotation sociale, ont pour points communs d'être « modélisables, transposables : ils s’inscrivent dans la durée, s’attachent à favoriser l’appropriation des droits par tous- y compris par des populations dont la situation rend difficile l’accès à leurs droits-, ont une visée pédagogique, sont originaux ou comblent un vide », indique le ministère de la Santé. Présentation.
Lire la suite ici

Plus de 3 000 personnes attendues devant un psy, à Caen !

christophe_andre_1506
« Aujourd’hui, la question de l’estime de soi est considérée comme une nécessité pour survivre dans notre société compétitive… ». Dans ce contexte, et « dans son rôle d’assureur militant », l’assureur, la MAIF, organise une conférence-débat, au Zénith de Caen, ce jeudi soir, animée par un psychiatre. C’est gratuit et plus de 3 000 personnes sont attendues ! 
« L’objectif est de permettre à chacun de mieux appréhender le concept de l’estime de soi, d’en connaître les pratiques, ses conséquences, et ses limites, pour, au final, améliorer le bon rapport avec soi-même », annonce la MAIF
Lors de cette conférence, qui sera animée par le Docteur Christophe André, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris, plusieurs questions seront abordées : Que savons-nous de l’estime de soi ? Comment la définir ? Comment analyser notre relation à l’estime de soi ? Quelles pressions s’exercent ? Comment la protéger et la développer ? 
Le Docteur Christophe André exerce depuis 1992 à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris, au sein du service hospitalo-universitaire de santé mentale et de thérapeutique. Il est spécialisé dans la prise en charge des troubles anxieux et dépressifs et tout particulièrement dans le domaine de la prévention des rechutes. 
Christophe André est l’un des chefs de file des thérapies comportementales et cognitives en France, et a été l’un des premiers à y introduire l’usage de la méditation en psychothérapie (source : Wikipédia).. 
Chargé d’enseignement à l’Université Paris X, il est auteur de nombreux livres de psychologie à destination du grand public : « Imparfaits, libres et heureux », « Pratiques de l’estime de soi » et de « L’estime de soi, mieux vaut s’aimer pour vivre avec les autres », aux éditions Odile Jacob. 
Plus d’infos sur son blog

• Conférence, ce jeudi 19 janvier, à 18h30, au Zénith de Caen. C’est gratuit. Renseignements et inscriptions sur le site de la Maif

ANTONIN ARTAUD

Artaud sans fin, un article de FRANÇOIS-RENÉ SIMON

ANTONIN ARTAUD, CAHIERS D’IVRY (FÉVRIER 1947-MARS 1948), Édition d’Évelyne Grossman, T. 1 Cahiers 233 à 309 (1 162 p.), T. 2 Cahiers 310 à 406 (1 180 p.) Gallimard, 38 euros chaque (34,50 euros jusqu’au 29 février)
C’est une publication tout à fait singulière que celle desCahiers d’Ivry. Un livre pari, un livre (de) fou en deux volumes, 2 350 pages, papier fin, 2,35 kg, facsimilés en nombre, mise en pages qui tente de suivre au plus près celle des manuscrits avec des blancs au cœur du texte et une transcription des mots tels qu’ils sont écrits, souvent sans accent ni apostrophe, la vitesse prenant le pas sur l’orthographe. Rassurez- vous, c’est volontaire et on s’y habitue très vite.

360 associations de patients se partagent 5 millions d'euros issus des industries de santé

18.01.12 - 17:13 - HOSPIMEDIA 
Quelque 96 déclarations d'aides versées aux associations de patients par les industriels de la santé ont été enregistrées par la Haute autorité de santé (HAS) pour l'année 2010 : soit un peu plus de 5 millions d'euros versés à 360 associations (toutes les données sur le site de la HAS). Des chiffres stables par rapport à 2009 : 5,1 millions d'euros avaient été accordés à 308 associations par 81 industriels (lire notre brève du 27/10/2010). "La plus grande partie de ces aides (95%) a été accordée sans contrepartie économique", souligne la HAS dans un communiqué. Les industriels financeurs (9 déclarent n'avoir versé aucune aide) soutiennent entre 1 et 49 associations.
Comme l'an passé, précise la Haute autorité dans une note, "si le nombre de déclarants demeure théoriquement faible au regard du nombre d'adhérents de la Fédération française des industries de santé, comme l'année précédente, les dix plus grands laboratoires au niveau mondial ont rempli leur obligation, conférant aux données publiées une représentativité significative".
P.H.

Plan psychiatrie et santé mentale 2011-2015Le projet dans sa dernière ligne droite donne un rôle central aux ARS

18.01.12 - 15:14 - HOSPIMEDIA 
Le Plan psychiatrie et santé mentale (PPSM) 2011-2015, dans une version quasi-finale, sera en discussion le 26 janvier lors de la prochaine réunion du comité d'orientation du plan psychiatrie santé mentale, indique la Fédération hospitalière de France (FHF) sur son site Internet. Elle propose aussi en ligne le document de travail qui sera alors examiné. Comme convenu, le plan – dans sa version de travail – se décline autour de quatre axes pour prévenir et réduire les ruptures, au cours de la vie de la personne, selon les publics et les territoires, entre la psychiatrie et son environnement sociétal et enfin entre les savoirs (lire aussi notre brève du 18/10/2011).
Une longue première partie s'attache à définir les différents concepts en psychiatrie et santé mentale – définitions de santé mentale, psychiatrie, prévention, promotion de la santé, réhabilitation sociale, soins, rétablissement, accompagnement, handicap psychique, aidants, entourage – et à justifier également les objectifs et la cible du plan.
Le rôle central des ARS est à plusieurs reprises souligné. "La psychiatrie et la santé mentale doivent pouvoir bénéficier de la nouvelle gouvernance régionale du système de santé, grâce au décloisonnement du sanitaire et du médico-social dont elle a besoin, en mettant à profit son expérience en matière de sectorisation psychiatrique, et en cherchant aussi à en dépasser certaines limites (inégalités territoriales, méconnaissance des autres acteurs du territoire)", lit-on dans le document. Il est aussi proposé de faire évoluer le concept de secteur d'une approche totale à une approche globale évoquant à son sujet les critiques "que ne peut toujours expliquer un manque de moyens". Dans ce plan, le secteur est présenté comme "un outil au service du territoire, ce n'est ni une forteresse pour le professionnel ni une prison pour le patient".
Quand au mode opératoire, il fait l'objet de la troisième partie du plan. Globalement, le pilotage national est confié à la Direction générale de la santé (DGS). En région, la gouvernance en psychiatrie, le suivi et la mise en œuvre du plan sont centrés sur les ARS. Les objectifs du plan doivent notamment se retrouver dans les Programmes régionaux de santé (PRS). Pour cela, avant l'été 2012, les ARS devront signaler à la Direction générale de la santé (DGS) une fiche signalétique décrivant les mesures mises en place. Ces fiches seront annexées au PPSM. Administrations et opérateurs sont aussi invités à apporter leurs contributions au plan. Et de citer : la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS), la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA), la Direction de la sécurité sociale (DSS), la Direction générale de l'urbanisme, de l'habitat et de la construction (DGUHC), la Direction générale de l'emploi et de la formation professionnelle (DGEFP), la Direction générale de l'enseignement supérieur et de la recherche (DGESR), la Délégation à l'information et à la communication (DICOM), le secretariat du ministère de la Justice, l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES).
En matière de suivi du plan, une conférence annuelle présidée par le ministre chargé de la Santé et celui des Solidarités est prévue pour notamment faire le point sur la mise en œuvre des feuilles de route des différentes institutions. D'ores et déjà, un rapport final élaboré et soumis à la conférence annuelle du plan est programmé pour 2016.
L.W.

La présidente de la Fnapsy en colère contre l'absence de politique de santé mentale

12.12.2011  
La présidente de la Fédération nationale des associations d'usagers en psychiatrie (Fnapsy), Claude Finkelstein, a exprimé le 8 décembre 2011 sa colère contre l'absence de ligne directrice dans la politique de santé mentale.
Présidente FNAPSY Claude Finkelstein"Nous n'avons plus d'interlocuteur", a-t-elle regretté lors d'un débat sur les droits des patients organisé par l'Association nationale des responsables qualité en psychiatrie (ANRQPsy), en critiquant la méthode d'élaboration du Plan de santé mentale, attendu pour début 2012.
Dans les réunions du comité d'orientation du nouveau plan, "il n'y a pas de ligne directrice et pas de pilote dans l'avion. Nous sommes dans une assemblée de 80 ou 100 personnes et chacun défend sa paroisse. Ce n'est pas ça qui va nous faire avancer".
Le précédent Plan de santé mentale 2005-08 "avait été préparé correctement", a-t-elle souligné. "Nous avions obtenu des avancées, la création des groupes d'entraide mutuelle (GEM) et un plan de rénovation des bâtiments".
Claude Finkelstein a aussi rappelé que de nombreuses avancées avaient été obtenues depuis 2002, notamment l'accès direct au dossier médical par la loi du 4 mars 2002, et la loi du 11 février 2005 reconnaissant le handicap psychique.
Mais " je vis un retour de 20 ans en arrière", a-t-elle constaté.

A titre d'exemple, elle a marqué son incompréhension devant le refus de la secrétaire d'Etat à la santé, Nora Berra, d'examiner une proposition de la Fnapsy de création de "maisons médicales en périphérie d'un établissement psychiatrique" afin de mieux assurer la prise en charge des soins somatiques. "Elle nous a répondu par lettre que le ministère était en train de réfléchir à d'autres choses".
D'une manière générale, elle a constaté qu'elle-même et d'autres acteurs de la psychiatrie n'avaient plus accès aux ministres en charge de la santé, Xavier Bertrand et Nora Berra.

Psychiatrie - Nora Berra parle du Plan psychiatrie et santé mentale 2011-15

18.01.2012  
La secrétaire d'Etat à la santé, Nora Berra, a répondu à trois questions de l'APM sur le plan psychiatrie et santé mentale(PPSM) 2011-15, en cours de finalisation.

Nora Berra Secrétaire d'Etat à la SantéAPM - Quelle est la portée du plan psychiatrie et santé mentale 2011-15?

Nora Berra -
 Le premier plan 2005-2008 a permis de réelles avancées en matière d'investissement en psychiatrie, de formation des professionnels, de transformation des établissements. Mais il faut aller plus loin.
J'ai annoncé l'élaboration d'un nouveau plan psychiatrie et santé, lors des débats sur la réforme de la loi de 1990, conformément aux souhaits du président de la République.
J'ai voulu que l'on définisse, au sein d'un comité d'orientation large, un cadre stratégique beaucoup plus clair, un cadre lisible pour les professionnels, mais aussi tous les citoyens, car ces sujets concernent la société toute entière.
Comme je l'ai dit, je suis persuadée que la psychiatrie et la santé mentale n'ont pas seulement besoin de mesures législatives et réglementaires, elles ont aussi, et surtout, besoin de sens.
Ce plan, ce n'est pas mon plan, c'est un plan qui est d'abord pour les personnes qui vivent avec la maladie, leurs aidants, c'est celui des professionnels, celui de tous les citoyens de notre pays.
Vous savez, ce n'est pas de Paris que l'on agit sur ces questions. Ce sont tous les acteurs locaux, sanitaires mais aussi médico-sociaux et sociaux, tous les travaux de concertation au sein des territoires qui construisent et améliorent les parcours de soin et d'accompagnement, dans une relation étroite avec l'ensemble du tissu social de la personne malade, et en particulier de ses aidants.
APM - Quel est le calendrier de sa publication et de sa mise en oeuvre
Nora Berra - J'ai tenu à respecter un calendrier ambitieux, et qui, en même temps, donne le temps nécessaire à la concertation. Nous venons d'adresser le document issu de cette concertation. Ce document sera débattu par le comité d'orientation du plan le 26 janvier prochain, soit un an, jour pour jour, après son lancement par le président de la République. D'ici le 26 janvier, et peut-être encore dans les jours qui suivront nous recevrons probablement des contributions écrites comme cela a été le cas jusqu'à présent. J'y serai très attentive, comme je l'ai été au cours de ces derniers mois.J'ai en particulier été très intéressée par les "20 propositions" rédigées de concert par la Fédération hospitalière de France (FHF), la conférence des présidents de CME de CHS, l'Adesm, l'Unafam et la Fnapsy, et je tiens à souligner le travail que nos partenaires ont mené et qui nous a permis d'aboutir à un projet de plan ambitieux.
APM - Comment pourra-t-on s'assurer que les préconisations seront suivies ?
Nora Berra - "Le projet l'affirme avec force : la mise en oeuvre du plan c'est une responsabilité collective. Comment ? Avec les organes de gouvernance du système de santé: les ARS, les conférences de territoire, les contrats pluriannuels d'objectifs et de moyens (CPOM), les projets d'établissement, mais aussi à travers la nouvelle convention médicale, et en s'appuyant sur le développement professionnel continu (DPC). Ce ne sont là que des exemples. Le plan montre comment se saisir des outils, en particuliers des outils de la loi HPST, pour que les changements concrets s'opèrent.
Plus précisément, voici comment nous allons faire: lorsque ce document sera rendu définitif, à l'issue des travaux du comité d'orientations, nous demanderons aux administrations centrales et aux agences régionales de santé (ARS) de définir la façon dont elles comptent le mettre en oeuvre: les ARS indiqueront ce qui, dans le projet régional de santé (PRS) en cours d'élaboration ou finalisé, répond à ces orientations, et comment précisément.
Ce sont les organes de suivi régional du PRS qui doivent s'assurer de cette mise en oeuvre.
Au niveau national, le pilotage est confié à la Direction générale de la santé (DGS), et nous ferons une conférence annuelle de suivi du plan. Parallèlement, nous travaillons à la finalisation de quelques indicateurs, car c'est très important pour évaluer la mise en oeuvre du plan, de ses impacts, des progrès que nous allons faire, et aussi de ceux qui nous resterons à accomplir. C'est un travail de longue haleine, mais nous franchissons avec ce cadrage stratégique un pas tout à fait décisif.



Une consultation pour dépister les 4-6 ans


Une consultation destinée à repérer les troubles de l’apprentissage et psychoaffectifs chez les enfants de 4, 5 et 6 ans. C’est ce que souhaitent mettre en place les URPS et l’AFPA sur l’ensemble du territoire français, après avoir mené une expérimentation concluante en Ile-de-France et en Rhône-Alpes.

Dyslexie, Dyspraxie, dyscalculie… les troubles de l’apprentissage concernent 4 à 10 % des enfants en France. Soit 1 à 3 enfants par classe ! Pourtant, ils sont peu nombreux à être dépistés précocement. Pour mieux repérer ces enfants en difficulté, les URPS (Unions régionales des professionnels de santé) médecins et l’AFPA (Association Française de pédiatrie ambulatoire) proposent une « consultation de repérage des troubles de l’apprentissage », destinée à être réalisée par les généralistes et les pédiatres libéraux chez les enfants de 4, 5 et 6 ans. Cette consultation baptisée « MOD 4,5,6 » a été testée avec succès en Ile de France et en Rhône Alpes (voir encadré). Et les deux Unions militent en faveur de sa généralisation sur toute la France, en complément, bien sûr, de la médecine scolaire et de la PMI.

Faisabilité démontrée

« L’expérimentation, réalisée auprès de 60 généralistes et pédiatres, a tout d’abord montré la faisabilité d’un tel test en médecine générale » indique le Dr Dominique Girardon (URPS). De plus, elle s’avère utile afin de détecter les troubles de l’apprentissage : au cours d’une consultation sur deux, une ou plusieurs anomalies ont été repérées pour la première fois. « Il s’agit surtout de problèmes de vue (21 %), de troubles de l’audition (10 %) et de troubles du langage oral (8 %) », détaille le Dr Jean-Paul Blanc (AFPA), qui indique que « ces pourcentages relevés dans le cadre de l’étude sont proches de ceux attendus et connus ». Par ailleurs, l’expérience a été jugée très profitable par les médecins y ayant participé. 78 % d’entre eux estiment qu’elle leur a permis de repérer des troubles qu’ils n’auraient pas décelés sans cela. « De plus, Un an après le test sur le terrain, la quasi totalité des médecins inclus ont indiqué qu’ils continuent à utiliser les outils fournis lors de l’expérimentation,» évoque le Dr Blanc.

Côté patient, la satisfaction est également au rendez-vous : les parents ont perçu la consultation comme intéressante (90 %) et l‘enfant comme « amusante » (81 %) et globalement, l’expérience a été vécue comme un moment privilégié d’échange avec le médecin.

Lorsqu’un trouble est dépisté, les suites données ont été de différents types : orientation vers une consultation spécialisée (40 % des enfants), nouveau rendez-vous donné à court terme (40 %), prescription d’un examen complémentaire (3 %). Toutefois, quelques bémols ont été relevés. Tout d’abord, la consultation est jugée trop longue (54 minutes en moyenne) : selon les expérimentateurs, « il est difficile de trouver le temps nécessaire et de l’intégrer dans un planning ». Elle a été désormais allégée en abandonnant certains tests, afin qu’elle ne dure pas plus de 45 mn , avec la possibilité de la scinder en deux temps.

La question de la rémunération se pose

Ensuite, pour que cette consultation puisse être effective sur le terrain, elle doit s’assortir d’une rémunération adaptée et d’une formation préalable. « Nous pouvons assurer la formation et lever les budgets nécessaires pour ce faire », avance le Dr Régis Mouries (URPS). En revanche, quant à la rémunération, c’est aux autorités d’en décider. L’association MOD 456 propose un forfait santé publique de consultation de prévention. « Ce forfait, aux alentours de 150 euros, propose le Dr Mouries, inclurait la ou les consultations de repérage (si la consultation est scindée en deux temps), l’analyse des tests, ainsi que le temps de coordination nécessaire pour amorcer la prise en charge de l’enfant lorsqu’elle se révèle nécessaire ». Il reste à convaincre le gouvernement de l’importance de développer les actions de prévention, en leur attribuant les moyens financiers nécessaires.
Charlotte Demarti

Hôpital Sainte-Anne : deux psychiatres suspendus

 | PAR LA RÉDACTION DE MEDIAPART
Interdiction d'exercice d'un an dont neuf mois avec sursis pour le docteur Gérard Massé ; interdiction d'exercice de trois mois dont deux mois avec sursis pour le docteur François Petitjean : le Conseil régional de l'Ordre des médecins d'Ile-de-France a fermement sanctionné, le 3 janvier, deux psychiatres du Centre hospitalier Sainte-Anne à Paris. Les deux médecins étaient poursuivis pour leur pratique exposée dans le documentaire Sainte-Anne, hôpital psychiatrique, de Ilan Klipper, filmé dans leurs services respectifs et diffusé sur Arte en mai 2010.
Au fil du documentaire, le nom de certains patients et leur traitement étaient révélés, et sont apparues comme récurrentes certaines pratiques comme la menace (de contention, d'interdiction de fumer, d'injection) contre certains patients résistant à la prise de médicament ou des attitudes peu respectueuses des patients voire maltraitantes (tutoiement systématique, «manque de délicatesse», et apparition d'une patiente en slip devant la caméra…).  


L'Agence de presse médicale (APM) publie ce 17 janvier le détail des sanctions. Le conseil de l'ordre a retenu sept infractions au code de déontologie : à l'obligation de respect de la personne du patient et de sa dignité
 ; au dévouement à l'exercice de la médecine
 ; au caractère absolu du secret médical
 ; à l'obligation d'une «attitude correcte et attentive envers la personne examinée»
 ; à l'interdiction de tout acte «de nature à déconsidérer» l'exercice de la profession médicale
 ; au devoir de délivrer au patient « une information loyale, claire et appropriée sur son état, les investigations et les soins qu'il lui propose» ; au devoir de recueillir son consentement ou de prévenir ses proches s'il n'est pas en état d'exprimer sa volonté.
La sanction prendra effet le jeudi 1er mars sauf si les médecins font appel devant la chambre disciplinaire du Conseil national de l’ordre des médecins. Ils disposent de 30 jours suivant la notification.

Gérard Massé n'est pas n'importe quel psychiatre : chef du service à l’hôpital Sainte-Anne, longtemps président de la commission médicale de l'établissement, il a été l’auteur du rapport «la psychiatrie ouverte, une dynamique nouvelle en santé mentale» qui a précédé l'installation de la mission nationale d’appui en santé mentale en 1993 et qu’il a dirigée jusqu’en février 2008.

L’Ordre infirmier contre attaque

vendredi 20 janvier 2012

A revoir pendant 7 jours en cliquant ici



©D.R
Jeux criminels documentaire d'Adrien Rivollier (2012)

En direct de l'antenne de Psychiatrie et Psychologie légale de La Garenne-Colombe, le psychologue-criminologue Samuel Lemitre tente, depuis dix ans, une expérience rare : il suit des délinquants sexuels de 13 à 18 ans. Sur obligation du juge, ces derniers doivent s'y rendre chaque semaine et suivre ainsi une psychothérapie. Samuel Lemitre a autorisé une immersion dans cet étrange huis clos où les ados se livrent, parlent de leur passé teinté à 80% d'agressions sexuelles qu'ils ont eu aussi subi. Une approche différente qui, loin de justifier les crimes commis, donne enfin un vrai regard sur ces ados considérés comme des monstres.

Jeux criminels documentaire d'Adrien Rivollier Mardi 17 janvier 2012 de 22h50 à 23h45 sur France 2.

Quand la dangerosité devient le grand critère de la justice pénale


Par ALAIN BLANC Magistrat, SOPHIE BARON-LAFORÊT Psychiatre (Association française de criminologie)
Nul ne sait si, dans les semaines qui précéderont l’élection présidentielle de mai 2012, un crime particulièrement horrible surviendra ou non. En revanche, il nous semble utile de formuler dès maintenant des recommandations sur les questions qui se posent sur le fonctionnement de la justice pénale et les attentes de nos concitoyens à ce sujet car les prises de positions des responsables politiques, mandatés ou non par les candidats à l’élection présidentielle pour s’exprimer sur les questions pénales, ont en effet pris jusqu’à présent un tour réellement préoccupant, quel que soit le bord d’où elles venaient.
Tout a déjà été dit sur l’effet désastreux de l’accumulation de lois souvent contradictoires censées garantir le non-renouvellement de faits divers, prétextes à leur élaboration en urgence au Parlement. Il en est de même concernant la question des moyens des services publics en charge de ces questions, qu’il s’agisse de la police, de la justice, de la psychiatrie ou plus largement des politiques publiques contribuant à la prévention de la délinquance et en particulier de la récidive.
Venons-en au cœur du sujet : depuis quelques années, nous sommes, avec la question pénale, comme sur un toboggan qui entraîne tout le monde en chute libre : la dangerosité est en train de devenir l’alpha et l’oméga, la pierre angulaire de toute la politique pénale : la loi du 28 février 2008 a instauré la rétention de sûreté et la privation de liberté perpétuelle sans crime ni délit. Dans le même mouvement, à bas bruit, le psychiatre et le juge se voient de plus en plus assignés par les responsables politiques - et l’opinion qu’ils contribuent à façonner - non plus pour l’un, à soigner et à apaiser la souffrance, pour l’autre à dire le droit et à rendre une décision juste, mais pour l’un et l’autre, d’abord, à prévoir le risque de dangerosité.
Il y a là un risque grave pour tout le monde, sans garantie d’améliorer la sécurité des personnes : celui de voir le médecin et le juge («mais le constat vaut pour d’autres professionnels dans le travail social, l’enseignement, la police, la recherche…») ne plus assurer leur mission première. Déjà, les psychiatres déplorent d’être mobilisés sur des urgences considérées comme plus sensibles ou médiatiques aux dépens des soins à des malades qui souffrent mais dérangent moins leur environnement. De même, les délibérés des chambres correctionnelles ou des cours d’assises intègrent de plus en plus le «risque de récidive» dans le calcul des peines qu’ils prononcent. Tant que les malades sont malgré tout soignés et que les peines restent «justes», rien de grave, nous dira-t-on.
Mais ne voit-on pas là en germe un risque de dérive ? Car la pollution des esprits est générale : l’étranger, le malade, le pauvre, le sans domicile fixe, et même l’enfant sont de plus en plus perçus comme potentiellement dangereux. C’est ce qui explique la régression historique qui est actuellement en cours pour notre droit des mineurs, mais aussi ce qui n’est - peut-être - qu’une «bourde» : le récent programme du ministère de l’Education nationale dit de «détection des risques» chez les enfants de moins de 3 ans, là où rien n’aurait été sans doute critiquable s’il s’était agi de repérage des «besoins» de ces mêmes enfants.
Mais revenons à la justice pénale. Dans ce domaine très surexposé, les effets de cette obsession de la dangerosité sont considérables : le récent quasi-lynchage à Brest d’un marginal pris par erreur pour un pédophile et décédé dans la foulée d’un arrêt cardiaque, l’illustre concrètement. On se souvient qu’ailleurs, quelques mois plus tôt, son ADN avait sauvé du même sort un ancien condamné pour agression sexuelle.
Le projet de loi de programmation d’exécution des peines - présenté une fois de plus en urgence devant le Parlement, et quelques mois avant l’échéance présidentielle - en est un autre avatar.
D’une part, seule la dangerosité supposée et la durée de peine des détenus y sont prises en compte - à l’exclusion de tout critère criminologique minimal - pour définir une priorité : affecter 7 000 places à des condamnés à moins de trois mois, alors qu’ils relèvent d’un aménagement de leur peine comme l’exige la loi du 10 novembre 2009 (c’était hier…).
D’autre part, et les suites du drame du Chambon-sur-Lignon n’ont pas fini d’alimenter ce débat important, le même projet de loi prévoit que le médecin informe le juge de l’application des peines sur «l’effectivité» (exposé des motifs) des soins suivis par le condamné ou sur leur «régularité» (article 5 du projet de loi). Tout cela risque de se solder par un compromis très approximatif autour d’un concept qui l’est tout autant : celui de «secret partagé» alors que les questions qu’il sous-tend sont complexes.
Venons-en à trois questions de fond qui nous paraissent déterminantes si l’on veut définir des perspectives sérieuses et avec un minimum de recul dans ce domaine. L’une concerne les débats sur l’expertise des prévenus ou accusés avant le procès pénal, l’autre, les conditions dans lesquelles la peine est définie par les juges et les jurés, la dernière les politiques d’exécution des peines et leur évaluation.
Sur l’expertise. Si des débats doivent avoir lieu sur les méthodes permettant de mieux connaître les personnes vis-à-vis desquelles la justice doit statuer, et de repérer ce qui peut être discerné sur leurs perspectives d’évolution (y compris les risques de réitération), ce ne sont ni les affrontements idéologiques ni les dogmatismes qui permettront d’y voir plus clair.
Ce serait une erreur de penser qu’il faut choisir entre la clinique psychiatrique et les méthodes «actuarielles» (ou statistiques), abusivement présentées par leurs émules comme plus «scientifiques». Clinique et méthodes actuarielles n’ont absolument pas la même fonction. Elles sont, par rapport à la définition de ce qui serait une politique publique de prévention de la récidive, plus complémentaires qu’exclusives l’une de l’autre.
Si l’on veut bien admettre qu’il s’agit d’une question scientifique, celle de déterminer ce que les techniques et les méthodes mises à jour jusqu’à présent peuvent apporter, recourons, comme cela a déjà été fait sur d’autres questions du même ordre, à la Haute Autorité de santé et à une «conférence de consensus» qui fera le point sur les savoirs en la matière et contribuera à un vrai débat démocratique à partir des analyses et des propositions qu’elle formulera.
Sur les conditions dans lesquelles la peine est définie et prononcée. Au moment où la peine est sans cesse critiquée et remise en question, où certains extrémistes faisant litière de tout principe humaniste vont jusqu’à réclamer l’instauration de peines perpétuelles incompressibles et non aménageables, donnons-nous les moyens de faire en sorte que cette peine soit déterminée dans des conditions sérieuses. Il est temps de recourir à la «césure du procès pénal» en deux temps. Celle-ci est seule en mesure de faire en sorte que la nature et le quantum de la peine soient débattus contradictoirement à partir de données examinées, pesées et discutées par celui ou celle dont la culpabilité est acquise, par l’accusation et par la défense.
A cette fin, un «temps du choix de la peine» doit être instauré en lieu et place des échanges convenus dans les procès actuels en fin de débat sur la culpabilité, sans autre contenu, d’une pauvreté le plus souvent affligeante, que celui autour de la «gravité» des faits.
De la qualité de ce débat-là, qui exige du temps, des données riches sur la personnalité et l’environnement du condamné sont indispensables pour garantir la crédibilité et la légitimité de la peine prononcée et sa capacité à être comprise, y compris par celui à qui elle est infligée.
L’exécution des peines. Nous sommes en janvier 2012 et plusieurs maisons d’arrêts sont obligées de mettre des matelas par terre dans les cellules pour garder des détenus dont beaucoup sont condamnés à des peines de moins de six mois. L’articulation entre les juridictions, parquet et siège, et les services pénitentiaires, malgré la loi du 10 novembre 2009 censée corriger les effets de celle du 10 août 2007 sur les peines planchers, n’a pas permis de généraliser les aménagements pour ces courtes peines, dont beaucoup se traduisent par des incarcérations impossibles à aménager en si peu de temps. C’est l’une des conclusions d’un colloque inauguré par le garde des Sceaux début novembre 2011 à l’IEP de Paris.
La seule réponse proposée à cette situation, non contestée en l’état par l’opposition, est de créer 7 000 places pour les moins de trois mois dont on sait - mais le projet de loi n’en dit mot - qu’il s’agit pour l’essentiel, en dehors des conduites en état alcoolique, de «petits voleurs» récidivistes pour la plupart, alcooliques et/ou toxicomanes, tous désocialisés, sans emploi, souvent sans hébergement.
Cette unique réponse est envisagée au moment où l’on entre dans une crise économique que l’on nous annonce comme sans précédent, c’est indigne.
Tout est-il mis en œuvre pour faciliter la mobilisation d’autres réponses ? De quelles évaluations disposons-nous et, quand elles existent - c’est le cas sur ce sujet -, qu’en fait-on ?
Les réponses ne sont pas - ou pas seulement - dans de nouvelles places de prison. Si beaucoup dépendent de la justice, de ses professionnels et des politiques régionales et locales à définir conjointement, elles dépendent aussi des autres services de l’Etat et des collectivités territoriales et du développement de la recherche sur des enjeux essentiels pour la cohésion et le respect de l’état de droit dans notre pays.
Ces propositions ne sont pas les seules à pouvoir contribuer à une meilleure qualité de la justice pénale et à renforcer sa légitimité. Mais elles ont le mérite, essentiel en ces temps de polémique et d’approximations, de faire appel à la fois aux savoirs disponibles et à la responsabilité de chacun.




Mélancolie - Essai sur l'âme occidentale
Par Làszló F. Földényi

Natalia Zaremba-Huzsvai (Traducteur), Charles Zaremba (Traducteur)



La mélancolie, nous dit László F. Földényi, est une tonalité constante du tempérament de l'homme occidental, quels que soient les contextes idéologiques qui le baignent. Il y aurait donc un fond de mélancolie, un esprit mélancolique à l’œuvre dans les soubresauts de la culture européenne. Tour à tour marque des devins et des hommes d’exception de l’Antiquité, maladie mentale caractérisant l’insensé du Moyen Age, altération psychique du héros romantique plongé dans la tristesse et l’ennui ou du névrosé ordinaire qui court les rues de la vie moderne, cette figure singulière des maladies de l’âme n’en reste pas moins l’expression aiguë des profondes contradictions de l’identité humaine.
Cette affection - aubaine ou fatalité - traverse les époques en convoquant autour d’elle philosophie, médecine, esthétique, art, ce qui en fait le lieu par excellence où ne cesse de se poser et de se renouveler l’interrogation sur le sens de l’existence. C’est que la mélancolie a l’audace de dévoiler le ressort caché de la condition humaine : cette ambivalence inconfortable de l’homme écartelé entre son destin d’être fini et son désir d’infini, s’éprouvant avec un plaisir jouissif ou une souffrance accablante.
Mais toujours, vertigineusement, comme un moins que rien qui désire plus que tout. La mélancolie, c’est l’histoire de cette épreuve solitaire indépassable mais c’est aussi et surtout une épreuve décisive de lucidité, selon le pessimisme serein du philosophe, qui lui rend ici un brillant hommage.