Témoignage chrétien
Santé
Psychiatrie sécuritaire
par Agnès Noël
Le projet de loi sur la psychiatrie de Roselyne Bachelot est contesté par de nombreux praticiens, notamment parce qu'il néglige le soin et transforme le médecin en policier.
Roselyne Bachelot a présenté le 5 mai en conseil des ministre son projet de loi sur la psychiatrie, qui devrait être examiné au Parlement cet automne.
Le texte avait été souhaité par Nicolas Sarkozy en novembre 2008, au lendemain de la mort à Grenoble d'un étudiant tué par un patient échappé de l'hôpital psychiatrique. Sa grande nouveauté est de substituer à la notion d'hospitalisation celle de soins, ce qui inclue la possibilité de soins en ambulatoire, à savoir à l'extérieur de l'hôpital. La mesure,qui concernerait 70 000 patients par an, n'est pas sans susciter l'inquiétude des psychiatres.
Certificats
Actuellement, il existe deux possibilités d'hospitalisations sous contrainte: l'hospitalisation à la demande d'un tiers, et l'hospitalisation d'office, à la demande de l'autorité publique. Avec cette loi, l'hospitalisation à la demande d'un tiers sera simplifiée: il ne faudra plus deux certificats pour interner quelqu'un, mais un.
Et surtout, les soins pourront avoir lieu aussi en ambulatoire, chez les psychiatres de ville. L'entrée dans le soin se ferait toujours en hospitalisation complète, « avec un premier temps d'observation et de soins, d'une durée maximum de 72 heures, comportant trois certificats médicaux », selon Roselyne Bachelot (Libération, 5 mai).
Ensuite, le patient serait “orienté” vers une hospitalisation partielle ou en soins ambulatoires. Dans ce dernier cas, les patients seraient pris en charge par des praticiens sous la responsabilité du médecin de l'hôpital qui suit le patient.
Elie Winter, psychiatre, membre du Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, n'est pas favorable à ce dispositif : « La nouvelle loi n’apporte rien au problème des patients qui ont vraiment besoin de soins, et pour lesquels il y a de moins en moins de moyens. En revanche, elle ajoutera des contraintes pour beaucoup d’autres patients qui ne présentent pas vraiment de danger et qui seront plus facilement hospitalisés. L’obligation de soins se limitera souvent à des traitements sous médicament. »
Police
Selon le projet de loi, si le malade ne se rend pas aux consultations, « le médecin peut le relancer mais aussi prévenir le directeur. Celui-ci pourra prendre toutes les mesures utiles pour remettre le patient dans la chaine de soins, y compris faire appel aux forces de police ».
Elie Winter pointe les dérives que cela peut occasionner: « Si je joue le rôle de police sanitaire, qui surveille mon patient et appelle la police s'il ne vient pas, cela va forcément changer la nature de ma relation avec lui! »
Enfin, globalement, sortir serait plus compliqué pour les patients : les sorties d'essai qui existaient auparavant vont disparaitre (excepté celles de 12 heures), pour être remplacées par le système ambulatoire. Quand aux sorties après une hospitalisation d'office, elles devront désormais être validées par un collège de soignants (deux psychiatres et un cadre infirmier), qui donnera son aval au préfet, à qui appartiendra la décision finale. Or les préfets, estime Elie Winter, « subissent de plus en plus de pression. Ils reçoivent des directives du ministère, allant toujours dans un sens sécuritaire, et moins dans le sens des libertés.»
Le Collectif des 39 rappelle également que « les personnes dites « malades mentales » ne sont pas plus dangereuses que le reste de la population. Au contraire, selon des études, elles sont 11 fois plus souvent victimes de crimes et 140 fois plus souvent victimes de vols. »
Caméra cachée à l'hôpital
Le 18 mai, l'émission controversée en caméra cachée, “Les Infiltrés”, sur France 2, sera consacrée à l'hôpital psychiatrique. Le reportage, tourné dans un hôpital d'Ile de France, montre un service où, faute de moyens et quelquefois de motivation, les malades sont souvent livrés à eux-mêmes, bourrés de médicaments et tenus enfermés. Le reportage sera suivi d'un débat.
Les infiltrés, mardi 18 mai, France 2, 22h15
12 mai 2010
Psychiatrie sécuritaire
par Agnès Noël
Le projet de loi sur la psychiatrie de Roselyne Bachelot est contesté par de nombreux praticiens, notamment parce qu'il néglige le soin et transforme le médecin en policier.
Roselyne Bachelot a présenté le 5 mai en conseil des ministre son projet de loi sur la psychiatrie, qui devrait être examiné au Parlement cet automne.
Le texte avait été souhaité par Nicolas Sarkozy en novembre 2008, au lendemain de la mort à Grenoble d'un étudiant tué par un patient échappé de l'hôpital psychiatrique. Sa grande nouveauté est de substituer à la notion d'hospitalisation celle de soins, ce qui inclue la possibilité de soins en ambulatoire, à savoir à l'extérieur de l'hôpital. La mesure,qui concernerait 70 000 patients par an, n'est pas sans susciter l'inquiétude des psychiatres.
Certificats
Actuellement, il existe deux possibilités d'hospitalisations sous contrainte: l'hospitalisation à la demande d'un tiers, et l'hospitalisation d'office, à la demande de l'autorité publique. Avec cette loi, l'hospitalisation à la demande d'un tiers sera simplifiée: il ne faudra plus deux certificats pour interner quelqu'un, mais un.
Et surtout, les soins pourront avoir lieu aussi en ambulatoire, chez les psychiatres de ville. L'entrée dans le soin se ferait toujours en hospitalisation complète, « avec un premier temps d'observation et de soins, d'une durée maximum de 72 heures, comportant trois certificats médicaux », selon Roselyne Bachelot (Libération, 5 mai).
Ensuite, le patient serait “orienté” vers une hospitalisation partielle ou en soins ambulatoires. Dans ce dernier cas, les patients seraient pris en charge par des praticiens sous la responsabilité du médecin de l'hôpital qui suit le patient.
Elie Winter, psychiatre, membre du Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, n'est pas favorable à ce dispositif : « La nouvelle loi n’apporte rien au problème des patients qui ont vraiment besoin de soins, et pour lesquels il y a de moins en moins de moyens. En revanche, elle ajoutera des contraintes pour beaucoup d’autres patients qui ne présentent pas vraiment de danger et qui seront plus facilement hospitalisés. L’obligation de soins se limitera souvent à des traitements sous médicament. »
Police
Selon le projet de loi, si le malade ne se rend pas aux consultations, « le médecin peut le relancer mais aussi prévenir le directeur. Celui-ci pourra prendre toutes les mesures utiles pour remettre le patient dans la chaine de soins, y compris faire appel aux forces de police ».
Elie Winter pointe les dérives que cela peut occasionner: « Si je joue le rôle de police sanitaire, qui surveille mon patient et appelle la police s'il ne vient pas, cela va forcément changer la nature de ma relation avec lui! »
Enfin, globalement, sortir serait plus compliqué pour les patients : les sorties d'essai qui existaient auparavant vont disparaitre (excepté celles de 12 heures), pour être remplacées par le système ambulatoire. Quand aux sorties après une hospitalisation d'office, elles devront désormais être validées par un collège de soignants (deux psychiatres et un cadre infirmier), qui donnera son aval au préfet, à qui appartiendra la décision finale. Or les préfets, estime Elie Winter, « subissent de plus en plus de pression. Ils reçoivent des directives du ministère, allant toujours dans un sens sécuritaire, et moins dans le sens des libertés.»
Le Collectif des 39 rappelle également que « les personnes dites « malades mentales » ne sont pas plus dangereuses que le reste de la population. Au contraire, selon des études, elles sont 11 fois plus souvent victimes de crimes et 140 fois plus souvent victimes de vols. »
Caméra cachée à l'hôpital
Le 18 mai, l'émission controversée en caméra cachée, “Les Infiltrés”, sur France 2, sera consacrée à l'hôpital psychiatrique. Le reportage, tourné dans un hôpital d'Ile de France, montre un service où, faute de moyens et quelquefois de motivation, les malades sont souvent livrés à eux-mêmes, bourrés de médicaments et tenus enfermés. Le reportage sera suivi d'un débat.
Les infiltrés, mardi 18 mai, France 2, 22h15
12 mai 2010
Débat houleux sur la vidéosurveillance
11 mai 2010
Par : C.Dubois
Au terme d’un vif débat entre majorité et opposition, l’installation de nouvelles caméras de vidéosurveillance à Nogent sur Marne a été actée au conseil municipal d’hier soir. Concrètement, 36 nouvelles caméras complèteront début 2011 les 43 déjà existantes (actuellement dans les parkings et au port). Elles seront placées autour des écoles, gares, lieux à forte densité de commerce ou encore jardin public ou stade. Le conseil municipal a également voté une demande de subvention pour couvrir une partie de ces 600 0000 € d’investissement.
Quelles précautions éthiques et comment mesurer les résultats ?
Du côté du groupe Nogent avec vous (divers droite), Michel Gilles a regretté que le dossier ait été déjà complètement ficelé pour être présenté en commission départementale sans qu’il y ait eu auparavant d’échanges approfondis sur les objectifs, les moyens de les mesurer et l’encadrement éthique du dispositif. «Nous réclamons en vain depuis février des précisions sur la charte et le comité d’éthique ainsi que l’élaboration d’un tableau de bord avec des objectifs précis pour s’assurer que les malveillances ne seront pas simplement reportées d’un quartier vers un autre. Nous n’avons même pas eu connaissance de la carte de la criminalité, ce qui objectiverait le débat.»
Qui surveille les caméras de surveillance ?
De son côté, William Geib (Parti socialiste) a pointé l’impossibilité humaine de surveiller tous les écrans. «Il va y avoir 79 caméras alors qu’une personne ne peut surveiller que 4 écrans en même temps donc ce dispositif ne protégera personne ! C’est du vidéomaquillage !»
Vidéo-protection : la vidéosurveillance de nouvelle génération
«La vidéo-protection est un péché pour vous, un outil pour nous même si ce n’est pas la panacée, a rétorqué le maire, Jacques JP Martin. Le projet a été étudié par un bureau d’étude dont vous avez eu connaissance des conclusions. La carte de la criminalité n’apporterait rien de plus, je ne vais pas vous donner toutes les adresses où ont été commises des délits. Il n’est pas question de mettre en débat les emplacements de chaque caméra. Elles seront essentiellement installées aux abords des écoles, gares et autres espaces publics. Concernant la veille simultanée de plusieurs écrans, elle est permise par la nouvelle génération de matériel capable de détecter les événements et les signaler, c’est toute la différence entre la vidéosurveillance (ancien dispositif) et la vidéoprotection. Quant au déplacement des problèmes d’un quartier à un autre, à chaque ville de prendre ses responsabilités. Le Perreux sur Marne et Joinville le Pont sont déjà engagés dans un processus de vidéoprotection.» L’élu a également précisé qu’il y aurait un comité d’éthique lors du suivi du projet.
Vote
Après quelques échanges et digressions (à écouter directement à partir du fichier MP3, entre les minutes 36:05 et 58:06 ), le projet a été voté. Ont voté contre : William Geib et Michel Mastrojanni pour le PS. N’ont pas pris part au vote : Michel Gilles, Marie-Anne Montchamp (par procuration) et Michel Devynck pour le groupe Nogent avec vous.
2 votes contre, 3 élus ne prennent pas part au vote
Quelques précisions sur les conditions d’installation d’un dispositif de vidéosurveillance sur la voie publique : le public doit être informé des différents lieux faisant l’objet de vidéosurveillance. La présence de pancartes sur lesquelles est représentée une caméra est obligatoire en cas d’utilisation d’un système fixe de vidéosurveillance de la voie publique. Le délai de conservation des images est de 1 mois, sauf procédure judiciaire en cours et toute personne peut demander accès aux enregistrements la concernant. Pour en savoir plus, voir la page dédiée à la vidéosurveillance dans les lieux publics sur le site officiel de l’administration française.
Voir aussi les précédents billets sur ce sujet.
11 mai 2010
Par : C.Dubois
Au terme d’un vif débat entre majorité et opposition, l’installation de nouvelles caméras de vidéosurveillance à Nogent sur Marne a été actée au conseil municipal d’hier soir. Concrètement, 36 nouvelles caméras complèteront début 2011 les 43 déjà existantes (actuellement dans les parkings et au port). Elles seront placées autour des écoles, gares, lieux à forte densité de commerce ou encore jardin public ou stade. Le conseil municipal a également voté une demande de subvention pour couvrir une partie de ces 600 0000 € d’investissement.
Quelles précautions éthiques et comment mesurer les résultats ?
Du côté du groupe Nogent avec vous (divers droite), Michel Gilles a regretté que le dossier ait été déjà complètement ficelé pour être présenté en commission départementale sans qu’il y ait eu auparavant d’échanges approfondis sur les objectifs, les moyens de les mesurer et l’encadrement éthique du dispositif. «Nous réclamons en vain depuis février des précisions sur la charte et le comité d’éthique ainsi que l’élaboration d’un tableau de bord avec des objectifs précis pour s’assurer que les malveillances ne seront pas simplement reportées d’un quartier vers un autre. Nous n’avons même pas eu connaissance de la carte de la criminalité, ce qui objectiverait le débat.»
Qui surveille les caméras de surveillance ?
De son côté, William Geib (Parti socialiste) a pointé l’impossibilité humaine de surveiller tous les écrans. «Il va y avoir 79 caméras alors qu’une personne ne peut surveiller que 4 écrans en même temps donc ce dispositif ne protégera personne ! C’est du vidéomaquillage !»
Vidéo-protection : la vidéosurveillance de nouvelle génération
«La vidéo-protection est un péché pour vous, un outil pour nous même si ce n’est pas la panacée, a rétorqué le maire, Jacques JP Martin. Le projet a été étudié par un bureau d’étude dont vous avez eu connaissance des conclusions. La carte de la criminalité n’apporterait rien de plus, je ne vais pas vous donner toutes les adresses où ont été commises des délits. Il n’est pas question de mettre en débat les emplacements de chaque caméra. Elles seront essentiellement installées aux abords des écoles, gares et autres espaces publics. Concernant la veille simultanée de plusieurs écrans, elle est permise par la nouvelle génération de matériel capable de détecter les événements et les signaler, c’est toute la différence entre la vidéosurveillance (ancien dispositif) et la vidéoprotection. Quant au déplacement des problèmes d’un quartier à un autre, à chaque ville de prendre ses responsabilités. Le Perreux sur Marne et Joinville le Pont sont déjà engagés dans un processus de vidéoprotection.» L’élu a également précisé qu’il y aurait un comité d’éthique lors du suivi du projet.
Vote
Après quelques échanges et digressions (à écouter directement à partir du fichier MP3, entre les minutes 36:05 et 58:06 ), le projet a été voté. Ont voté contre : William Geib et Michel Mastrojanni pour le PS. N’ont pas pris part au vote : Michel Gilles, Marie-Anne Montchamp (par procuration) et Michel Devynck pour le groupe Nogent avec vous.
2 votes contre, 3 élus ne prennent pas part au vote
Quelques précisions sur les conditions d’installation d’un dispositif de vidéosurveillance sur la voie publique : le public doit être informé des différents lieux faisant l’objet de vidéosurveillance. La présence de pancartes sur lesquelles est représentée une caméra est obligatoire en cas d’utilisation d’un système fixe de vidéosurveillance de la voie publique. Le délai de conservation des images est de 1 mois, sauf procédure judiciaire en cours et toute personne peut demander accès aux enregistrements la concernant. Pour en savoir plus, voir la page dédiée à la vidéosurveillance dans les lieux publics sur le site officiel de l’administration française.
Voir aussi les précédents billets sur ce sujet.