Psychiatrie: adresse aux candidats républicains, pour une psychiatrie fondée sur l'hospitalité.
- Collectif des 39 - Quelle hospitalité pour la folie ? -quelle hospitalité pour l’humain ?
Meeting le 17 mars 2012
à "La maison de l'Arbre" à Montreuil sous Bois 93
La folie n’est concevable qu’irréductiblement liée à la condition humaine.
Les conditions d’hospitalité pour la folie se dégradent inexorablement depuis près de trente ans. Depuis le 2 décembre 2008, date du discours du Président de la République à l’hôpital d’Antony, la situation s’est considérablement aggravée ; il est de plus en plus difficile de soigner et d'être soigné particulièrement depuis la loi du 5 juillet 2011.
Nous sommes à un moment politique où tous ces enjeux cruciaux pour la psychiatrie se posent aussi pour l'ensemble de la société.
Nous nous adressons à tous les candidats républicains pour qu’ils s’engagent à soutenir une psychiatrie fondée sur l’hospitalité.
Nous, professionnels du sanitaire, du médico-social, patients, familles et proches qui fréquentons la psychiatrie affirmons que :
-L’engagement thérapeutique doit conduire à mettre l'accueil au centre des préoccupations afin de prendre en considération la vulnérabilité et la créativité des patients nécessaires à toute prise en charge thérapeutique.
-La dimension relationnelle est au cœur de tout processus de prévention et de soins.
-L’accès à des soins de qualité est un principe républicain.
Aussi refusons-nous avec force:
- L’envahissement d’une logique gestionnaire et managériale, l’exigence de rentabilité du soin, le manque de temps soignant, le manque de lits et de places, qui amènent à une accélération inconsidérée des prises en charge. Trop souvent les patients se retrouvent déshospitalisés avant d’aller suffisamment bien. Ce qui de fait conduit à un abandon des plus fragiles renvoyés à la rue ou à la prison.
- Les empêchements à la mise en place d’un accueil de bonne qualité dans les services et dans les lieux ambulatoires, où les protocoles standardisés pseudo scientifiques dénient la singularité de chaque acte, de chaque projet soignant, de chaque patient et constituent un obstacle à la rencontre avec les patients.
- La politique de la Haute Autorité de Santé (HAS) qui impose cette protocolisation destructrice d’hospitalité par des « quasi rituels » de soumission sociale au travers de processus d’accréditations homogénéisants et abêtissants.
- La nouvelle loi du 5 Juillet 2011qui se fonde sur l’illusion dangereuse qu’un traitement sous la contrainte juridique dans la cité est une avancée pour les patients ou leur famille.
-La mise à mal de la protection judiciaire de la jeunesse et la volonté de prédire le destin psychopathologique d’enfants de 3 ans ou d’adolescents. Ces choix vont à l’encontre de toute expérience clinique et éducative et aggravent de fait la situation psychique des jeunes concernés.
. Les diagnostics effectués par des programmes informatiques ou des questionnaires sans finesse clinique qui relèvent d’une pratique machinique que nous n’aurions jamais imaginée. Cette dérive ne peut conduire qu’à des aberrations et à une déshumanisation.
Aussi soutenons nous toutes pratiques qu’elles soient publiques, libérales conventionnées ou associatives, garantissant en particulier la continuité des soinset prônant l’attachement à des valeurs fondamentales telles que le respect du secret professionnel, l’engagement relationnel, l’indépendance professionnelle et le respect de l’intimité du patient.
Nous défendons pour tous les professionnels de la psychiatrie un enseignement qui repose notamment sur la psychopathologie et nécessite la réintroduction de formations spécifiques ancrées sur la clinique. Une rupture nette du cadre hospitalo - universitaire sous l’emprise des laboratoires pharmaceutiques doit être effective.
Nous nous battons déjà quotidiennement là où nous travaillons pour une autre pratique du soin et de l’hospitalité pour les patients et leurs familles. Nous le faisons malgré toutes les difficultés que nous rencontrons sur le terrain. Lesrésistances internes aux collectifs de soins ont toujours nécessité un travaild’analyse permanent ouvrant une possibilité concrète d’agir sur l’organisation du travail. Or ces résistances se trouvent considérablement aggravées par l’organisation bureaucratique actuelle de la Psychiatrie.
Nous sommes dans l’urgente nécessité de refonder la psychiatrie avec les principaux concernés: soignants de tous métiers et travailleurs sociaux, patients et usagers, familles et tous ceux, intellectuels et artistes qui soutiennent notre mouvement.
Nous affirmons que cette perspective est essentielle pour que la psychiatrie ne bascule pas dans la barbarie où rejeter et punir feraient disparaître les pratiques accueillantes de soins désaliénistes.
Nous demanderons solennellement aux politiques lors de ce meeting du 17 mars 2012 à "La maison de l'Arbre" à Montreuil sous Bois 93, de s’engager dans ce mouvement de refondation et d’abroger
- la Loi du 5 juillet 2011, et toutes les lois organisant depuis des années la bureaucratisation de la gouvernance hospitalière.
- La loi du 25 février 2008 sur la rétention de sûreté
Contacts presse:
Yves Gigou: 06 60 48 98 84 - yglns39@orange.fr